Cette interview est extraite d’une enquête sur le cyclotourisme réalisée par Enlarge your Paris pour le Comité régional du tourisme Paris Île-de-France téléchargeable sur pro.visitparisregion.com
Qu’est-ce que le bikepacking ?
Laurent Belando : Le bikepacking consiste à voyager à vélo en transportant ses affaires dans des sacoches que l’on fixe sur son vélo. Il se différencie ainsi du cyclotourisme qui nécessite d’être équipé d’un vélo doté de porte-bagages sur lesquels on installe des sacs de plus grand volume. On distingue traditionnellement deux types de bikepacking : le bikepacking dit “carte bleue”, lorsque le cycliste dort en gîte, chambre d’hôte ou à l’hôtel, et le bikepacking en autonomie, lorsque l’on emporte tout le matériel nécessaire pour bivouaquer en pleine nature.
Comment faut-il s’équiper lorsque l’on part en bikepacking ?
Il faut juste avoir un vélo, même le plus basique, et acheter des sacoches spéciales que l’on accroche derrière la selle, sous le cadre ou sur la roue avant. On a tendance à mettre tout son budget dans son vélo, ce qui est une erreur. Pour que le voyage soit agréable, il faut avoir, dans ses sacoches, des équipements qui ne soient pas trop lourds et qui, par conséquent, sont plus coûteux, notamment lorsque l’on voyage en autonomie. En termes de vêtements, outre un cuissard, il faut privilégier des tissus respirants (mérinos et synthétiques) qui ont l’avantage d’être plus légers que le coton et de sécher plus rapidement. On a rarement froid à vélo mais il faut penser à prendre un pull et un coupe-vent imperméable, en particulier pour le soir. En fonction de la durée de son voyage, il s’agit de prévoir une ou deux tenues complètes, plusieurs paires de chaussettes, des lunettes de soleil, une casquette de cycliste et bien sûr un casque, sa trousse de toilette et une trousse de secours.
Quels sont les outils qu’il faut avoir avec soi ?
Lorsque l’on part en week-end en bikepacking, le principal risque est la crevaison. Il faut donc avoir sur soi une pompe, une ou deux chambres à air et des rustines. Pour les problèmes de réglages, un multi-outils vélo est indispensable. Je conseille également de prévoir quelques pièces de rechange, comme des patins de frein, et d’emporter un rouleau de bande adhésive, des rilsans, de la ficelle et un flacon de lubrifiant. Côté équipements électroniques, il est préférable d’emmener au moins une batterie supplémentaire pour son portable et éventuellement un GPS vélo ainsi que des lampes rechargeables par port USB.
Comment bien se préparer avant le départ ?
L’idéal est de faire réviser son vélo par un professionnel avant de partir, afin de s’assurer qu’il ne présente aucun gros problème mécanique, et de maîtriser les réparations basiques du quotidien, notamment la crevaison. Pour cela, il peut être utile de se rendre dans un atelier vélo participatif – il en existe une cinquantaine en Île-de-France – pour trouver tous les outils et bénéficier des conseils nécessaires afin de devenir autonome avec son vélo. Il faut ensuite prendre le temps de bien travailler son itinéraire en identifiant les lieux d’hébergement, de visite et de ravitaillement ainsi que les boutiques de réparation en cas de pépin mécanique. Inutile de se lancer dans un périple d’une semaine pour la première fois. Mieux vaut commencer doucement par un circuit de deux ou trois jours que l’on allongera progressivement lors des sorties suivantes. Plusieurs applications permettent de construire son propre itinéraire comme Strava, Komoot ou OpenRunner. Personnellement, j’adore cette phase de préparation car en se plongeant dans son parcours, on commence déjà à voyager. A vélo, c’est bien le chemin qui fait le voyage et non pas simplement la destination.
Quels avantages offre cette façon de voyager ?
La liberté ! Le bikepacking est une merveilleuse façon de s’évader, même le temps d’un week-end. C’est une manière de voyager sans contrainte qui permet de partir à l’aventure, de se rapprocher de la nature, de sortir des sentiers battus en s’éloignant des pistes cyclables très fréquentées, de découvrir des territoires inconnus qui peuvent se trouver à quelques kilomètres de chez soi. Si pour commencer, l’option “bikepacking carte bleue” semble la plus adaptée pour se mettre en confiance, plus on va rouler, plus on va gagner en autonomie, en assurance et en indépendance, en passant notamment au bivouac. Même en l’espace de quelques jours, le bikepacking permet de déconnecter totalement et de faire de superbes rencontres.
Quels itinéraires conseilleriez-vous autour de Paris ?
Il en existe une multitude dont le plus connu est la Véloscénie entre Paris et le Mont-Saint-Michel. Mais l’idéal est de s’éloigner des sentiers battus et de construire soi-même son tracé en fonction des paysages et des lieux d’intérêt que l’on souhaite découvrir. Et l’Île-de-France n’en manque pas ! Ce qui est super, c’est qu’à une vingtaine de kilomètres de Paris on se retrouve très vite en pleine campagne, que ce soit en Haute Vallée de Chevreuse ou sur les bords de Marne.
Un dernier conseil avant le départ ?
Limiter ses bagages au strict nécessaire, se débarrasser du superflu pour ne se concentrer que sur l’essentiel : le plaisir de voyager. Il faut également penser à son retour si l’on effectue pas une boucle. L’avantage de l’Île-de-France c’est qu’elle bénéficie d’un important maillage ferroviaire.
Infos pratiques : “Vélos Nomades, Du cyclotourisme au bikepacking” de Laurent Belando,. Ed. Tana. Prix : 22€. Disponible en librairie et sur librest.com, parislibrairies.fr, fnac.com et amazon.fr
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7 avril 2022