Un chômeur devenu facho, des militants anonymous, une simulation de négociations sur le climat... l'actualité monte sur scène en banlieue.
Itinéraire d’un chômeur devenu facho au théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis (93) :
Un fils de notre temps jusqu’au 11 décembre
Impossible de ne pas songer à la dérive de jeunes paumés d’aujourd’hui tentés par les extrêmes avec ce texte sombre, « Un fils de notre temps », écrit par l’auteur austro-hongrois Ödön von Horváth en 1938 en France alors qu’il fuyait, désespéré, le nazisme. Quatre jeunes comédiens racontent l’itinéraire d’un chômeur allemand qui devient « apprenti soldat du Reich », puis un criminel. Un récit choral haletant, dirigé par le metteur en scène Jean Bellorini ( le patron du TGP), dans un décor aux murs noirs, où tombera même la neige…
Plus d’infos sur www.theatregerardphilipe.com
Hackers et espions au théâtre de Vanves (92) :
« Le système pour devenir invisible », du 3 au 8 décembre
Polar contemporain, « Le système pour devenir invisible » raconte une histoire d’amour et le parcours de militants à la Anonymous.
Plus d’infos sur www.theatre-vanves.fr
Les danseurs new yorkais explosent le 4e mur au T2G de Gennevilliers (92) :
Thank you for coming : attendance, du 3 au 6 décembre
La chorégraphe américaine Faye Driscoll, « l’un des talents les plus originaux de sa génération » selon le New York Times, débarque avec ses cinq danseurs à Gennevilliers : elle y présente « Thank you for coming : attendance », la première pièce d’une trilogie étonnante, dans laquelle les artistes (et Faye Driscoll), sensuels en diable, font réagir le public et explosent ce que l’on appelle le « 4e mur », celui côté spectateurs, face à la scène (en aparté : titre aussi d’un excellent livre de Sorj Chalandon). Le plateau, où les danseurs s’affrontent au départ, se découpent soudain en lamelles, avec des bancs pour les spectateurs, (la présence ou « the attendance » du titre). Certaines personnes parmi le public sont même invitées à arracher les habits des danseurs dont la tenue se transforme… Bref une expérience.
Plus d’infos sur www.theatre2gennevilliers.com
Au cœur des négociations pour sauver la planète au théâtre de Sénart (77) :
« Kyoto Forever 2 » les 11 et 12 décembre à Sénart mais aussi le 8 décembre au théâtre de l’Agora d’Evry
Kyoto Forever 2 est la suite de Kyoto Forever, écrite en 1997 pour le sommet sur le climat de Kyoto au Japon. L’auteur et metteur en scène Frédéric Ferrer, également agrégé de géographie, reprend son idée de négociations en direct : les spectateurs se retrouvent au cœur des pourparlers menés (en 2022 à l’île Maurice) par huit experts internationaux (qui s’expriment dans leurs langues et aussi en français). C’est intense, long, chaud, drôle parfois, et chargé de suspens.
Plus d’infos sur theatre-senart.com et www.theatreagora.com
Place à la fanfare fraternelle au Nouveau théâtre de Montreuil (93) :
« En avant, marche ! » du 15 au 17 décembre
Majorettes en robes dorées, musiciens en costume d’apparat qui se chamaillent ou se prennent dans les bras le temps d’une répétition… Une fanfare déjantée mais fraternelle débarque sur scène dans « En avant, marche ! », un spectacle de « musique-théâtre » du chorégraphe et metteur en scène flamand Alain Platel (programmé aussi dans Paris, au Théâtre de Chaillot). Aux treize musiciens et comédiens s’ajoutera l’Orchestre de spectacle, qui rassemble des Montreuillois, musiciens amateurs, sous la direction de Sylvain Cartigny. Le comédien Wim Opbrouk, qui danse avec des cymbales et interprète un clown mélancolique, grotesque et touchant, est remarquable. Le tout sur des morceaux de Mahler, Verdi ou Schubert, arrangés pour que ça pulse, avec des cuivres et des percussions.
Plus d’infos sur www.nouveau-theatre-montreuil.com
Le Misanthrope (mais pas comme à l’école !) à La Ferme du Buisson (77) :
Le Misanthrope (l’atrabilaire amoureux), du 13 au 16 janvier
C’est l’une des plus belles pièces de Molière, mais vous en gardez peut-être de mauvais souvenirs liés à de longues heures de cours de français au lycée… Alors courez voir cette adaptation de Thibault Perrenoud et de la romancière Alice Zeniter follement énergique où Alceste porte des jeans, balance des chamallows sur une Célimène très rock and roll. Mais les alexandrins sont respectés, tout en ressemblant parfois à du slam !
Plus d’infos sur www.lafermedubuisson.com
Conte d’hiver, Shakespeare revivifié au théâtre Les Gémeaux à Sceaux (92) :
Conte d’hiver, du 14 au 31 janvier
Voilà un classique, le Conte d’hiver de Shakespeare, présenté en anglais mais surtitré, (ceux qui sont allergiques aux surtitrages auront été prévenus) par la compagnie globe-trotteuse de Declan Donnellan, actuellement en résidence au Barbican Center à Londres. Donnellan, qui joue, jongle avec les mots de Shakespeare depuis ses débuts dans les années 1980, réussit à chaque fois à revivifier les grands textes (comme avec sa version de Ubu vu par un adolescent, aux Bouffes du Nord en 2013). Bref, cette histoire tragique de Léonte, roi inquiétant et délirant, finit joyeusement, et promet d’être complètement folle !
Plus d’infos sur www.lesgemeaux.com
Métissage qui swingue au théâtre Jean Vilar de Suresnes (92) :
Street Dance Club, du 15 janvier au 19 janvier
Suresnes cités danse, le festival qui a donné ses lettres de noblesse au hip hop, revient comme chaque début d’année à Suresnes. En vedette, le chorégraphe américain, passé par les Grands ballets canadiens de Montréal, Andrew Skeels. Il propose un Street Dance Club inspiré par la boîte culte, le Cotton Club des années vingt. Un show avec sept danseurs en fracs et robes du soirs, avec paillettes et faux diams. Et surtout, une ode appuyée (en ces périodes de repli sur soi) au mélange des cultures, car le chorégraphe mixe comme au shaker le hip hop, les danses contemporaines et classique. » Ça va bouger, ça va vraiment bouger « , a-t-il promis ! (Mieux vaut réserver).
Plus d’infos sur www.suresnes-cites-danse.com
Une vieille dame de carnaval au Théâtre 71 à Malakoff (92) :
« La visite de la vieille dame », du 19 au 29 janvier
Créée en 1993 et rejouée en 2003 par l’artiste suisse d’origine colombienne, Omar Porras, cette « Visite de la vieille dame » de Friedrich Dürrenmatt a, à chaque fois, rencontré l’adhésion du public. Plutôt que de traiter sur le mode réaliste cette histoire de vengeance amoureuse et de misère du peuple, Omar Porras a choisi de placer le récit dans un univers de carnaval baroque. Lui-même joue le rôle principal, celui de la vieille dame richissime, Clara Zahanassian, en portant un masque grotesque et une perruque. Une grande parade au vitriol.
Plus d’infos sur www.theatre71.com
Pixel brille, le ballet 2.0 au théâtre Jean Vilar de Suresnes (92) :
Pixel, du 22 au 26 janvier
On ne présente plus ce spectacle de danse magique que l’on a chaudement défendu à Enlarge your Paris. Un succès critique et public pour Mourad Merzouki appelé à diriger le Centre national de la danse de Grenoble. Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, réservez et vite !
Plus d’infos sur www.suresnes-cites-danse.com
Amour et jalousie pendant la Commune au T2G de Gennevilliers (92)
Argument, du 22 janvier au 13 février
L’histoire française a le vent en poupe dans les théâtres grandparisiens. Après la Révolution vue si justement par Joël Pommerat aux Amandiers à Nanterre, voilà un autre grand moment historique évoqué sur scène : la Commune de Paris, selon Pascal Rambert, le directeur du T2G et auteur et metteur en scène prolifique. Un couple, Louis et Annabelle, lui conservateur, elle rebelle revenant d’entre les morts, se déchirent en 1871, dans un village loin de la capitale. Les deux comédiens incarnant les personnages principaux, Laurent Poitrenaux et Marie-Sophie Ferdane, ont marqué les esprits en jouant Trigorine et Nina dans la Mouette de Tchekhov, mise en scène par Arthur Nauzyciel dans la cour d’honneur à Avignon en 2012 (mise en scène qui avait profondément divisée la critique). En tout cas, Pascal Rambert a écrit pour eux « sur mesure » dit-il, imaginant une ambiance dans l’esprit des préraphaélites, tel le peintre Dante Gabriel Rossetti.
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Pio Marmaï joue un monstre à la gueule d’ange au théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis (93) :
Roberto Zucco, du 29 janvier au 20 février
Pour interpréter le « mythe », comme il dit, de Roberto Zucco, le metteur en scène Richard Brunel a fait appel à un acteur de cinéma, Pio Marmaï. Le beau brun à la gueule d’ange, mais sacrément musclé et tatoué pour l’occasion, endosse le rôle-titre, celui de ce tueur en série qui a inspiré une tragi-comédie, ultime pièce du grand auteur Bernard-Marie Koltès. Richard Brunel a voulu faire du plateau une sorte de prison, de cage décrépite où le monstre ambigu se retrouve pris au piège.
Plus d’infos sur www.theatregerardphilipe.com
30 novembre 2015