Yerres : A20 minutes de Paris en train, la demeure familiale du peintre Caillebotte (91) offre une plongée dans la Belle Époque.
Devant la propriété Caillebotte, grande maison blanche portant le nom de “Casin” – un dérivé du mot “casino”- les paroles du tube de Nino Ferrer surgissent spontanément : « C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane, à l’Italie…” . D’abord parce que la fière bâtisse à colonnades serait inspirée de palais italiens de la Renaissance. Mais aussi parce qu’elle évoque furieusement le Sud des Etats-Unis. Et qu’à défaut d’une descente du Mississipi, elle se prête à la remontée du temps jusque dans les dernières décennies du XIXe siècle, dans le quotidien très agréable d’une famille fortunée.
Industriel enrichi dans le commerce du drap, le père du peintre impressionniste Gustave Caillebotte a flanché à la fin du XIXe siècle pour cette belle demeure patricienne, située à Yerres (91). Sa famille y passera ensuite plusieurs étés très doux, loin du chaos urbain de Paris en pleine transformation haussmannienne. Loin à l’époque, mais aujourd’hui à seulement 20 minutes en RER du centre de la capitale !
Vis ma vie de rentier
Les Caillebotte ne travaillent pas. Pas besoin… Ils pratiquent donc le farniente, les femmes brodant dans le jardin, les hommes canotant sur l’Yerres, la rivière qui traverse le grand parc à l’anglaise. De 1875 à 1879, Gustave y peint des toiles parmi ses plus célèbres comme « Les périssoires » (1877). L’artiste et mécène des impressionniste se pique aussi d’horticulture « scientifique » et fait cultiver un jardin potager au cordeau. D’accord pour les impressions en peinture, mais pas question de ‘ »flou’’ en matière de plantations.
Aujourd’hui encore, l’on peut admirer les rangées impeccables de salades (cultivées par une association de jardiniers amateur), ou découvrir la « ferme ornée » devenue un lieu d’exposition temporaire. C’est le petit côté Marie-Antoinette des Caillebotte : cette fausse ferme en briques rouge avait en effet une fonction récréative, abritant quelques animaux de basse-cour, un cheval, des animaux d’agrément (etc.). Devant la ferme, un « châlet » suisse kitsch à souhait, en bois sombre. Dans le parc, de petits bâtiments décoratifs et fantaisistes, les « fabriques », ont été érigées : un mini kiosque orné de faux bambous, une glacière (une cave voutée creusée dans la terre et dont la fraîcheur permettait de garder de la glace) un banc couvert d’inspiration japonisante, une petite cabane à outils à l’allure de chaumière…
A la belle saison, les flâneurs peuvent rêver dans ce décor insolite. Ou imiter Gustave et Martial, les deux frères Caillebotte, en louant des barques et en se livrant à des courses toutes rames en avant sur l’Yerres. Que les chatouilleux du style se rassurent : le port du canotier n’est pas exigé !
17 juillet 2014 - Yerres