
A un an des prochaines élections municipales, le mouvement Les Grand.es Parisien.nes lancé début février entend faire émerger le débat autour du Grand Paris, ce qu'explique à Enlarge your Paris sa fondatrice Marion Waller.
Quel est le constat qui sous-tend la création du mouvement Les Grand.es Parisien.nes ?
Marion Waller : Le constat, c’est qu’aujourd’hui le Grand Paris est orphelin d’un projet politique. Cela n’a pas toujours été le cas, notamment au moment du lancement du projet du Grand Paris Express avec la création de l’Atelier international du Grand Paris sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. En 2009, il y a eu le lancement du Forum métropolitain du Grand Paris, préfiguration de la Métropole du Grand Paris, qui s’est accompagné de nombreuses rencontres entre les élus. A l’approche des prochaines élections municipales en mars 2026, où nous allons élire des conseillers municipaux mais aussi des conseillers métropolitains, il m’a semblé important que l’on puisse débattre d’un programme métropolitain qui serait présenté à tous les candidats. D’autant qu’il s’agit de la bonne échelle pour résoudre plein de problèmes.
Comment souhaitez-vous faire sortir le sujet du placard ?
Ce sera déjà bien si l’on parvient à faire émerger un vrai débat médiatique à cette échelle. D’autant que les citoyens sont en avance sur les élus sur ce sujet avec 800 000 Grand-Parisiens qui viennent chaque jour à Paris pour travailler, 130 000 pour étudier et 300 000 Parisiens qui vont travailler dans le Grand Paris. Il est temps que la politique se mette à l’échelle des citoyens.
Le Grand Paris est une réalité vécue mais pour le moment pas assez débattue…
En effet. Pourtant, pour être efficace, il y a des sujets que l’on ne peut traiter sérieusement qu’à cette échelle. Je pense notamment au logement dont la production a baissé mais dont les prix ont explosé.
Dans le manifeste qui présente Les Grand.es Parisien.nes, vous rappelez qu’historiquement il existe des précédents au Grand Paris qui donnent des raisons d’être optimiste…
Le livre Pour en finir avec le petit Paris, écrit par un collectif, nous rappelle que pendant la période de l’entre-deux-guerres, le département de la Seine, qui regroupait Paris et la petite couronne, a permis de mettre en place des solutions pour lutter entre autres contre l’insalubrité, d’étendre le métro en banlieue et de créer des grands syndicats intercommunaux pour gérer des problématiques comme l’assainissement. Cela prouve bien que l’on peut travailler à cette échelle.
Administrativement, Paris fait aujourd’hui 100 km2 quand Berlin et New York font 800 km2, Londres 1 600 km2, Tokyo 2 200 km2 et Pekin 16 000 km2. Faut-il en conclure que l’absence d’un maire du Grand Paris est une aberration ?
J’ai pris le parti de me focaliser sur les propositions pour montrer comment le Grand Paris peut être utile. L’institutionnel en découlera.
Bien que le Grand Paris soit une réalité vécue, il ne crée pas pour le moment de sentiment d’appartenance. Personne ne se revendique Grand-Parisien ni Francilien, et ce dans une région aussi peuplée que la Belgique et plus peuplée que le Portugal ou la Grèce. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je pense qu’il n’y a pas de fatalité. Les acteurs culturels font bouger les choses depuis de nombreuses années en banlieue. Et c’est aussi le rôle de la politique d’y contribuer. Les élections sont le bon moment pour ça.
C’est pour vous une manière d’anticiper l’arrivée du Grand Paris Express ?
C’est un paradoxe immense de voir que le Grand Paris Paris Express apparaît de plus en plus concret mais que dans le même temps il ne s’accompagne pas d’un projet politique. Il s’agit pourtant du plus important projet de transport d’Europe. Il est essentiel d’avoir une vision sur la façon dont on vit ensemble sur le territoire qu’il va desservir.
L’information est une forme d’aménagement du territoire. Or, l’information en banlieue peut s’avérer partielle voire partiale. C’est l’un des buts du mouvement Les Grand.es Parisien.nes que d’accroître la connaissance qu’on a de la banlieue ?
Oui ! Il y a tellement de choses dont on ne parle pas. Les Parisiens se plaignent souvent d’être à l’étroit alors qu’il suffit de prendre les transports en commun pour accéder à des parcs ou des forêts. D’autant qu’à présent le billet est à 2,50 € pour circuler partout dans la région. Mais pour savoir quoi faire et où aller, il faut de l’information. Depuis que j’ai lancé Grand.es Parisien.nes, beaucoup de gens m’écrivent pour me faire part d’initiatives. C’est important pour développer le sentiment d’appartenance au Grand Paris. Et je crois en la force d’impact de la politique pour y parvenir. C’est assez idéaliste mais j’assume.
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27 février 2025