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Stéphanie Quatremare, la femme chocolat de Montrouge

Stéphanie Quatremare a créé la première chocolaterie de Montrouge en 2017, L'Ephémère Douceur / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris
Stéphanie Quatremare a créé la première chocolaterie de Montrouge en 2017, L’Ephémère Douceur / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris

Elles sont moins médiatiques que leurs confrères masculins. Pourtant, les chocolatières du Grand Paris ne manquent pas de talent. À la veille de Pâques, Enlarge your Paris est parti à la rencontre de Stéphanie Quatremare à Montrouge qui, après des études en aménagement du territoire, a finalement choisi de passer un CAP pâtisserie pour devenir chocolatière et créer sa propre boutique, L’Éphémère Douceur.

À l’occasion de ses 10 ans, Enlarge your Paris publie jusqu’à la fin de l’année une série « Portraits de Grand-Parisiens » qui sont une source d’inspiration et la raison d’être de notre média local.

Si à Pâques on cache les chocolats, à Montrouge (Hauts-de-Seine), ce sont les chocolats qui se cachent, ou plutôt celle qui les fait. Stéphanie Quatremare a baptisé sa chocolaterie « L’Éphémère Douceur » ; mais elle aurait pu tout aussi bien l’appeler « Le Goût de la discrétion » tant elle n’aime pas se mettre en avant. D’emblée, l’artisane nous confie que la communication n’est pas son fort : « Je ne suis pas très bavarde ». Peu douée pour la communication donc, mais très loquace en matière de chocolats quand il s’agit de les défendre : « En règle générale, j’aime les choses simples mais gourmandes. J’ajoute souvent des clins d’œil à mon Alsace natale comme l’« arbre à chocolats », une tradition alsacienne de Pâques. J’aime aussi donner du volume à mes boîtes. La mode est davantage à l’homogénéité, à une sorte de design très épuré des chocolats. Quand j’ouvre une boîte de chocolats, je préfère apprécier différentes formes et hauteurs. »

Hormis son attachement à sa région natale, Stéphanie Quatremare se dit peu influencée et ne regarde pas les vidéos de chocolatiers à la mode sur les réseaux sociaux. « Je n’arrive pas à m’intéresser à ce monde virtuel », se justifie-t-elle. Quant à son parcours, il est bien plus atypique qu’elle ne voudrait le faire croire. Dans une première vie, Stéphanie Quatremare a entrepris des études en aménagement du territoire en Alsace avant de filer au Havre pour y passer sa licence et rencontrer son futur (premier) conjoint, un Francilien. La jeune femme déménage à Paris et se rend compte qu’elle a, de loin, préféré son option arts plastiques aux cours théoriques de son tronc commun. Après quelques hésitations, ce sera donc le CAP pâtisserie, nécessaire pour se lancer dans la création de chocolats. « Pourtant, je n’ai pas le souvenir de ma mère entrant chez un chocolatier, explique-t-elle. Nous n’achetions que du chocolat très ordinaire. La chocolaterie n’est pas un rêve d’enfant », s’étonne-t-elle encore.

Première chocolaterie à ouvrir à Montrouge

Après une dizaine d’années de salariat, notamment chez le chocolatier Régis à Paris (16e), elle subit les revers économiques de son employeur. Le moment de changer de manière de travailler : « J’habitais alors Montrouge et, à l’époque, il n’y avait pas d’artisan-chocolatier », se souvient-elle. La boutique ouvre en 2017, juste pour Pâques. Un an plus tard, l’artisane se hisse en finale des trophées Créatrices d’avenir, catégorie « savoir-faire ». Depuis, elle n’est plus la seule chocolatière à Montrouge : « Nous sommes trois à nous être installées en sept ans. C’est bien mais il n’en faut pas plus ! », note-t-elle en rangeant ses fritures de poissons en chocolats en forme de boîtes de sardines colorées.

Parmi les nouveaux arrivants, la chocolatière Mitsuha y a ouvert un magasin. « Nous nous connaissons bien. Il y a quatre ans, j’avais été invitée par la Confédération des chocolatiers au Salon du chocolat en tant que « petit chocolatier » pour tenir un stand. Mitsuha, alors déjà beaucoup plus connue, m’avait aidée à transporter mes produits et a même présenté mes chocolats au public ! C’est dire ma timidité. » Stéphanie Quatremare semble en effet bien s’entendre avec ces autres créatrices de chocolats du sud de la capitale, de Mitsuha, installée à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) et Montrouge, à Tiphaine Corvez, qui officie à Cachan (Val-de-Marne) et Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). « Je ne peux pas vous dire combien de femmes chocolatières exercent en Île-de-France mais nous sommes plutôt nombreuses ! », confie-t-elle. Auraient-elles cependant moins visibilité que leurs confrères masculins ? C’est une autre question.

Lorsqu’on lui demande si elle envisage de s’agrandir, la réponse fuse : « Surtout pas ! Je suis bien chez moi, et je n’aime pas trop déléguer. Je veux rester dans l’artisanat, continuer à créer et à suivre ma production de A à Z. J’ai ce qu’il me suffit pour vivre. Pourquoi vouloir plus ? ». Et lorsqu’on lui lance en souriant « Pour vivre heureux, vivons cachés ! », Stéphanie Quatremare ne dément pas. Pas de bol, nous, on connaît l’adresse et on y reviendra.

Infos pratiques : L’Éphémère Douceur, 54, avenue Henri Ginoux, Montrouge (92). Ouvert du mardi au samedi de 10 h à 19 h. Accès : métro Mairie de Montrouge (ligne 4). Plus d’infos sur Facebook

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