L'association Réseau LUX, qui rassemble 23 festivals et foires de photographie en France, propose un panorama original à découvrir gratuitement jusqu'au 8 décembre entre les murs d'un ancien centre de tri postal dans le 9e.
Paré pour un ébouriffant tour de France des festivals photo sans bouger du Grand Paris ? Jusqu’au 8 décembre, le Réseau Lux, qui réunit 23 festivals et foires consacrés au huitième art, vous offre un aperçu des prestigieuses Rencontres de la photographie d’Arles (Bouches-du-Rhône), de l’Été photographique de Lectoure (Gers), des Villes invisibles à Nîmes (Gard), des Itinéraires des photographes voyageurs de Bordeaux (Gironde) ou de la Biennale de la photographie de Mulhouse (Haut-Rhin). Un panorama kaléidoscopique de plus de 200 photos présentées gratuitement pour cette première expo dans un ancien centre de tri postal dans le 9e, jusque dans les entrailles de l’ancien coffre-fort (déconseillé aux claustrophobes).
Chaque festival, chaque foire qui participe présente un ou plusieurs photographes qui donnent une idée de l’orientation de la programmation : photographie documentaire, plasticienne, ou très expérimentale. Il y en a pour tous les goûts et on n’aime pas forcément tout mais cela permet des découvertes. On navigue de clichés grand format – comme les très spectaculaires villes chinoises de Laurent Gueneau où la démesure des constructions s’oppose à la nature ou aux ruines – en installations en trois dimensions – comme celle d’Arina Essipowitsch : une robe en toile sur laquelle a été imprimée la photo du feuillage d’un arbre et d’une femme se tenant sur une branche.
Intime et universel
Dès l’entrée de l’exposition, notre premier coup de cœur est pour Olivier Culmann, dont la série présentée en 2023 aux Planches Contact de Deauville, « Administrations normandes », est en adéquation parfaite avec le lieu : des portraits dans leurs bureaux de fonctionnaires qui cassent l’image froide de l’administration. Côté photo en trois dimensions, le tronc d’arbre photographique de Sylvie Bonnot et ses photos de forêts en noir et blanc ne passent pas inaperçu. Dans le registre de la photographie sociale, Laura Lafon Cadilhac livre le récit tendre, intime et sans jugement de son retour dans son milieu familial dans un Sud-Ouest modeste et rural avec des portraits alternant couleurs et noir et blanc.
L’un des grands enjeux de la photographie moderne, celui des images fabriquées entièrement avec une intelligence artificielle, est aussi abordé dans le travail de collage numérique de Robin Lopvet et ses très drôles et inquiétants bichons atomiques. Des hybrides de catastrophes naturelles et de chiens-chiens tout mignons, prêts à détruire le monde.
Enfin, à ne pas manquer : la série « Leaving and Waving » (quitter et saluer), 60 photos en petit format alignées sur un présentoir de l’Américaine Deanna Dikeman. La photographe, au moment de les quitter, a pris en photo ses parents depuis sa voiture. Ils lui disent au revoir devant leur pavillon de banlieue, la saluant avec amour. Et ce pendant 27 ans ! On voit les années défiler, les dos se courber, le père disparaître du cadre. Et l’on finit avec la porte de garage fermée, sans plus personne. Un travail photographique inoubliable.
Infos pratiques : exposition Réseau LUX #1 dans l’ancien centre de tri postal au 30-32, rue Louise-Émilie de la Tour d’Auvergne, Paris (9e). Jusqu’au 8 décembre. Ouvert du mercredi au dimanche de 11 h à 19 h. Entrée libre. Accès : métro Anvers (ligne 2). Plus d’infos sur reseau-lux.com
13 novembre 2024 - Paris
