D’où vous est venue l’envie des créer une carte des environs de Paris consacrée au cyclotourisme et à la randonnée ?
Adrien Laplanche : Comme tout habitant de banlieue, lorsque j’ai commencé mes études supérieures, j’ai pris un abonnement au réseau de transports en commun. Mais, au bout d’un mois, j’ai abandonné le métro au profit du vélo, dans une volonté d’éviter les heures de pointe et surtout le paysage monotone éternellement répété du RER. Se déplacer à vélo relève d’une approche du territoire complètement différente. A la fin des années 1990, nous n’étions qu’une poignée à effectuer nos trajets quotidiens à vélo. N’oublions pas que, jusqu’en 1999, le vélo n’était même pas autorisé sur les voies de bus ! En 2008 sont nées les zones à 30 km/h qui ont permis aussi aux cyclistes d’y rouler à contresens. Je me suis alors rendu compte que les voies anciennes de Paris, par opposition au réseau des boulevards, constituaient un bon système de circulation, globalement assez protégées des voitures puisqu’on y roule moins vite. Ces tracés sont bien connus des historiens, des architectes, des urbanistes, et même des Parisiens. Mais ces voies sont ignorées des politiques publiques qui préfèrent développer les pistes cyclables sur les grands axes.
Il existe aujourd’hui de plus en plus d’aménagements cyclables. Quelle est l’utilité de votre carte ?
Le vélo, pour moi, reste synonyme de liberté ! Une liberté que l’on ne retrouve pas lorsqu’on roule à vélo sur la piste protégée du boulevard de Sébastopol, les uns derrière les autres. En réalité, il existe deux systèmes de circulation dans Paris, empilés l’un sur l’autre, et personne ne parle du second pour les mobilités douces, ces voies anciennes dont certaines traversent Paris quand d’autres font le tour de l’ancienne enceinte. Elles restent non seulement intéressantes pour circuler à vélo mais aussi dignes de nombreux intérêts patrimoniaux. Au départ, j’ai donc esquissé un petit plan dans mon coin, puis, en bon banlieusard, je me suis dit qu’on ne pouvait pas s’arrêter aux portes de Paris. J’ai alors agrandi le plan jusqu’à dresser une carte qui rayonne à près de 40 km autour de Paris, du parc naturel du Vexin (Val-d’Oise / Yvelines) à Rambouillet (Yvelines) en passant par Ermenonville (Oise), Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) et Verneuil-l’Étang (Seine-et-Marne).
Quelles sont les particularités de la carte que vous avez imaginée ?
Habituellement, les cartes gardent une lecture très « automobiliste » des territoires : on aperçoit d’abord les grands axes de circulation, puis le reste. Cette carte inverse le regard sur le territoire. On voit d’abord les itinéraires tranquilles : c’est une carte dictée par les mobilités douces. Elle prend en compte la topographie – c’est-à-dire le relief –, mais aussi les intérêts architecturaux anciens et récents. J’ai voulu brosser le portrait d’une région et de son patrimoine. Cette approche de la banlieue reste méconnue. À Paris, mais aussi dans toutes les villes et tous les villages, il existe un maillage de voies historiques très logiques qui vont directement vers les points d’intérêt. Utiliser ces voies reste une manière de s’intéresser réellement aux territoires que l’on traverse.
Prévoyez-vous de tenir la carte à jour ?
Oui, j’ai prévu des mises à jour de la carte et je mène également un projet d’application. Cela permettra d’enrichir la carte autour des points d’intérêts, de proposer des calculs d’itinéraires, mais aussi de prendre en compte la dimension communautaire. Parallèlement, j’organise depuis cette année des balades à vélo, en petits groupes, tous les dimanches matins (voir le calendrier des prochaines sorties dans les infos pratiques ci-après). Il peut s’agir soit d’une promenade urbaine, soit d’une balade à vélo de route, d’une virée « gravel » sur des chemins plus difficiles d’accès ou encore d’une échappée à VTT.
Votre projet porte-t-il en lui une dimension politique ?
Oui, car si le développement du vélo me réjouit profondément, il est dommage de construire tant de pistes cyclables sur des routes qui ont été pensées pour la connexion, le déplacement d’un point à un autre, sur des routes qui enferment le cycliste dans le pur déplacement. Faire du vélo permet avant tout de s’affranchir du réseau de circulation, de retrouver le territoire vivant qui passe par la prise de conscience aussi de notre patrimoine, de notre histoire.
Infos pratiques : la « Carte des environs de Paris, cyclotourisme et randonnée » est disponible sur odos.guide au tarif de 25 €. Prochaines balades du dimanche : le 19 février « Marne et Ourcq » (sortie gravel), infos et inscription gratuite sur Facebook ; le 26 février « Versailles et Fausses-Reposes » (sortie VTT), infos et inscription gratuite sur Facebook ; le 5 mars « La Défense et Saint-Cloud » (promenade urbaine), infos et inscription gratuite sur Facebook
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17 février 2023