Œuvre de l'homme d'affaires et philanthrope Albert Kahn, le jardin Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt offre un voyage à travers la flore du monde entier, des jardins de Kyoto à la forêt vosgienne, et sert de showroom aux couleurs du printemps. Journaliste pour Enlarge your Paris, Pauline de Quatrebarbes est allée en prendre plein les yeux.
Tout avait pourtant mal commencé. En ce mercredi, le ciel ne reflète guère les couleurs du printemps. Son gris menaçant laisse entrevoir une journée humide. Qu’à cela ne tienne. J’ai rendez-vous avec le jardin Albert-Kahn actuellement en pleine floraison et je n’entends pas passer à côté de ce feu d’artifice végétal. Quand j’arrive à Boulogne (Hauts-de-Seine), nous sommes en plein arrosage automatique céleste. Mais qu’importe, je vais pouvoir m’abriter dans le musée qui rassemble les « Archives de la planète » constituées par Albert Kahn au siècle dernier. Entre 1909 et 1931, le banquier philanthrope envoie des vidéastes et des photographes aux quatre coins du globe pour immortaliser « un monde voué à disparaître et dont il veut transmettre la trace aux générations futures ». Résultat, quelque 72 000 photographies autochromes [procédé de photo couleur breveté en 1903 par les frères Auguste et Louis Lumière, Ndlr] et une centaine d’heures de films sont à découvrir entre ces murs, au sec.
L’imaginaire tourne à plein régime
Le temps de contempler la collection et la pluie se calme, me permettant de commencer ma balade à travers le fameux jardin mappemonde. Mon périple débute par le « quartier » japonais. Dans ce décor onirique, qui abrite entre autres un pavillon des thés venu tout droit du pays du Soleil-Levant, je découvre des arbustes à foison et une montagne de fleurs. Puis je continue ma route dans les hauteurs de ce parc de 4 ha, artificiellement surélevé pour suggérer le relief de la forêt vosgienne. Au loin, j’aperçois un ravissant petit pont rouge, digne de la toile de Monet Le Bassin aux nymphéas ou d’une carte postale de Kyoto.
L’imaginaire tourne à plein régime. Ici, lavande d’Afghanistan, magnolias étoilés, cerisiers du Japon, vigne de l’Oregon, lilas des Indes, fleurs des elfes, marronniers rouges, pavot du Pays de Galles, épicéas du Colorado et cèdres de l’Atlas se côtoient comme sur les bancs des Nations unies. De quoi donner le tournis à son smartphone tellement il y aurait de clichés à emmagasiner. D’ailleurs, autre lieu du jardin, la Fabrique des images présente le matériel cinématographique avec lequel les opérateurs des « Archives de la planète » ont parcouru le monde pour en rapporter des souvenirs sur pellicule. Une autre époque où l’instantanéité ne dictait pas encore sa loi. Et qui nous rappelle qu’il faut savoir aussi prendre le temps…
Infos pratiques : musée-jardin Albert-Kahn, 2, rue du Port, Boulogne-Billancourt (92). Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 19 h. Tarif : 9 € (plein tarif), gratuit pour les moins de 26 ans. Accès : métro Boulogne–Pont de Saint-Cloud (ligne 10). Infos et réservations sur albert-kahn.hauts-de-seine.fr
Lire aussi : Comment j’ai découvert le parc de Saint-Cloud, 18 fois plus grand que le jardin du Luxembourg
Lire aussi : Les cinq plus grands parcs du Grand Paris à tester
Lire aussi : La Tour aux figures, une œuvre immersive pensée comme une rando en montagne
25 avril 2025 - Boulogne-Billancourt
