Jusqu'au 7 septembre, le Palais de Tokyo à Paris accueille une trentaine d’étudiants de l’école Kourtrajmé, fondée à Clichy par le réalisateur Ladj Ly, pour une exposition qui explore la filiation entre La Haine et Les Misérables. Nous avons échangé avec Farida Cagniard, directrice exécutive de la section « Art et image » chez Kourtrajmé.
« Jusqu’ici tout va bien » explore la filiation entre La Haine et Les Misérables. Pourquoi ces deux films en particulier ?
Farida Cagniard : Ce sont deux films forts d’un point de vue sociétal qui donnent à voir des banlieues au plus près de leurs habitants. On y perçoit à la fois de la violence, de l’injustice mais aussi des moments plus drôles qui restent néanmoins ancrés dans un contexte dramatique. Les deux films cartographient une réalité de certains quartiers de France et sont devenus justement tous deux des films références pour cette réalité qui y est dépeinte.
Comment les élèves de l’école Kourtrajmé (fondée par le réalisateur des Misérables Ladj Ly) se sont appropriés les deux films ?
Au commencement, nous leur avons organisé des masterclasses avec les réalisateurs respectifs de ces films pour une immersion complète et un travail de fond. Les élèves ont après coup su exprimer leur force créative et se départir de certains sujets pour aller bien au-delà.
Pourquoi avoir choisi le Palais de Tokyo comme lieu d’exposition ?
Le Palais de Tokyo est un lieu emblématique où tout artiste rêverait de s’exprimer. Il fait partie des établissements les plus appréciés de nos élèves. Les portes nous ont été ouvertes, il aurait été dommage de refuser ce beau défi. Le Palais de Tokyo s’implique réellement dans l’école toute l’année et nos élèves y vont gratuitement quand ils le souhaitent.
Quelle image l’exposition montre-t-elle de la banlieue ?
Quasiment tous nos élèves sont issus de banlieue et l’exposition montre leur talent et leur capacité d’adaptation dans un contexte de crise sanitaire qui les a contraint à produire des oeuvres en un temps limité. Il est bien difficile de décrire en quelques mots leur vision de la banlieue, le plus simple est de se rendre à l’exposition pour y voir leurs travaux.
Y’a-t-il une volonté de dénoncer une certaine stigmatisation des banlieues ?
Cette exposition est avant tout artistique, nous ne cherchons pas à dénoncer quoi que ce soit. Nos élèves ont eu carte blanche pour soumettre aux co-commissaires de l’exposition des propositions artistiques à travers des notes d’intentions, puis Hugo Vitrani, Ladj Ly, JR et Mathieu Kassovitz en ont retenu une vingtaine. La plupart des élèves se sont inspirés de ce qu’ils vivent au quotidien ou de témoignages. Les œuvres sont très fortes et ne sont pas nécessairement axées sur la stigmatisation ou les violences. Nous avons découvert que nos élèves réalisateurs pouvaient être sculpteurs ou dessinateurs et que nos élèves de la section Art et Image étaient aussi des vidéastes. De ce fait, les oeuvres, tournées cet été, sont aussi bien des courts métrages, des photos que des installations et des performances. Certaines d’entre elles proposent d’ailleurs l’écoute d’audios via des QR codes où l’on peut entendre des témoignages riches et passionnants.
Infos pratiques : Exposition « Jusqu’ici tout va bien » au Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris (16e). Du 29 août au 7 septembre. Tarifs : 12€ (plein tarif), gratuit pour les moins de 18 ans. Accès : Métro Iéna Ligne 9 Arrêt Iéna. Plus d’infos sur palaisdetokyo.com
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2 septembre 2020 - Paris
