Balades
|

Un voyage de Paris à Dunkerque en TER et à vélo

© Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
La plage de Berck et ses dunes / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris

Partir à la mer à vélo et en TER depuis Paris. C'est le voyage dans lequel s'est lancé durant trois jours cet été Yannick Mulot, cofondateur d'Enlarge your Paris, de la gare du Nord jusqu'à Dunkerque puis Lille. Il raconte.

Comment l’idée d’aller à Dunkerque en TER et à vélo t’est-elle venue ?

Yannick Mulot : Ce n’était pas mon idée première, je l’avoue. En réalité, je voulais d’abord terminer la Vélodyssée entre Royan et Hendaye, entamée il y a quelques mois. Mais tous les TGV qui proposaient de rares places pour les vélos étaient déjà complets, et ceux qui restaient nécessitaient que je démonte le mien. Je n’avais pas envie de cette logistique. J’ai donc cherché ce qui était accessible en train et à vélo depuis Paris. J’ai découvert qu’un TER permettait de rallier en une heure la gare du Nord à Amiens (Somme) à partir de 5 euros. Et Amiens n’est qu’à 70 km du Crotoy (Somme), en baie de Somme, célèbre pour sa longue plage plongeant dans la Manche.

Quel équipement avais-tu prévu pour ce voyage de trois jours ?

Pour ne pas avoir de sac à dos, j’avais prévu une double sacoche qu’on peut retirer si le système d’accrochage du TER est en hauteur, comme c’était le cas dans le Paris-Amiens. Dans l’une des sacoches, j’ai rangé mes habits de cycliste pour la journée – vêtements de sport, de pluie et cuissard pour éviter les frottements dus aux longues heures de vélo. L’autre sacoche est réservée à mes vêtements du soir. J’y mets aussi des claquettes pour le camping, une serviette fine qui sèche rapidement, un petit matelas gonflable et des boules Quies qui se révèlent utiles quand on a sommeil à 22 heures et que les enfants du camping jouent à proximité ! Ma tente deux places est fixée sur mon porte-bagages mais j’ai commis l’erreur de faire l’économie du sac de couchage. Je pensais que des vêtements chauds suffiraient en plein été, mais c’était compter sans l’humidité de la mer. Donc le sac de couchage n’est pas un luxe ! Au niveau du guidon, j’avais prévu un porte-téléphone pour pouvoir suivre mon GPS, une batterie externe et une gourde en accès facile. Néanmoins, une gourde de secours glissée dans l’un des sacs est nécessaire si on ne trouve pas de point d’eau.

Une telle excursion demande-t-elle beaucoup d’organisation ?

Au contraire ! On peut réserver son billet à la dernière minute, un billet valable pour le TER suivant si on rate celui qu’on avait prévu. À l’intérieur de chaque TER, on trouve des crochets pour les vélos et même des prises pour charger son téléphone.

Yannick Mulot, co-fondateur d'Enlarge your Paris lors de son périple à vélo entre Paris et Dunkerque / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
Yannick Mulot, cofondateur d’Enlarge your Paris lors de son périple à vélo entre Paris et Dunkerque / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris

Comment ton voyage jusqu’à Dunkerque s’est-il passé ?

En arrivant à Amiens, j’ai entendu les premières mouettes ! J’ai ressenti une certaine émotion à l’idée que j’étais en chemin pour la mer alors qu’une heure auparavant j’étais à la gare du Nord avec mon vélo. Peu à peu, les odeurs de la campagne ont évolué vers des senteurs plus marines. Le vélo permet de voyager connecté au monde. C’est très émouvant, et joyeux. Côté technique, j’ai d’abord préparé ma route jusqu’à Dunkerque avec une appli de vélo, Openrunner, mais j’aurais pu improviser. J’ai roulé principalement sur le chemin de halage le long de la Somme jusqu’au Crotoy que j’ai rallié en une grosse après-midi. Étant un cycliste régulier, je n’ai mis « que » cinq heures avec une heure de pause pour parcourir les 75 km depuis Amiens. Cependant, je suis passé par pas mal de villes où j’aurais pu faire escale. Le vélo permet de découvrir des lieux insoupçonnés comme le château de Long et ses immenses serres, situé peu avant Abbeville. Par la suite, après avoir passé une nuit au camping de Berck (Pas-de-Calais) à 28 km du Crotoy, j’ai emprunté la véloroute de l’Europe centrale qui longe toute la côte nord avant de mettre le cap vers l’est. Le lendemain, j’ai roulé encore 75 km et j’ai dormi à Wissant (Pas-de-Calais), une très jolie ville de bord de mer, avec en prime un coucher de soleil hautement « instagramable » ! La preuve, beaucoup de mes abonnés ont cru que je me trouvais dans le Sud…

Que retiens-tu de cette expérience ?

J’ai découvert tout un nouveau monde d’aventures au feeling. Il fait beau, tu as un week-end devant toi ? Tu peux réserver un billet sur ton téléphone et te voilà, l’après-midi, à la force des mollets sur une longue plage de sable fin, ou en face des côtes anglaises, qui paraissent si proches. C’est très troublant. J’ai voulu tester une aventure en solo, pas trop loin de la maison, et pour finir je découvre que j’aurais pu continuer à faire des sauts de puce à vélo et en TER jusqu’à Rouen (Seine-Maritime) ou Tours (Indre-et-Loire). J’ai finalement terminé mon périple à Lille chez des amis et je suis revenu en TER, en deux heures au lieu d’une heure. C’est vraiment une manière de voyager sans contraintes, sans horaires. Un sentiment de pure liberté que je ne suis pas près d’oublier !

Prévois-tu d’autres voyages de ce type ?

Oui ! Je me heurte à une difficulté, néanmoins. J’ai voulu trouver des idées de balades du même genre – TER + vélo – mais pour l’instant aucune carte ne semble proposer une vision globale des TER en France. Chaque région possède son site correspondant, mais je ne trouve aucun outil qui permette de les relier en un coup d’œil. C’est bien dommage, car cela pourrait donner des idées de voyage. Il faut tâtonner, avoir déjà une idée en tête pour réserver. Cela tombe bien, j’ai des envies de Loire – et de châteaux ! –, et il existe un TER qui va de Paris à Orléans. De là, je compte bien rouler jusqu’à Tours. J’ai un autre projet en perspective : dresser une carte des TER accessibles depuis le Grand Paris avec Enlarge your Paris pour donner envie aux Grand-Parisiens de pousser la balade encore un peu plus loin le temps d’un week-end !

© Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
Piste cyclable à Neufchâtel-Hardelot dans le Pas-de-Calais / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
© Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
À bord du TER / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
© Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
La plage du côté de Berck dans le Pas-de-Calais / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
© Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
Sur les hauteurs d’Équihen-Plage dans le Pas-de-Calais / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
Le réconfort après l'effort / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
Le réconfort après l’effort / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
© Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
Soleil couchant à Wissant dans le Pas-de-Calais / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
© Yannick Mulot pour Enlarge your Paris
Accès au GR 120 à Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais / © Yannick Mulot pour Enlarge your Paris

Lire aussi : Le bikepacking, voyager à vélo sans forcément partir loin

Lire aussi : Quatre boucles à vélo pour découvrir le Grand Paris autrement

Lire aussi : Trois balades faciles à vélo depuis Paris vers les parcs du Grand Paris