En partenariat avec la Société du Grand Paris
Nous sommes en 2016. Les travaux du Grand Paris Express, le futur métro autour de Paris qui promet de changer le visage de la métropole, viennent tout juste de débuter. Le ministère de la Culture confie alors aux Ateliers Médicis à Clichy (Seine-Saint-Denis) et au Centre national des arts plastiques (Cnap) la gestion d’une grande commande photographique nationale : « Regards du Grand Paris ». Chaque année, durant une décennie, au moins six photographes seront sollicités pour raconter les mutations du territoire, « en s’attachant à des réalités qui les concernent », précise Pascal Beausse, directeur du Cnap et commissaire de l’événement. Alors que le projet est à mi-chemin, une exposition aux Magasins généraux à Pantin (Seine-Saint-Denis), au musée Carnavalet (Paris 3e) ainsi que dans 36 sites grand-parisiens (sur les palissades des chantiers du Grand Paris Express, sur les grilles de l’Hôtel de Ville et du pont Saint-Ange à Paris, à la gare RER de Nogent-sur-Marne, …) propose un bilan d’étape.
« Nul ne peut prétendre avoir une connaissance précise du réel », avertit Pascal Beausse. Ça tombe bien : l’exposition aux Magasins généraux offre une vision kaléidoscopique du Grand Paris en multipliant les points de vue. « Chaque pratique est singulière, poursuit le directeur du Cnap. On y retrouve des choses qu’on pourrait voir mais qu’on ne peut ou qu’on ne veut pas voir. Il s’agit d’ouvrir ses yeux, ses oreilles, son esprit à d’autres façons de regarder le monde. La photographie devient alors l’interface de la rencontre ».
Les prémices d’une histoire commune
Que donne justement cette rencontre avec les travaux de près d’une quarantaine d’artistes ? Elle séduit, sans aucun doute. La variété des regards devrait permettre à chacun d’y glaner des œuvres chères à son œil comme à son cœur. En ce qui nous concerne, nous nous sommes notamment laissés happés par « Cité lacustre » de Lucie Jean qui met en scène le lac de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) où baignades et barbecues se déploient dans un Eden semi-urbain et fragile. Avec « Forêt métropolitaine », Alexandra Serrano et Simon Pochet proposent une étonnante installation photographique et sonore. Les deux artistes ont pris des photos dans la plaine de Pierrelaye-Bessancourt (Val-d’Oise) et ont enterré, sur cette ancienne zone d’épandage des eaux usées en cours de reforestation, les clichés pris. Déterrés, plus ou moins détériorés, ils parlent du degré de toxicité des sols. Avec « L’Or des ruines », Geoffroy Mathieu dépeint les cueilleurs d’Île-de-France, au cœur des forêts comme au bord des routes.
D’autres séries comme « La cité de la Maladrerie à Aubervilliers » (Seine-Saint-Denis), « le travail des instances politiques du Grand Paris » ou encore « une déambulation nocturne sur la ligne D » nous permettent aussi « de réaliser que nous vivons à côté de personnes ou de formes de vie que nous ne connaissons peut-être pas » confie Pascal Beausse. Et donnent chair à ce Grand Paris en offrant au public les premières pierres d’une histoire commune.
Infos pratiques : exposition Regards du Grand Paris aux Magasins généraux jusqu’au 23 octobre, 1, rue de l’Ancien-Canal, Pantin (93). Accès : métro Église de Pantin (ligne 5). Au musée Carnavalet jusqu’au 31 décembre, 23, rue de Sévigné, Paris (3e). Accès : métro Saint-Paul (ligne 1). Et sur 36 autres sites du Grand Paris dont les palissades des chantiers du Grand Paris Express. Plus d’infos sur regardsdugrandparis.fr
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29 juin 2022