Je me suis promenée dans le parc de Noisiel, ce géant vert méconnu

Le parc de Noisiel / © Office de tourisme Paris - Vallée de la Marne — Le parc de Noisiel en Seine-et-Marne et ses quelque 90 ha, soit plus de quatre fois le jardin du Luxembourg / © Office de tourisme Paris – Vallée de la Marne

Il y a les sentiers battus, qui jouissent d’une certaine aura ; et il y a ceux plus insoupçonnés qui recèlent de trésors tout aussi insoupçonnés. C’est le cas des allées du parc de Noisiel (Seine-et-Marne), voisin du château de Champs-sur-Marne, un brin plus connu quoique toujours dans l’ombre des géants franciliens comme Versailles et Fontainebleau. Au total, ce sont près de 90 hectares de verdure (soit plus de quatre fois le Jardin du Luxembourg à Paris) qui m’attendent. Mon vélo ne sera donc pas de trop pour l’explorer.

Après un passage dans les jardins du château de Champs (accessibles gratuitement), inspirés par André Le Nôtre et qui ont servi de décor au cultissime Marie-Antoinette de Sofia Coppola, me voici devant la grille d’entrée monumentale du parc qui rappelle aux visiteurs qu’ici aussi il y eut un château. Endommagé par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, il fut définitivement rasé en 1954 par la famille Menier (les fameux chocolats, rappelez-vous) qui avait racheté le domaine en 1879. Magie de la campagne à la ville, juste à droite de la grille, pendant que deux hommes s’activent dans un potager, un apiculteur s’équipe pour rendre visite à ses abeilles.

Entre bois et prairie

Quelques coups de pédale et me voilà en train de border une immense prairie où de nombreuses familles ont choisi de s’installer pour la journée, avec musique et glacière, un œil sur l’aire de jeux aux grands toboggans colorés. Sans transition, ma monture me fait passer de cette vaste plaine à la fraîcheur des bois afin de rallier la Marne, toute proche mais encore invisible. Je croise quelques vestiges du château disparu, ou devrais-je dire quelques vestiges de vestiges, car là n’est pas l’intérêt de la balade. Au milieu de ce bois bien entretenu, je me surprends à chantonner Yves Duteil sur les nombreux petits ponts de bois qui enjambent les bras dormants de la Marne. Chemin faisant, je parviens sur des collines aux herbes hautes où quelques moutons s’activent pour tondre les lieux. En discutant avec un habitué, j’apprends qu’ânes et vaches peuvent aussi parfois prêter main forte. Difficile de s’imaginer si proche de Paris (à seulement 20 km d’ici).

Une pente douce et me voici sur les bords de Marne. Peu de promeneurs mais assez toutefois pour ne pas se sentir seule. Sérénité, calme, volupté… J’en profite pour me poser quelques instants et reprendre mon souffle après les côtes un peu ardues de la forêt. Un peu plus loin, je découvre une superbe vue sur l’ancienne usine des chocolats Menier, qui fut l’une des plus grandes chocolateries européennes et en attente aujourd’hui d’une reconversion.

Rencontre avec un marronnier du troisième type

Après deux heures de déambulation, je découvre enfin le fameux marronnier remarquable du parc avec ses 28 mètres d’envergure et ses 34 mètres de hauteur. Il est dit « marcottant » car ses branches les plus basses plongent dans la terre, s’y enracinent pour reformer d’autres arbres quelques mètres plus loin. Un panneau en explique le principe et cite François-René de Chateaubriand, dans ses Mémoires d’outre-tombe : « Je les rappelle avec regret, ces moments écoulés sous les grands marronniers de Noisiel ». Sans me prendre pour Chateaubriand, je me rappellerai néanmoins longtemps ce joli moment suspendu sur les chemins du parc de Noisiel. « Ô temps, suspends ton vol », écrivait un autre romantique bien connu.

Infos pratiques : parc de Noisiel, cours du Château, Noisiel (77). Accès libre. Horaires variables selon saisons. Accès : gare de Noisiel (RER A) puis 1 km à pied. Plus d’infos sur aglo-pvm.fr