Au commencement était une piscine construite dans les années 30 à Châtenay-Malabry. Tombée à l'abandon, elle s'est finalement métamorphosée en théâtre. Une histoire que nous raconte le directeur du théâtre Firmin Gémier - La Piscine, Marc Jeancourt, à la veille de l'ouverture de la billetterie pour la saison 2020 / 2021.
Une interview réalisée en partenariat avec le théâtre Firmin Gémier – La Piscine
Comment est né le théâtre La Piscine ?
Marc Jeancourt : Le théâtre La Piscine a une longue histoire ! Dans les années 30, au moment de concevoir la cité-jardin de la Butte Rouge à Châtenay-Malabry, il est décidé de construire à la fois une piscine et une usine de traitement des déchets, la chaleur produite par l’incinération des déchets permettant de chauffer l’eau de la piscine. Au fil du temps, la piscine va tomber à l’abandon et servir de résidence au metteur en scène Jean-Claude Penchenat et à sa troupe du Campagnol, qui va finir par en faire un véritable théâtre. En 2008, le théâtre La Piscine est reconstruit sur les vestiges de l’ancien bassin et fusionne avec le Théâtre Firmin Gémier d’Antony pour constituer aujourd’hui l’un des phares du théâtre en banlieue sud !
Votre théâtre dispose de trois espaces en tout. Est-ce un cas unique en Île-de-France ?
En effet ! Le théâtre de La Piscine est un monstre à trois têtes. Il est composé d’une part d’une petite salle de concert de 100 places, le Pédiluve, et d’une grande salle pouvant accueillir des spectacles jusqu’à 500 personnes. Ces deux salles sont situées à Châtenay-Malabry dans le bâtiment historique, héritage du patrimoine industriel de banlieue. Le troisième espace prend la forme d’un espace cirque installé à Antony. C’est là l’une de nos spécificités. Nous accueillons les compagnies de cirque contemporain qui viennent avec leur chapiteau et nous leur donnons les moyens de produire leurs spectacles. Par ailleurs, un autre lieu est actuellement en construction à Antony, le nouveau théâtre Firmin Gémier, qui devrait voir le jour dans 18 mois. Notre théâtre est réellement prototypal. Nous sommes les seuls en Île-de-France à être reconnus « pôle national cirque » et les seuls à disposer de ces différents équipements.
Comment avez-vous traversé le confinement ?
Comme des coureurs cyclistes qui pédalent sur le grand braquet. On moulinait beaucoup, on travaillait beaucoup, mais on n’allait pas vite ! Notre travail commence tout juste à porter ses fruits. Nous avons engagé de grandes réflexions autour de notre projet pour le modifier à la lumière de la crise actuelle. Nous avons beaucoup réfléchi aux sujets d’éco-responsabilité, notamment en ce qui concerne les questions du chapiteau qui est gourmand en fuel, ainsi qu’à la question de la mobilité si importante en banlieue. Nous voulons en outre réorganiser différemment notre programmation, redonner de la durée aux spectacles. Cela implique de trouver un autre modèle économique. Il est en tous cas devenu impensable de faire venir de l’étranger des troupes sans imaginer une tournée avec d’autres lieux.
Quel doit-être pour vous le rôle d’un théâtre dans une telle crise ?
La fonction du théâtre est de réarmer poétiquement la société. L’auteur russe Ivan Viripaev a dit cette phrase que je trouve très juste : « L’humour est une perche tendue à l’humanité. » Notre rôle est précisément là. On souhaite tisser une relation poétique avec la société pour changer les choses, provoquer l’émerveillement.
Comment envisagez-vous la reprise ?
Durant toute cette période du confinement, on était comme des marcheurs dans la nuit avec juste une bougie pour s’éclairer. On n’y voyait pas à 2 mètres. Maintenant, les choses semblent s’éclaircir et l’équipe ne voulait pas terminer la saison uniquement en virtuel. On a donc décidé de monter un événement le 27 juin qui réunira 350 personnes à Antony et que nous avons baptisé “Les petites retrouvailles avant les grandes”. On a vendu tous les billets en moins de 48h, c’est dire l’attente autour des événements physiques ! La vraie rentrée aura lieu le 3 septembre avec une présentation de saison et le premier spectacle le 8 septembre. Nous aurons une programmation 2020/2021 très dense car nous avons réintégré certains spectacles de la saison actuelle dans la prochaine. Notre théâtre est résolument pluridisciplinaire. Et comme c’est aussi un lieu de vie et que l’on veut étirer le plaisir, nous proposerons beaucoup de choses pour faciliter la venue des spectateurs comme des gardes d’enfants, de la restauration sur place ou encore de l’audio-description. Sans oublier des rencontres, des débats et des ateliers pratiques ! Toutes les infos sont à retrouver sur notre nouveau site theatrefirmingemier-lapiscine.fr.
Le confinement a-t-il fait émerger de nouvelles formes de spectacles ?
Oui. Par exemple j’ai envoyé pendant le confinement quelques questions à l’équipe mais aussi à des spectateurs fidèles. Il en est résulté de très belles prises de parole qu’avec un musicien je travaille actuellement à mettre en valeur. Nous avons imaginé un premier format de 30 à 35 minutes, mobile, pouvant aller dans tous les quartiers. L’autre format sera une lecture musicale d’une heure au Pédiluve. Autre exemple, nous mettons en place une semaine d’initiation à la pratique du funambule en plein mois d’août dans les quartiers prioritaires d’Antony et de Châtenay-Malabry. Le confinement nous a en tout cas prouvé la solidarité et la générosité de nos fidèles. Pour les spectacles annulés, nous proposons le remboursement, le report ou le don. 50% de nos spectateurs ont choisi le don à ce jour, ce qui va permettre de co-produire deux spectacles. C’est merveilleux !
Infos pratiques : Théâtre Firmin Gémier / La Piscine, 254 avenue de la Division Leclerc, Châtenay-Malabry (92). Accès : Gare de Robinson RER B. Espace cirque d’Antony, rue Georges Suant, Antony (92). Accès : Gare Les Baconnets RER B. Les abonnements et la billetterie pour la saison 2020/2021 ouvrent à partir du 30 juin. Plus d’infos sur theatrefirmingemier-lapiscine.fr
Lire aussi : Les places et les parcs de Paris vont se transformer en salles de spectacle cet été
Lire aussi : Vivez les préparatifs du festival street art LaBel Valette
Lire aussi : Les comédiens jouent sous les fenêtres à Ivry
25 juin 2020 - Châtenay-Malabry
