J’ai testé : vivre un match de l’US Créteil au stade Duvauchelle

Le stade Duvauchelle à Créteil accueille les matchs de l'US Créteil-Lusitanos pensionnaire de Nationale 2 / © Rémi Belot pour Enlarge your Paris — Le stade Duvauchelle à Créteil accueille les matchs de l’US Créteil-Lusitanos, pensionnaire de National 2 / © Rémi Belot pour Enlarge your Paris

En préambule

Il arrive que le foot ne soit qu’un jeu. On peut même dire que, le plus souvent, le foot n’est qu’un jeu. Loin des frasques du sport business et du cynisme qui ont conduit à attribuer l’organisation de la Coupe du monde au Qatar, le foot est un jeu qui rassemble des milliers de joueurs et d’amateurs sur les terrains du Grand Paris chaque week-end. Sur les quelque 2 millions de licenciés de la Fédération française de foot, près de 300 000 appartiennent à la ligue Paris – Île-de-France qui possède 30 clubs de plus de 1 000 licenciés.

Le foot est un jeu, et le Grand Paris, une terre promise pour les joueurs. « C’est le plus grand vivier du monde, devant la région de São Paulo », confiait en 2018 à Eurosport Antonio Salamanca, recruteur qui a travaillé pour Liverpool, Tottenham et Villarreal. Sur les 23 joueurs présents dans l’équipe de France à la dernière Coupe du monde en Russie, huit venaient de banlieue à l’image de Kylian M’Bappé, Paul Pogba et N’golo Kanté. Le foot est un jeu que le journaliste d’Enlarge your Paris et collaborateur des Cahiers du football (média qui a lancé l’appel « La Coupe du monde n’aura pas lieu [pour moi] », NDLR) va nous raconter jusqu’à la finale de la compétition qatarie en allant humer les ambiances des stades, de Créteil à Saint-Ouen en passant par Colombes. Allez hop !

En différé du stade Duvauchelle à Créteil

« US, US, US Cré-teil ! »… Le refrain résonne dans les travées, poussé par les voix aiguës de la nuée de gamins qui ont garni la tribune d’honneur du stade Duvauchelle à Créteil (Val-de-Marne). Ils sont une bonne centaine, des plus petits jusqu’aux grands frères (et grandes sœurs !) à être venus encourager l’équipe locale, casquette bleue vissée sur le crâne. L’accessoire n’est pas inutile : en cette fin d’après-midi du premier jour d’octobre, il fait grand beau temps sur la capitale val-de-marnaise et la lumière du soleil couchant inonde la tribune exposée plein ouest.

Antre historique de l’institution cristolienne, Duvauchelle (en hommage au journaliste sportif Dominique Duvauchelle, ndlr) est un stade tout confort, hérité du passé professionnel du club, longtemps pensionnaire de la Ligue 2 : des sièges « baquets » confortables et deux vastes tribunes couvertes, option plutôt précieuse quand la météo n’est pas aussi clémente qu’en ce début d’automne relativement doux. Le tout à deux pas de l’île de loisirs de Créteil et de son lac, pour qui voudrait doubler activité ludique en plein air et petit plaisir footballistique.

Le derby des bords de Marne

Sur la pelouse : les maillots azur des joueurs locaux font face aux tuniques rouges de Saint-Maur. Il s’agit là d’un vrai « derby ». Le mot, tiré du vocabulaire hippique britannique, désigne ces matchs qui opposent deux équipes d’une même ville, ou simplement voisines. Un terme qui colle parfaitement à cette rencontre entre Créteil et Saint-Maur, seulement séparées par la Marne. Les deux clubs partagent une part d’histoire commune, puisqu’une tentative de fusion entre les deux clubs avait eu lieu il y a quelques années. Finalement, chacun des deux rivaux a suivi son chemin, et ils se retrouvent aujourd’hui à ferrailler en championnat de France de National 2. La deuxième division en amateur, certes, mais le quatrième échelon du football français tout de même. Voilà la garantie d’une certaine qualité de jeu.

On croise d’ailleurs sur le terrain et sur les bancs de touche quelques ex-valeurs sûres du monde professionnel : Saint-Maur est ainsi entraîné par Yann Lachuer, ancien meneur de jeu de l’AJ Auxerre et du PSG. Le natif de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), qui avait aussi débuté sa carrière à l’US Créteil, est revenu sur ses terres – ou presque – pour apporter son expérience aux visiteurs du soir. Côté Créteil, le capitanat de l’équipe est assuré par Alexis Araujo. Le joueur de poche (1,68 m) a côtoyé Benjamin Pavard en équipes de jeunes dans les Hauts-de-France, et s’est bâti un solide parcours en Ligue 2 avec l’AC Ajaccio. Sans surprise, il virevolte littéralement sur le terrain. Déroutant dans ses dribbles, malin dans ses déplacements, le lutin commence par obtenir un penalty (raté par son partenaire), avant de provoquer l’expulsion d’un joueur adverse sur une énième faute commise sur lui.

Des chants non-stop à la gloire des bleu et blanc

Le match est plaisant et le public ne s’y trompe pas. Les plus jeunes continuent d’user de leurs cordes vocales tandis qu’un petit « kop » de fervents supporters de Créteil joue du tambour et lance des chants non-stop à la gloire des bleu et blanc. Il faut pousser : en supériorité numérique, ces derniers se doivent de l’emporter ; d’autant qu’une place sur le podium se profile pour le vainqueur de la rencontre du soir. Quand, finalement, Créteil inscrit le but de la victoire, c’est l’explosion de joie en tribunes. Un match définitivement bon enfant, dans tous les sens du terme.

Infos pratiques : l’US Créteil-Lusitanos au stade Dominique-Duvauchelle, 2, rue Dominique-Duvauchelle, Créteil (94). Accès : métro Créteil – Pointe-du-Lac (ligne 8). Plus d’infos sur uscl.fr

Trois bonnes raisons d’aller voir jouer l’US Créteil-Lusitanos :

– Les places sont gratuites pour les plus jeunes, le tarif maximal est de 8 € en tribune présidentielle. Qui dit mieux ?
– Il n’y a pas d’assistance vidéo à l’arbitrage : le match est fluide, c’est une rencontre « à l’ancienne » où l’arbitre reste le patron du jeu.
– La plupart des matchs ont lieu le samedi après-midi, tranche horaire parfaite pour assister à un spectacle sportif de qualité en famille.