Société
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Comment je suis devenue touriste au milieu des touristes à Paris (et que j’ai aimé ça)

La vue sur La Défense depuis le toit de l'Arc de Triomphe / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris
La vue sur La Défense depuis le toit de l’Arc de Triomphe / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris

On a beaucoup prédit que Paris serait infréquentable pendant les Jeux. Qu'en est-il vraiment ? Journaliste pour Enlarge your Paris, Virginie Jannière est allée s'y promener en famille.

« Maman, on peut aller voir la flamme qui s’élève dans les airs ? » Et voilà, cela devait arriver. Devant l’insistance de ma progéniture, je décide – un peu contrainte il faut le dire – de sortir de ma torpeur caniculaire et d’emmener la chair de ma chair jusqu’en haut de l’Arc de Triomphe pour le coucher du soleil, un bon spot, me dis-je, pour admirer la fameuse vasque de la flamme olympique qui s’élève tous les soirs dans le ciel de Paris. Je ne suis pas fan de l’Arc de Triomphe mais il me semble qu’agrémenter la fameuse vue d’une petite leçon d’histoire reste toujours plus efficace qu’un cahier de vacances. Comme pas mal de Grand-Parisiens, je ne suis pas non plus particulièrement attirée par l’idée des transports par 35 degrés ni par les fermetures multiples des gares. Mais allez, les Jeux en valent la chandelle : sans aller sur le terrain de beach-volley installé sur le Champ-de-Mars, nous aurons au moins quelques souvenirs de la capitale en fête.

Des transports vides et des policiers avenants

Nous voilà dans la ligne 6 pour rejoindre l’Arc de Triomphe. Étrangement, les wagons sont presque vides et nous avons tout l’espace pour admirer ce Paris de carte postale (la ligne 6 est en grande partie aérienne). Après la station Bir-Hakeim, la tour Eiffel s’élève devant nous. Comme une touriste dans ma ville, je lance : « Si on s’arrêtait au Trocadéro admirer les anneaux sur la Tour ? », ne croyant néanmoins pas un instant que nous pourrons accéder à une quelconque vue puisqu’on nous a tant répété que ces Jeux et les innombrables sites fermés allaient être un enfer pour qui veut profiter de Paris.

À la sortie du métro, pas grand monde excepté les policiers en place, les agents RATP et les volontaires présents pour faciliter les accès aux épreuves. Oubliée la grisaille de ces derniers mois, la surprise est totale : les sourires sont de sortie. Les volontaires ont l’air heureux de répondre aux questions et les policiers s’écartent pour nous laisser passer avec un franc « bonne soirée ! » et un large sourire. Qu’arrive-t-il donc à la capitale ? Il ne manquerait plus que les garçons de café soient aimables ! N’allons tout de même pas si loin dans le monde des Bisounours. S’il faut se plier au rituel du coup d’œil dans le sac pour accéder au Trocadéro, ce soir-là, la foule est loin d’être dense. Et à la place des vendeurs de tour Eiffel insistants et des influenceuses prenant la pose, des supporters joyeux rendent l’atmosphère légère et presque enfantine. Après nous être acquittés du cliché obligatoire devant la vieille dame de fer, nous reprenons notre chemin jusqu’à l’Arc de Triomphe, à pied.

Les Champs-Elysées depuis l'Arc de Triomphe / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris
Les Champs-Elysées depuis l’Arc de Triomphe / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris

Foules sentimentales

« Où sont les gens ? », lâche ma fille de 13 ans. Les pavés sont peu empruntés et les cafés franchement (et tristement) désertés. Il y a alors quelque chose de presque nostalgique dans l’air. Nous parvenons au célèbre monument après une légère impression de rejouer un Emily in Paris. Évidemment, l’avenue des Champs-Élysées est davantage fréquentée mais nous sommes loin de la cohue quotidienne de ces lieux caractéristiques du surtourisme. Preuve en est, j’aperçois même des gens traverser la place de l’Étoile à pied. Un acte impensable, voire suicidaire, en temps normal. Je remarque alors que les cyclistes sont, ce soir-là, bien plus nombreux que les voitures. Une fois dans le monument – est-il besoin de préciser que nous n’avons pas fait la queue à la billetterie ? –, nous retrouvons l’ambiance bon enfant du « Troca ».

284 marches à gravir pour accéder à la vue, ce n’est pas rien… Une famille encourage ma fille cadette qui commence à fatiguer. Une fois en haut, le couperet tombe : nous apprenons que l’élévation de la flamme dans les airs est annulée en raison des mauvaises conditions météo. Devant la déception des enfants, une famille venue de Rennes pour les Jeux nous conseille alors d’autres spots sympas des JO à voir alentour. Alors que nous ne nous décidons pas à quitter les lieux au bout d’une longue conversation avec deux jeunes femmes s’éventant, nous leur proposons d’échanger un peu de leur éventail contre notre brumisateur. Plus loin, une bande de copains plaisante avec des enfants sur les dernières infos en matière de culture pop et de sport. La magie des JO ou la fierté d’un Paris joyeux et bienveillant retrouvé depuis la cérémonie d’ouverture ? L’air semble en tout cas chargé de bonnes ondes.

Une autre flamme nous attend au pied du monument : celle qui brûle sur la tombe du Soldat inconnu. Non loin, deux photographes (professionnels) anglais attendent, imperturbables, que la montgolfière olympique prenne son envol. Avec son anglais débutant, ma fille oublie étonnamment toute timidité et préfère les prévenir… Et avec un français tout aussi balbutiant, l’un des photographes la remercie en riant de lui-même. Ce soir-là, nous n’aurons pas aperçu la flamme olympique mais nous nous serons senties soulagées, débarrassées de la masse d’infos négatives emmagasinées depuis tant de mois sur la venue des Jeux à Paris, reboostées aux sourires et à la légèreté d’un été festif. Finalement, la chaleur humaine est très rafraîchissante en cas de canicule estivale.

Infos pratiques : Arc de Triomphe, place Charles-de-Gaulle, Paris (8e). Du 1er avril au 30 septembre, ouverture du mercredi au lundi de 10 h à 23 h, les mardis de 11 h à 23 h. Tarifs : 16 € (plein tarif), gratuit pour les moins de 18 ans. Accès : métro Charles-de-Gaulle–Étoile (lignes 1, 2 et 6), gare de Charles-de-Gaulle–Étoile (RER A). Plus d’infos sur paris-arc-de-triomphe.fr

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