De la gare de Chaville–Rive Gauche (ligne N) à celle de Sceaux (RER B). Itinéraire de 17 km (sentiers en terre ou gravillonnés : 80 % / trottoirs : 20 %) – 6 heures de marche. Parcours le long du sentier de grande randonnée de pays (GRP) de la Ceinture verte d’Île-de-France balisé par la Fédération française de la randonnée pédestre. Cet itinéraire s’inscrit dans le cadre du Randopolitain, un cycle de 100 randos programmées jusqu’aux JO de Paris 2024 en partenariat avec Transilien et la Fédération française de la randonnée pédestre en Île-de-France.
Dès la sortie de la gare de Chaville–Rive gauche (Hauts-de-Seine), on entre en forêt. Quel privilège ! Châtaigniers, chênes, allées sablonneuses, étangs… En plus d’être un gigantesque poumon vert de 1 000 hectares, la forêt de Meudon est un château d’eau naturel. Le parcours débute par une petite ascension depuis l’étang d’Ursine et une belle déambulation le long d’une allée cavalière offrant une vue panoramique. Bien qu’encerclée par la ville, la forêt de Meudon est un havre de paix, et sur de longues séquences rien ne trouble la quiétude des allées forestières.
Après avoir enjambé sur une passerelle piétonne une route nationale qui zèbre la forêt, on atteint les fameux étangs de Meudon où, dès qu’il fait beau, se rejouent des scènes que les peintres impressionnistes ont rendues iconiques : le déjeuner sur l’herbe et la partie de pêche. Un peu plus loin se dresse le magnifique Hangar Y, ancien hangar à dirigeables devenu lieu d’exposition.
Patchwork urbain et nappe verte
S’ensuit l’ascension du « tapis vert » de la forêt de Meudon qui offre une vue unique une fois tout en haut. Le parcours devient alors urbain pour un temps avec la traversée du plateau de Clamart (Hauts-de-Seine) où l’on contourne la ville de Meudon-la-Forêt (Hauts-de-Seine) créée par l’architecte Fernand Pouillon pour loger les rapatriés d’Algérie, avant de traverser l’étonnant quartier pastiche du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine). On y découvre des immeubles qui évoquent aussi bien le style haussmannien que l’architecture anglo-normande et victorienne et que longent des rigoles qui, elles, sont d’inspiration vénitienne (où il est même autorisé de pêcher !) Avec ce patchwork urbain, le dépaysement est complet !
Cet interlude en ville terminé, on rejoint le parc Heller où l’on a une belle surprise au détour d’un sentier : à vos pieds se déploie la vallée de la Bièvre, avec les domaines de la Vallée-aux-Loups et de Sceaux, qui forment une belle nappe verte. À l’horizon : le ballet silencieux des avions qui tournent autour d’Orly (Val-de-Marne), les grues de Massy-Palaiseau (Essonne) et les grands ensembles de Grigny (Essonne), la forêt de Sénart (Essonne) et celle de Verrières-le-Buisson (Essonne). Par beau temps, on aperçoit même, plein est, la forêt de Rougeau dans une boucle de la Seine vers Melun (Seine-et-Marne) ! Après la contemplation paysagère, on peut attaquer la troisième et dernière étape du parcours : la descente vers la Vallée-aux-Loups et le parc de Sceaux, un ensemble extraordinaire de parcs, d’arboretums, de jardins, bordés de-ci de-là de magnifiques maisons aux jardins arborés. Une traversée qui à elle seule mérite le détour.
Sur le chemin
La forêt de Meudon
Située sur la rive gauche de la Seine, la forêt domaniale de Meudon, gérée par l’ONF, présente un relief accidenté, tourmenté même parfois, avec quelques coteaux un peu raides… mais qui offrent aussi de belles perspectives. Autre caractéristique, la forêt qui se déploie sur plus de 1 100 hectares, est parsemée d’une kyrielle d’étangs qui font son charme et renforcent sa valeur environnementale. L’histoire a également marqué ses paysages : carrefours en étoile vestiges des chasses à courre, étangs, et aménagement d’une pelouse, le « tapis vert », dans la perspective du château de Meudon. Au XIXe siècle, des pratiques religieuses ont consacré certains arbres majestueux comme le chêne des Missions ou le chêne de la Vierge de Viroflay. Près de la fontaine Sainte-Marie subsistent des traces des guinguettes où les Parisiens venaient « s’amuser au vert ». La forêt de Meudon, comme toutes les forêts franciliennes, a vu son rôle social s’accroître de façon très importante depuis les années 60. L’urbanisation, le développement du temps libre et l’accroissement de la mobilité ont contribué à faire de ces forêts urbaines un « poumon vert » de l’agglomération parisienne, fréquentés par des millions de visiteurs. Depuis quelques années, l’ONF, s’appuyant sur les lois de préservation de la biodiversité – la forêt de Meudon est par exemple l’un des hauts lieux de reproduction des batraciens en Europe de l’Ouest –, a pu fermer un certain nombre de parkings et de routes automobiles pour améliorer la tranquillité de la faune et de la flore… et des randonneurs.
Le Hangar Y
À l’abandon depuis une quarantaine d’années, le Hangar Y a rouvert ses portes au public en mars dernier après trois ans de rénovation. Cet ancien hangar à dirigeables en forêt de Meudon propose désormais des expositions d’art contemporain, des événements culturels et scientifiques et abrite également un restaurant ainsi qu’un parc intégrant un parcours artistique et des jeux pour enfants. Avant cela, le Hangar Y avait déjà accueilli un musée : après la cessation des activités aéronautiques en 1921, le lieu fait office de musée de l’Air jusqu’en 1973, date à laquelle ce dernier est déplacé au Bourget (Seine-Saint-Denis). En 1964, il fut aussi l’atelier éphémère de Marc Chagall qui y a peint le plafond de l’opéra Garnier à Paris (9e). Depuis les années 80, le bâtiment a fait l’objet de plusieurs projets de rénovation avortés avant que ce domaine patrimonial – le Hangar Y et les neuf hectares autour du bâtiment dont le bassin imaginé par Le Nôtre – fasse l’objet en 2018 d’un accord entre l’État et des structures privées en vue d’une valorisation.
Le domaine de la Vallée-aux-Loups
C’est en 1807 que François-René de Chateaubriand et son épouse Céleste s’installent dans la maison du domaine de la Vallée-aux-Loups à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). La raison : l’écrivain doit quitter Paris à la suite d’un article dénonçant le despotisme de Napoléon. Une sanction qui permet finalement à Chateaubriand de transformer cette « humble » maison de jardinier en demeure d’écrivain au cachet romantique et d’écrire encore quelques belles pages de son histoire littéraire. Si la maison peut se visiter, on peut aussi continuer sa balade bucolique par l’arboretum, un lieu paradisiaque pour les amateurs d’arbres colorés et rares, comme ce cèdre bleu pleureur de l’Atlas, planté en 1895 et unique au monde. Impossible de le rater, ses branches se répandent joyeusement sur près de 700 m2 ! Si vos pieds vous portent encore un peu, vous pouvez pousser la balade jusqu’à l’île verte, jardin savamment sauvage, avec son petit plan d’eau et son potager ancien où le conseil départemental des Hauts-de-Seine dispense des cours de maraîchage. Enfin, avis aux parents qui n’auraient pas encore réussi à fatiguer leurs enfants : le jardin de l’Aigle blanc est désormais ouvert au public et possède une super aire de jeux toute neuve et très classe avec ses modules en bois clair. Pour la petite histoire, c’est là que se dressait le château d’Aulnay, aujourd’hui disparu (il fut détruit dans les années 1970). Y vécut le comte Alexandre Colonna Walewski, le fils illégitime de l’empereur Napoléon Ier et de Marie Walewska, puis sa descendance. Châtenay-Malabry, ou comment passer d’un Roi-Soleil mal abrité à un fils d’empereur illégitime sacrément bien logé.
Infos pratiques : Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups, 87, rue de Chateaubriand, Châtenay-Malabry (92). Entrée libre. Horaires variables selon les saisons. Accès : gare de Robinson (RER B) puis bus 194, arrêt Marc Sangnier ou Lycée de Châtenay-Malabry. Plus d’infos sur vallée-aux-loups.hauts-de-seine.fr
Le domaine de Sceaux
3 novembre 2023 - Chaville