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Vincent Migrenne, le photographe qui prêche pour La Chapelle

La halle Pajol dans le quartier de La Chapelle / © Vincent Migrenne
La halle Pajol dans le quartier de La Chapelle à Paris (18e) / © Vincent Migrenne

Photographe du Guide des Grands Parisiens, sorti le 7 juin dernier et publié par Enlarge your Paris et les Magasins généraux, Vincent Migrenne habite depuis longtemps le quartier La Chapelle à Paris, à la réputation sulfureuse. Alors qu'une sélection de ses clichés tirés du guide est exposée dans le métro jusqu'au 30 septembre, il nous partage sa tendresse et ses meilleures adresses dans cet autre 18e, loin de l'ambiance de Montmartre.

Le Guide des Grands Parisiens, par Enlarge your Paris et les Magasins généraux. 224 pages. 20 €. Depuis le 7 juin en librairie et à la vente en ligne. Plus d’infos sur guidedesgrandsparisiens.fr

Quelle est l’histoire de La Chapelle ?

Vincent Migrenne : À l’origine, La Chapelle (18e) était un village situé en dehors de Paris. Jusqu’aux années 2000, le quartier était rempli d’entrepôts ferroviaires. Puis la SNCF s’en est progressivement débarrassée. En raison des violences et des trafics de drogue, le quartier a longtemps été victime d’une sale réputation. Mais cela ne m’empêche pas d’aimer la Chapelle pour son côté populaire, sa mixité.

Quels sont les incontournables du quartier ?

Deux lieux de vie se distinguent selon moi. Le marché de l’Olive d’une part qui est un marché couvert typiquement parisien avec ses montants en métal et ses briques. L’ambiance y est géniale. Et puis il y a la Halle Pajol. Cet ancien entrepôt SNCF abrite aujourd’hui l’auberge de jeunesse Yves-Robert, des restaurants, des bars, un lieu d’expo… Tous les soirs d’été, on peut y voir des enfants à trottinette pendant que les parents discutent et boivent un verre. Une sorte de place de village !

La  Chapelle a connu d’importants travaux avec notamment la construction de l’Adidas Arena. Quel impact ces changements ont-ils eu sur le quartier ?

Ces changements se ressentent surtout sur le boulevard de la Chapelle avec davantage d’arbres et de végétation, des allées élargies pour les piétons… Cela modifie l’atmosphère mais le quartier a su garder son âme. Il reste cosmopolite et populaire. Il y a le temple Ganesh, qui organise une grande fête hindoue l’été, ainsi que le microquartier de Little Soudan, avec beaucoup d’artistes et de jeunes branchés venus de partout dans le monde. La Chapelle est l’un des rares quartiers parisiens où il est encore possible de se loger sans être millionnaire ! Le quartier s’est évidemment gentrifié, mais je parlerais de gentrification réussie. Les écoles et les collèges sont classés REP (réseaux d’éducation prioritaire) et le pouvoir d’achat y est l’un des plus bas de Paris. Pourtant, ce que je vois, ce sont surtout des enseignants hyper dévoués et une mixité sociale hyper positive. Le côté sombre du quartier, avec ses camés, sa violence, a tendance à disparaître. Mais je vous rassure : on n’est pas encore dans l’ambiance du jardin du Luxembourg (6e) !

La rue Philippe de Girard à La Chapelle / © Vincent Migrenne
La rue Philippe de Girard à La Chapelle / © Vincent Migrenne

Les bonnes adresses de Vincent Migrenne à La Chapelle :

Le Bob’s Bake Shop, entre diner à l’américaine et auberge espagnole

« C’est un Australien qui a monté ce de diner populaire avec bagels, brunchs et pâtisseries où se mélangent les gens de passage, les locaux et surtout pas mal de bobos du quartier dont je fais partie ! On y croise beaucoup d’Américains et quelques branchés du monde entier qui sont à l’auberge de jeunesse juste à côté. »

Infos pratiques : Bob’s bake shop, 12, esplanade Nathalie-Sarraute, Paris (18e). Ouvert tous les jours de 8 h à 14 h 30 et du lundi au vendredi de 18 h à 22 h. Tél. : 09 84 46 25 26. Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12). Plus d’infos sur bob’sjuicebar.com

Le Mam’Ayoka, la cantine d’été cachée

« Il faut descendre au niveau –1 de la Halle Pajol dans l’auberge de jeunesse Yves-Robert. Ensuite, le bon plan, c’est de manger dehors car cette cantine toute simple donne sur le parc Rosa-Luxembourg.  La bande-son est composée par les chants des oiseaux. C’est un shoot de sérénité et de calme absolu. En plus d’être super bon, ce restaurant est écoresponsable, solidaire et LGBT friendly. »

Infos pratiques : Mam’Ayoka, Halle Pajol, 20, esplanade Nathalie-Sarraute, Paris (18e). Ouvert du lundi au samedi de 12 h à 14 h et de 19 h à 21 h. Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12). Plus d’infos sur mamayoka.fr

La piscine Hébert, dos crawlé avec vue

« Bien planquée, la piscine Hébert offre un peu plus que des longueurs. J’adore aller y nager lorsqu’il fait beau car cette piscine municipale possède des baies vitrées et surtout un toit rétractable. On peut donc y nager le dos crawlé en regardant passer aussi bien les avions que les oiseaux. »

Infos pratiques : Piscine Hébert, 2, rue des fillettes, Paris (18e). Ouverte tous les jours. Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12). Plus d’infos sur paris.fr

Chez Foucher, grandes tablées et hauts plafonds

« Ouvert dans un nouvel immeuble, ce restaurant aéré avec ses plafonds très hauts et ses grandes tablées donne tout de suite envie de s’installer. Pour une dizaine d’euros, on peut y manger un plat du jour cuisiné maison, des produits en circuit court et toujours une proposition végétarienne. Chez Foucher est devenu ma cantine au fil du temps car c’est un vrai lieu de partage où tout le monde s’attable avec tout le monde. »

Infos pratiques : Chez Foucher, 60-62, rue Philippe de Girard, Paris (18e). Ouvert du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h 30. Tél. : 06 63 63 66 71. Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12). Plus d’infos sur chezfoucherparis.com

Le pont Riquet, comme un air de Berlin

Le pont Riquet, dit aussi le « pont bleu », sert de passerelle entre le 18e et le 19e arrondissement, d’où on peut apercevoir de loin les célèbres « Orgues de Flandre ». Il traverse les voies de chemin de fer de la gare de l’Est. Je l’aime pour son côté industriel, loin des canons haussmanniens. Il me fait penser à certains paysages berlinois, un peu de bric et de broc et en même temps devenus très tendance. Les photographes de mode viennent souvent là pour les shootings de marques bien branchouilles. Pas loin, on peut pousser jusqu’au Centquatre, un autre lieu de vie où se mêlent artistes et gens de passage. Mais attention, ce n’est plus dans le 18e !

Infos pratiques : pont Riquet, rue Riquet, Paris (18e). Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12)

Le pont Riquet / © Vincent Migrenne
Le pont Riquet / © Vincent Migrenne

La librairie Bande des cinés, paradis des chineurs

« La Chapelle est l’un des rares quartiers à conserver d’anciens commerces qui n’ont pas beaucoup bougé avec les années. C’est le cas de la librairie Bande des cinés. C’est une petite boutique pleine à craquer pour chineurs de BD. Si vous cherchez un vieux Rahan ou un journal BD épuisé, une affiche, un album dédicacé par un auteur disparu… C’est ici ! Même sans rien acheter, j’adore y flâner. »

Infos pratiques : Bande des cinés, 83, rue Pajol, Paris (18e). Ouvert du mercredi au samedi de 14 h à 19 h 30, et souvent le matin (appeler avant). Tél. : 01 53 26 99 34. Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12). Plus d’infos sur paris-bd.com

Le 12 rue des Roses, l’adresse sans nom

« Je crois que l’enseigne n’a même pas de nom. De l’extérieur, on peut apercevoir une sorte de désordre certainement très organisé en réalité. Ce lieu est incroyable et assez indescriptible, une sorte de dépôt-vente de vieux films et de matériel de projection. On peut y trouver un peu de tout en lien avec l’image et le son. Pas de 35 mm mais surtout du super 8 et du 16. Des piles de bobines de films aussi, partout. J’aime ces endroits qui sentent bon la poussière ! Cette boutique échappe au temps qui passe. Elle me fascine. »

Infos pratiques : 12, rue des Roses, Paris (18e). Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12). Plus d’infos sur actionbarbes.blogspirit.com

Miettes : vous n’allez pas en laisser une

« OK, les croissants n’y sont pas donnés mais ils valent la peine de mettre la main au portefeuille et de faire la queue. Préparez-vous à une longue file d’attente à certaines heures de la journée ! Les croissants de chez Miettes sont en tout cas une bonne raison de se lever tôt le dimanche matin. »

Infos pratiques : Boulangerie Miettes, 9, rue de l’Olive, Paris (18e). Ouvert du mardi au samedi de 8 h à 19 h 30 et le dimanche de 9 h à 14 h. Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12). Plus d’infos sur Instagram.

Fafa bouquinerie, un café et un roman SVP

« Fafa est un café littéraire, assez improbable et pourtant bien réel. Chez Fafa, on peut boire un café fraîchement moulu affalé dans un canapé tout en se servant dans la bibliothèque. On peut aussi juste « chiller » ou bien travailler. C’est accueillant, réconfortant. »

Infos pratiques : Fafa, bouquinerie café, 94, rue Philippe de Girard, Paris (18e). Tél. : 01 88 61 64 36. Accès : métro Marx Dormoy (ligne 12). Plus d’infos sur fafa-bouquinerie-cafe.com

Le parc Charbon, poumon vert

« Situé juste derrière la porte de La Chapelle, le parc Charbon – encore un ancien site ferroviaire – est devenu une sorte d’oasis urbaine où l’on croise la constellation des enfants du quartier. Il y a des jeux, un jardin partagé… Bref, c’est un petit poumon vert au milieu de pas mal de béton. »

Infos pratiques : parc Chapelle Charbon, rue du Pré, Paris (18e). Ouvert tous les jours. Accès : métro Porte de la Chapelle (ligne 12). Plus d’infos sur paris.fr

Le parc Charbon / © Vincent Migrenne
Le parc Charbon / © Vincent Migrenne
Le métro La Chapelle / © Vincent Migrenne
Le métro La Chapelle / © Vincent Migrenne
La fête de Ganesh à La Chapelle / © Vincent Migrenne
La fête de Ganesh à La Chapelle / © Vincent Migrenne
Le marché de l'Olive / © Vincent Migrenne
Le marché de l’Olive / © Vincent Migrenne
Le pont Riquet  / © Vincent Migrenne
Le pont Riquet / © Vincent Migrenne
La fête de Ganesh à La Chapelle / © Vincent Migrenne
La fête de Ganesh à La Chapelle / © Vincent Migrenne
Le jardin d'Eole / © Vincent Migrenne
Le jardin d’Eole / © Vincent Migrenne
Le parc Charbon / © Vincent Migrenne
Le parc Charbon / © Vincent Migrenne

Retrouvez les photos du Guide des Grands Parisiens réalisées par Vincent Migrenne jusqu’au 30 septembre dans 30 stations de la RATP. Plus d’infos sur Instagram ou sur vincentmigrenne.com

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