Culture
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Musicanimale, l’expo tout sauf bête

L'expo Musicanimale est à voir à la Philharmonie à Paris / © William Beaucardet
L’expo « Musicanimale » à la Philharmonie à Paris se visite comme une sorte de cabinet de curiosités plein de surprises / © William Beaucardet

La Philharmonie à Paris accueille jusqu'en janvier l'exposition « Musicanimale » qui s'intéresse aux liens entre musique et monde animal. Enlarge your Paris est allé y tendre l'oreille.

Date effective : début octobre. Date ressentie : 10 décembre. On sort de la turbine de septembre essorés par la rentrée, les inscriptions aux activités, les impôts au courrier. Sans compter la pluie qui tombe et l’effet des grandes vacances qui s’estompe. Autant dire que, en entrant dans l’espace d’exposition de la Philharmonie de Paris (19e), on a la fatigue qui colle aux semelles. Et puis, dès la première salle, voilà notre oreille happée par le chant des oiseaux, notre regard accroché par le plumage iridescent d’un paon. Ainsi s’ouvre « Musicanimale », la nouvelle exposition concoctée par la Philharmonie, axée sur les liens entre musique et monde animal.

La scénographie aussi majestueuse que ludique embarque le visiteur dans un voyage en forme d’abécédaire. Celui-ci débute par A comme appeau, ce petit instrument qui permet d’imiter le chant des oiseaux, et se conclut avec un Z qui ne veut pas dire Zorro mais zoomorphe. Entre ces deux lettres, Musicanimale explore tous les carrefours où peuvent se croiser la faune et les sons. Il y est évidemment question de la façon dont les humains s’approprient la musique de la nature. Telle la chanteuse Yma Sumac dont les vocalises évoquent tour à tour un fauve, le vent dans les arbres ou un volatile. Ou le compositeur Olivier Messiaen qui a cherché à reproduire en musique la mélopée des oiseaux. La Sauterelle de Benjamin Britten est de la partie, tout comme l’inoxydable Vol du bourdon de Rimski-Korsakov, donné à entendre dans une étonnante version avec Yo-Yo Ma au violoncelle et Bobby McFerrin qui l’accompagne au chant.

Le chant d’amour des mouches du vinaigre

Brame du cerf, chant des baleines ou du coq : l’exposition révèle la musicalité de la nature, jusque dans ses aspects les plus étonnants. On découvre ainsi le travail du « peintre sonore » Knud Viktor qui a capturé différents sons comme celui de « fourmis en colère », ou encore des « chants d’amour des mouches de vinaigre », sans oublier celui d’un « ver croquant dans une pomme ». Une salle complètement plongée dans le noir permet même de s’immerger dans l’ambiance d’une nuit dans la Drôme, de la forêt amazonienne guyanaise ou encore de la brousse kényane. Dans une autre alcôve, nous découvrons l’installation de Tomas Saraceno, Sounding the air : l’artiste a rendu les fils d’araignées… audibles !

De fait, Musicanimale se visite comme une sorte de cabinet de curiosités, plein de surprises. À l’instar de If and only if d’Anri Sala : l’altiste Henri Caussé est filmé en train de jouer l’Élégie pour alto seul de Stravinsky avec… un escargot se baladant sur son archet. Promis, cela vaut toutes les vidéos d’ASMR du monde. Il y a aussi la découverte de la serinette, sorte d’orgue de barbarie miniature qui permettait, au XVIIIe siècle, d’apprendre des petits airs à son oiseau domestique. Sans oublier une belle collection de coucous (dont on situe l’invention en 1738 en Forêt-Noire) ou la vidéo d’un extrait de La Confidence des oiseaux de Luc Petton où les danseurs partagent la scène avec des pies. Zoologie, histoire, art contemporain, bioacoustique : Musicanimale est une expo qui se situe à la croisée des chemins. Une croisée qui fait voyager le visiteur sans jamais, pour autant, le perdre.

Infos pratiques : exposition « Musicanimale » à la Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris (19e). Jusqu’au 29 janvier 2023. Tarifs : 12 € (plein tarif), 10 € (- 28 ans), 7 € (- 26 ans, demandeurs d’emploi…), gratuit (- 16 ans, personnes en situation de handicap…). Accès : métro Porte de Pantin (ligne 5), tramway T3b arrêt Porte de Pantin – Parc de la Villette. Infos et réservations sur philharmoniedeparis.fr

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