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Rachid Santaki fait de la dictée un réseau social sur Facebook

L'écrivain Rachid Santaki en Facebook Live lundi 13 avril pour la lecture de l'une de ses dictées / DR
L’écrivain Rachid Santaki en Facebook Live pour la lecture de l’une de ses dictées / DR

Lundi 13 avril, l'écrivain et habitant de Saint-Denis Rachid Santaki réunissait plus de 1200 personnes pour une dictée en Live sur Facebook. Détenteur depuis 2018 du record du monde de la plus grande dictée établi au Stade de France avec 1473 participants, il voit désormais dans le numérique une opportunité de réunir tous les amoureux de la langue française où qu'ils soient dans le monde.

Chaque lundi matin à 10h pendant le confinement, vous donnez rendez-vous en direct sur Facebook pour une dictée. Comment avez-vous eu l’idée d’instaurer ce rendez-vous ?

Rachid Santaki : Tout le monde fait des Live pendant ce confinement donc je me suis pris au jeu et j’ai décidé de lancer une première dictée en direct fin mars qui a réuni 50 personnes. C’était très drôle, digne d’un sketch. Je n’arrêtais pas de bouger la webcam. Mais j’ai beaucoup aimé l’exercice que j’ai décidé de réitérer. Pour la seconde dictée nous étions 100 et pour la troisième lundi 13 avril nous avons dépassé les 1200. C’est devenu un rendez-vous pour de nombreuses personnes, aussi bien des seniors que des lycéens ou des familles, en France mais aussi à l’étranger avec des participants qui se connectent même depuis le Mexique quand là-bas il doit être environ trois heures du matin.

Qu’est-ce que ça change une dictée sur les réseaux sociaux ?

Quand la dictée s’effectue en vrai, je peux voir le rythme d’écriture des participants pour adapter ma lecture tandis que sur Facebook, je prends encore plus le temps pour que la dictée soit accessible à tout le monde, les petits et les grands. Je lis très lentement et je répète beaucoup. Il faut réussir à trouver un juste milieu entre ceux qui s’impatientent car c’est trop lent et ceux qui ont besoin de plus de temps. L’autre différence se situe du côté des corrigés. D’habitude il y a toute une armada de correcteurs qui prend le temps de corriger chaque copie pour décerner les lots. Là, je publie le corrigé sur Facebook après la fin de la session pour que chacun effectue ses propres corrections.

Comment choisissez-vous vos textes ?

Les textes permettent de voyager et de réfléchir. La dictée, c’est avant tout la compréhension d’un texte. Il faut pouvoir se projeter et visualiser les mots. C’est un formidable moment pour mettre en lumière un sujet, comme à travers le passage du Petit Prince que j’ai lu lors de la seconde dictée et qui dit beaucoup de ce que nous sommes. Lors de la troisième dictée, j’ai préféré rédigé un texte spécialement pour l’occasion qui décrivait l’écriture et son pouvoir émancipateur. Dans tous les cas, j’essaie de ne jamais oublier que la dictée se doit d’être avant tout un jeu stimulant et amusant.

La dictée est souvent perçue négativement. Pourquoi avoir choisi un tel exercice ?

J’ai commencé les dictées en 2013 avant tout dans le but de rassembler des personnes issues de générations différentes et de milieux différents. Dans une France éclatée, j’utilise la dictée comme un outil fédérateur. J’en fais un moment ludique que ce soit dans les quartiers, les entreprises et même les maisons d’arrêt. La dictée est une manière de se réunir autour de la langue française.

Allez-vous poursuivre les dictées sur les réseaux sociaux ?

Je vais creuser la voie du digital qui est un formidable lieu d’expression tout d’abord en poursuivant les dictées du lundi à 10h sur Facebook. Je vais également instaurer une dictée un autre jour de la semaine, et plutôt en fin de journée. Par ailleurs, j’ai envie de continuer ces rendez-vous au-delà du confinement notamment pour vaincre l’isolement de certaines personnes.

Infos pratiques : Rendez-vous tous les lundis à 10h pour les dictées de Rachid Santaki sur la page Facebook de la Dictée géante

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