Jusqu’à présent, j’avais une notion approximative du périmètre de Vitry (Val-de-Marne). Je vais découvrir que la ville s’avère bien plus étendue qu’il n’y paraît. Alors que nous quittons la zone industrielle des Ardoines, nous voyons apparaître une langue d’asphalte digne des rues de San Francisco. Ça grimpe franchement. Autour de nous, les chantiers fleurissent et les immeubles poussent en générations spontanées. La circulation s’en trouve détraquée, entravée, déroutée. Des plots en béton rouges et blancs redéfinissent la logique des flux, ce qui ne semble pas perturber trois solides gaillards qui savourent tranquillement leur café turc dans la pollution des gaz d’échappement, en tapant la tchatche sur une terrasse de troquet improvisée. À force de monter, je finis par me retourner pour découvrir, surpris, un panorama d’exception. Avec ce ciel clair et dégagé, la vue est imprenable.
Soudain changement de décor. Mes camarades bifurquent à angle droit sur une petite route défoncée qui se transforme rapidement en chemin de terre exploité par une coopérative agricole. Il y a quelques minutes seulement j’étais au milieu d’un dépôt de carburant et me voici en train de traverser une large clairière qui finit en culture maraîchère. Une petite porte dérobée dans la végétation nous fait à présent basculer dans le parc des Lilas. Nous sommes au sommet des coteaux de Vitry, sur une ancienne carrière de plâtre. Elle surplombe un paysage de cités calmes qui ressemble à la banlieue couleur Doisneau. La descente se fait tranquillement, à pas lents et retenus. Les célèbres pochoirs de C215, qui alimentent la réputation street art de la ville, font leur apparition sur les boîtes aux lettres jaunes de La Poste. Le Grand Paris Express reprend à son tour possession de la rue et ses immenses citernes rouges semblent vouloir rivaliser avec l’installation de Dubuffet qui signale la présence du MAC VAL, premier musée d’art contemporain en banlieue.
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Aqueduc triomphant et rivière engloutie
Nous traçons en direction de Villejuif (Val-de-Marne), un peu perdus à force de jongler entre les cartes et les noms de rues. Un lotissement, deux lotissements et tout à coup c’est à nouveau la campagne en pleine ville. Une grande caravane blanche, posée au milieu d’un terrain rempli d’herbe folles et de marguerites semble me faire de l’œil. Villejuif : nouveau chantier de gare, nouvelle forêt de grues. Nous quittons le noyau du village historique en passant entre les étals des commerces d’une petite halle couverte. Plus loin, la sérénité d’un grand cimetière est mise à mal par une extension de chantier mais ce n’est rien à côté du trou béant, aussi large qu’une mine à ciel ouvert, que les ouvriers de la future gare du métro viennent creuser à proximité de l’hôpital Gustave Roussy. Le chantier a carrément croqué un bout de parc dont nous décidons la traversée en file indienne jusqu’à l’autoroute A6, sous laquelle nous glissons pour atteindre Cachan. Un petit quartier pavillonnaire, joliment construit en pierres meulières, nous raconte une banlieue sans histoire, avec ses sorties d’écoles et ses petites boulangeries.
Nous cheminons en direction de la Bièvre, rivière enfouie depuis le siècle dernier, et de l’aqueduc Médicis qui surplombe et traverse la vallée. La ville moderne a repris ses droits. Bus et voitures forment un ballet désordonné autour de l’hôtel de ville en rénovation et les piétons tentent prudemment de nouveaux couloirs de circulation. La gare d’Arcueil-Cachan, dernière étape de la journée est à portée de vue. Je reste toujours aussi impressionné de voir à quel point les nombreux chantiers du Grand Paris Express remodèlent le visage de la banlieue. Ces territoires sont en pleine transformation et les engins mécaniques qui creusent le sol s’apprêtent à faire surgir un nouveau chapitre de leur histoire.
1ère étape : Entre les boucles de la Marne, de Noisy-Champs à Saint-Maur
2e étape : Rétrofutur et futur du Grand Paris, de Créteil à Vitry
4e étape : Seine de fin, d’Arcueil-Cachan à Boulogne
Les liens pour les inscriptions de septembre vous attendent un peu plus bas.
Calendrier des balades de septembre :
Samedi 1er septembre : Entrée en Seine, de Boulogne à Arcueil. Inscription gratuite sur Eventbrite
Samedi 8 septembre : Le Royaume de l’inattendu, d’Arcueil-Cachan à Vitry. Inscription gratuite sur Eventbrite
Samedi 15 septembre : Rétrofutur et futur du Grand Paris, de Vitry à Créteil. Inscription gratuite sur Eventbrite
Samedi 22 septembre : Entre les boucles de la Marne, de Saint-Maur à Noisy-Champs. Inscription gratuite sur Eventbrite
8 juillet 2018 - Arcueil