"Le Piéton du Grand Paris", c'est lui. Ecrivain-voyageur, Guy-Pierre Chomette a suivi en 2013 le tracé du futur métro du Grand Paris Express. De ce parcours, il a tiré un élégant et amusant récit de voyage, que soulignent les photos poétiques et décalées de son compagnon de marche, Valerio Vincenzo. Quatre ans après la publication de son livre aux éditions Parigramme, il nous donne rendez-vous dimanche 14 octobre sur le chantier de la future gare de la ligne 16 au Bourget pour parler de cette aventure journalistique.
Interview publiée le 22 juin 2014
Où le piéton du Grand Paris que vous êtes s’est-il aventuré ?
Guy-Pierre Chomette : Nous avons réalisé une traversée Nord-Sud-Nord depuis Roissy, en contournant Paris par l’Est et en remontant par l’Ouest, ce qui nous a permis de rallier les différentes lignes du futur métro. Mon sujet de prédilection étant les frontières, nous avons cherché celles du futur Grand Paris, aux confins de la banlieue, là où la ville et les champs se rencontrent, se frottent, se cherchent. Nous avons percé le tissu urbain, très dense, de la Seine-Saint-Denis et longé les champs de blé de l’Hurepoix (Essonne et Yvelines). Notre périple nous a fait traverser quatre pays qui entourent et nourrissent Paris depuis des siècles : au Nord, le Parisis, qui va des boucles de l’Oise jusqu’à celles de la Marne et qui correspond au Val-d’Oise et à la Seine-Saint-Denis ; à l’Est, la Brie (Val-de-Marne) ; au Sud, l’Hurepoix, où coulent l’Yvette, la Bièvre et l’Orge qui traversent les Hauts-de-Seine et l’Essonne ; et puis à l’Ouest, le Mantois (Yvelines). Tout cela sera modifié par le métro. Comment, quand ? Personne ne peut le dire.
Et ces vieux « pays », ils existent toujours ? Ils pourraient façonner la future identité grand-parisienne ?
Pas vraiment. Ces pays survivent dans la mémoire de quelques-uns. Je les ai évoqués pour le plaisir de faire un voyage géographique et historique. Alors qu’est-ce qui va créer de l’identité ? C’est une vraie question. Aujourd’hui il n’existe pas de monuments incarnant le Grand Paris. Roissy et la Tour Pleyel sont tristes. Et pour les gens, c’est une chose soit très abstraite, soit complètement étrangère à leur quotidien. Les gars de Bobigny ne sont jamais allés à Saint-Quentin. Mais on en reparlera dans cinquante ans. Parce que selon moi les transports vont fortement contribuer à créer une identité commune.
Justement, les gens que vous avez rencontrés, ils savent que cela existe ce projet de Grand Paris Express ?
Pas du tout, personne n’en parle, voire même ne connait l’existence de ce projet ! Sauf les élus qui attendent le désenclavement, notamment dans le 93. Mais bon, tout cela, c’est à échéance de vingt ans, c’est très abstrait, et rien n’est certain. Ceci étant dit, le métro va raccorder des territoires décousus, fragmentés. Et ça, on le comprend en marchant. Parce que la topographie parle un autre langage que la carte administrative qui a découpé les territoires selon sa propre logique. Je vous donne un exemple : quand vous êtes à Clichy-Sous-Bois (Seine-Saint-Denis), vous avez tout d’un coup une perspective qui va jusqu’à La Défense. Le paysage vous fait comprendre que le plus riche et le plus pauvre appartiennent au même ensemble. C’est ça que le métro va rejouer. C’est passionnant. Il faudra juste être patients.
Infos pratiques : Rencontre avec Guy-Pierre Chomette le dimanche 14 octobre de 15h à 16h dans le cadre de la fête de chantier KM4 du Grand Paris Express, rue de Verdun, Le Bourget (Seine-Saint-Denis). Entrée libre. Plus d’infos sur Facebook. Carnet de voyage « Le Piéton du Grand Paris : voyage sur le tracé du futur métro », Guy-Pierre Chomette, photos de Valerio Vincenzo. 282 pages. Editions Parigramme.
A voir : Les paysages du Grand Paris vus des fenêtres du Grand Paris Express piéton
8 octobre 2018
