Culture
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Ni B, ni Q : Le Plan, de A à Z

Le Plan a profité de l’été pour faire peau neuve. Visite de cette salle de concert mythique de l’Essonne, foulée avant vous par Les Ramones, IAM ou Rory Gallagher.

Ce matin là, Le Plan sort de la brume matinale, un peu comme quand on se réveille après un week-end trop arrosé. A 10 heures, il n’y a pas encore grand monde. Les premiers employés traversent les jardins et c’est doucement que la salle s’éveille après avoir fêté comme il se doit son inauguration. Mais si légère gueule de bois il y a, elle résulte d’une programmation façon champagne : le DJ marathonien Agoria, l’égérie punk-funk anglaise Ebony Bones ou encore les anglais délurés de Gramme ont assuré l’ambiance de ces bacchanales musicales.

 

La Plan à Ris-Orangis / © Christian Dao
La Plan à Ris-Orangis / © Christian Dao

 

Minute théologique : au Plan, c’est comme aux Noces de Cana. On ne vous dégaine pas les grands crus en début de saison pour vous sortir la piquette le reste de l’année. La preuve : Sébastien Tellier a assuré le show le 3 octobre. Marianne Faithfull y a donné le 9 le top départ de sa tournée mondiale (les Parisiens attendront novembre). Maceo Parker, The Do ou encore Plaza Francia viendront y conjurer les sanglots longs des violons de l’automne. Si on vous dit qu’en plus tous ces grands crus musicaux sont proposés au tarif Petites Récoltes…

Quand la PJJ roulait pour Motörhead

2 800 m2 répartis sur deux niveaux avec une grande salle de 830 places, un club de 150 places, un studio d’enregistrement, deux studios de répétitions et même un espace dédié à l’image… De la création à la production jusqu’à la captation vidéo, c’est un lieu entièrement dédié à la musique qui vient d’être inauguré joyeusement fin septembre.

Mais avant d’en arriver là, empruntons une DeLorean pour remonter en 1984 :  Didier et Joëlle Veillault avec Patrick Haddad, trois éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, imaginent une véritable scène rock où… les Motörhead viennent. « Avant le Plan c’était une salle de concert où on pouvait écouter un groupe rock de notoriété avec une bonne bière pas trop chère » se rappelle Fabien Lhérisson, directeur de la salle depuis un an. Avec le temps, la programmation a évolué vers le blues, le reggae. Puis deux des fondateurs sont partis. Aujourd’hui, son nouveau directeur revendique une ouverture totale: musiques actuelles, électro et jazz font partis de la programmation de la salle.  Enfin… il y a une limite : « On ne fait pas de variet’, on laisse ça à d’autres salles du coin comme les Arènes d’Evry, qui font ça très bien. Mais on garde les fondamentaux et on ajoute un véritable accueil pour les artistes confirmés et les groupes locaux ».

Never lonesome in Essonne

La volonté du Plan ? Créer une émulation musicale grâce à la rencontre entre artistes débutants et confirmés. Chaque année un artiste associé accompagne la vie de la salle. Le premier à se jeter dans le bain :  Yarol Poupaud, le guitariste du groupe FFF « N’importe quel artiste ne peut pas être artiste associé car il est véritablement impliqué dans la vie de la salle : il accompagne les groupes locaux avec le coaching scénique, anime des master class et confronte sa vision de la programmation avec la mienne »,  explique Fabien Lhérisson. « Il donne de son temps et en échange on lui laisse à disposition les lieux ». Et c’est comme ça que Yarol Poupaud prépare sur place une partie de l’enregistrement du nouvel album de FFF. De Barbès à Ris-Orangis, la ligne du funk semble toute tracée…

Mais justement, la salle de concert a beau se trouver à moins de 100 mètres de la gare, comment fait-on quand il n’y a plus de RER ? « Historiquement, on a un public très parisien et le co-voiturage s’est beaucoup développé au Plan, explique Fabien Lhérisson. On ne laisse jamais le public seul après un concert, on s’arrange toujours. Parfois il rentre avec les artistes. Et il m’est même arrivé de ramener du monde sur Paris. C’est l’état d’esprit ici. » Et c’est pas parce qu’on est au fin fond de la banlieue, qu’on ne pourra pas manger ! Le restaurant, Le Bon Plan, offre des planches, des burgers, des salades et un plat du jour, le tout arrosé de vin ou de bière. Du nectar dans les oreilles, de l’ambroisie dans le gosier… Dieu(x) qu’on est bien !