
Si l'inauguration de la ligne 15 a été repoussée à 2026, certaines gares du Grand Paris Express ont déjà vu le jour sur la ligne 14, offrant un voyage architectural. Avec leur association Archimétro, Marlice Alfera et Youssef Joundy proposent de les faire découvrir aux Grand-Parisiens.
Pourquoi avez vous souhaité proposer de visiter les gares du Grand Paris ?
Marlice Alfera : J’ai commencé à m’intéresser au Grand Paris Express durant mes études d’architecture. J’ai suivi les consultations et les études qui ont eu lieu. Les gares constituent des éléments centraux dans l’identité d’un territoire. Ce sont de nouveaux lieux de vie à l’architecture exceptionnelle.
Youssef Joundy : Avec Marlice, on voyait tous ces projets sortir enfin de terre. Ils sont sources de grandes mutations. On avait envie d’expliquer aux Franciliens comment ces infrastructures allaient changer leur quotidien.
Quel est le principe de ces visites ?
Youssef Joundy : Le nom de notre association combine les mots « archi » et « métro », parce que nous envisageons nos visites sous un angle architectural mais aussi plus technique. Il s’agit de replacer la gare au cœur du territoire desservi, de s’interroger sur la façon dont son implantation va modifier les aménagements alentour. On parle d’architecture mais aussi d’art puisque, pour chaque gare du Grand Paris Express, on retrouve aux manettes du projet un architecte auquel un artiste a été associé. Ma dimension plus technique permet d’envisager la façon dont on intègre ces infrastructures à forte capacité sur des territoires jusque-là un peu enclavés en termes de transports.
Marlice Alfera : Nous abordons aussi l’histoire du territoire. Prenons par exemple le cas de Saint-Denis–Pleyel. La gare permet de faire le pont entre différents quartiers de la ville. Quant à Villejuif–Gustave Roussy, elle montre en filigrane que les temps ont changé. Alors qu’on pensait, lors de la création de ce qui est devenu le premier centre de lutte contre le cancer en Europe, que les gens s’y rendraient en voiture, on a réalisé qu’il y avait une nécessité d’accès en transports. Tous ces aspects nous permettent de raconter l’histoire du Grand Paris : la désindustrialisation, les migrations, la tertiarisation et même la gentrification.
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Quel est le profil des participants ?
Youssef Joundy : Nous avons commencé sur Instagram. Donc, au départ, il s’agissait de nos amis et d’amis d’amis. Désormais nos visites sont proposées sur Explore Paris et, parmi les participants, il y a des Parisiens, des gens qui habitent sur la ligne à laquelle nous consacrons la visite, mais aussi des personnes qui viennent de plus loin en Île-de-France.
Marlice Alfera : Les participants ont entendu parler du Grand Paris sans savoir forcément ce qu’il englobe, ce qu’il signifie. Il y a aussi un intérêt pour les dépenses publiques, la façon dont l’argent est investi pour des infrastructures destinées à tous. Ils se posent enfin beaucoup de questions par rapport à leur quotidien.
Quel regard portez-vous sur les gares du Grand Paris Express déjà ouvertes sur la ligne 14 du métro ?
Marlice Alfera : Il convient d’abord de rappeler qu’en termes de transition écologique on a besoin de davantage de transports publics. Ensuite, d’un point de vue personnel, j’ai l’impression que la construction de ces gares est une marque d’égard à l’attention des habitants de la banlieue. Quand les habitants du territoire franchissent le seuil de ces bâtiments, ils peuvent constater le soin architectural qui a été porté aux infrastructures qu’ils vont utiliser, au contraire des anciennes gares de RER, infrastructures qu’ils subissent.
Youssef Joundy : Il ne faut pas oublier qu’une gare est un investissement d’avenir, vouée à durer des décennies. Ce n’est donc pas anormal de mettre le paquet ! D’autant qu’il ne s’agit pas de petites gares mais de lieux qui vont brasser des dizaines de milliers de voyageurs par jour.
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Parmi les gares du Grand Paris Express, y en a-t-il une que vous attendez avec plus d’impatience que les autres ?
Marlice Alfera : Pour moi, c’est celle de Mairie de Vitry-sur-Seine. Imaginée par l’agence King Kong, située sous un jardin public, elle a une forme de grotte. Le travail entre les architectes et l’artiste Abdelkader Benchamma – qui a conçu des fresques de style rupestre – a été mené de façon très harmonieuse.
Youssef Joundy : Pour ma part, j’ai hâte de voir Saint-Denis–Pleyel quand toutes les lignes seront en service. Je me demande à quoi va ressembler ce qui est présenté comme le « Châtelet–Les Halles » de la Seine-Saint-Denis.
Infos pratiques : prochaines visites Archimétro le 22 mars à 15 h « À la découverte des nouvelles gares du RER E et de la ligne 14 nord » et le 12 avril « Les nouvelles gares de la ligne 14 de Paris à Orly ». Tarifs : 15 € (plein tarif), 5 € (tarif réduit). Plus d’infos sur Instagram
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9 mars 2025