Tester un nouveau kebab : là, étrangement, mon acolyte adolescent du mercredi est beaucoup plus dispo que quand il s’agit d’aller visiter une expo. Et tiens, bizarrement, mon conjoint aussi a beaucoup moins d’obligations en vue.
– Non mais attendez, c’est pour le travail, je leur rappelle. On n’est pas juste là pour se mettre bien ! L’idée est d’aller essayer un kebab qui fait des döner véganes et veggies.
Si l’enthousiasme du conjoint ne décroît pas, en revanche la menace gronde du côté de la descendance :
– Nan mais je mange pas un truc en fausse viande à base de betteraves ou je ne sais quoi, moi !
Bon visiblement, je n’ai pas enfanté l’alter ego de Greta Thunberg… Cette déconvenue passée, je choisis la voie de la diplomatie :
– Il y en a au poulet, tu n’auras qu’à prendre celui-là. Ton père prendra celui au halloumi pour les végétariens et moi j’essaierai celui au seitan pour les véganes.
Le conflit kebabiesque résolu, nous filons vers Impact Berliner Kebap, rue du Chemin-Vert (11e). Sur le trajet, j’avoue avoir un brin le seum. Le seitan, également connu sous le nom de « viande de blé », ne me fait pas particulièrement rêver. À chaque fois que j’en ai mangé, j’ai trouvé ça assez peu intéressant gustativement. Mais bon, ma fameuse antienne « c’est pour le travail » en tête, nous voilà en route.
Des sandwichs « mastodontesques »
Mieux vaut avoir les yeux en face des trous pour ne pas manquer l’échoppe de 10 m2 avec deux tables à l’intérieur et deux sur le trottoir. Impact Berliner Kebap se signale néanmoins par la petite file qui attend pour récupérer son sandwich. Et aussi par le nombre de passants qui saluent Mahdi Abid, le maître des lieux. « J’ai créé l’endroit il y a trois ans et demi, raconte ce professionnel passé notamment par le Procope et le Pied de Cochon. Dans les brasseries où j’avais travaillé, je voyais bien que l’offre végétarienne et végane était très réduite. C’est pourquoi ici, elle a été pensée dès le départ. »
Le sandwich sous forme de pain ou de galette mais également proposé en bowl se décline donc soit avec du seitan, du halloumi ou du poulet. Pourquoi pas de l’agneau ? « Parce que le poulet est un produit maîtrisable et goûteux. Souvent, dans d’autres restaurants, quand je vois la broche, la viande d’agneau est grise voire blanche. Le poulet, lui, se caramélise bien. »
Posés sur une des tables à l’extérieur, on voit arriver les mastodontes : des sandwichs costauds qu’on doit un peu déblayer à la fourchette avant de les enfourner. La première bonne surprise, c’est la belle proportion de légumes qui tranche avec le sempiternel salade-tomates-oignons. Ici, on a de la feuille de chêne rouge, de l’oignon rouge, de la batavia, du chou rouge mariné et une pointe de carottes râpées.
Le pain, livré deux fois par jour par un boulanger, est croustillant. Sa mie, bien alvéolée, absorbe magnifiquement la sauce. Quant aux frites, elles sont maison avec double cuisson puis enrobées dans un mélange d’épices. « Les crudités, les sauces, les frites, la viande… On prépare tout ici, explique Mahdi qui revient du bistrot d’à côté avec un café pour une cliente. Le matin, tout le monde est là ! C’est pas en mode « certains arrivent juste avant le service », non, non… On est six à travailler en cuisine. Si tout n’était pas confectionné ici, être trois serait suffisant. »
Fêta végétale et halloumi fondant
Et les sandwichs végétariens et véganes ? Mon conjoint apprécie que le halloumi ne soit pas caoutchouteux mais au contraire bien fondant. De mon côté, je signe l’armistice avec le seitan qui a un petit goût de champignon très plaisant. « Et la fêta végétale, vous avez aimé ? », demande Mahdi. On lui fait répéter la question : on n’y a vu que du feu et on n’avait même pas tilté que la fêta nous avait été servie dans une version sans une goutte de lait animal. Car ici, les propositions alternatives ne sont pas du marketing.
Parmi les sauces, outre une délicieuse mayonnaise à l’ail et une sauce blanche au citron, la carte en compte deux strictement véganes : celle au sésame et celle au chimichurri. « On veille aussi à changer nos gants quand on passe de la préparation d’un sandwich carné à un sandwich végétarien. On propose également de mettre les sandwichs dans deux sacs différents si certains ne souhaitent pas que leur sandwich végane soit en contact avec celui de leur collègue qui a opté pour la viande. » Une chose est sûre : Impact Berliner Kebap permet de mettre tous ses amis de différentes obédiences alimentaires autour de la table. Et de faire basculer, avec goût, les plus viandards vers des propositions plus écologiquement soutenables.
Infos pratiques : Impact Berliner Kebap, 119, rue du Chemin Vert, Paris (11e). Ouvert du lundi au vendredi de 11 h 30 à minuit, le samedi de 11 h 30 à une heure du matin. Tarif : formule sandwich/frites/boisson à 12 €. Accès : métro Père-Lachaise (lignes 2 et 3) ou Voltaire (ligne 9). Plus d’infos sur Instagram
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27 février 2024 - Paris