Alerte ! En raison du brevet des collèges, les cours sont banalisés et notre complice du mercredi se retrouve dans nos pattes un lundi. Le tout avec un gros seum des familles : les copains ne sont pas dispos ou n’ont pas le droit de sortir. Et notre rejeton fait une tronche de six pieds de long.
Soucieuse de son bien-être, je lui fais une proposition :
« Ça te dit qu’on aille déjeuner sous le boulevard périphérique ?
– C’est quoi encore, ce plan, soupire l’adolescent qui, on le rappelle, a déjà été manger au fin fond d’un hall d’immeuble de Pantin, a testé un poulet-frites moins cher qu’un Spritz en terrasse, et a grignoté un kebab derrière une pompe à essence.
Ni une ni deux, nous voilà en route pour l’extrême limite entre le 13e arrondissement et Ivry (Val-de-Marne). Plus précisément au niveau du « plat de nouilles » du 13e : le boulevard périphérique et plusieurs bretelles mises en service il y a quelques années. C’est sous cet enchevêtrement de voies que s’est installé La Bretelle, adresse qui nous a été soufflée par le Grand Paris vu de ma Mini et restaurant cofondé par Nicolas Spinola et Nina Fashahi, avec Maxime Huillo en cuisine, passé notamment par le restaurant Fulgurance. « L’idée était vraiment de proposer une restauration festive, explique Nicolas Spinola, avec cantine le midi, after work le soir et programmation culturelle le week-end. »
Côté jardin ou côté périph
Nous, on est en mode cantine. Pour se poser, plusieurs choix s’offrent à nous : le côté jardin avec chèvrefeuille, pommier et glycine – « on a pensé l’endroit comme une oasis dans un quartier assez minéral », poursuit Nicolas Spinola ; sinon il y a l’intérieur installé sous une authentique bulle de piscine adaptée au restaurant ; et enfin l’extérieur côté périph. On choisit la troisième option, attirés par le sentiment de déjeuner face à un circuit Hot Wheels géant. « C’est vrai que ces nouvelles bretelles sont assez design », confirme Nicolas Spinola. Quand même, un léger doute nous étreint : on ne risque pas de faire le plein de particules fines ? « Moins que sur une terrasse lambda dans Paris, explique Nicolas Spinola, où vous êtes au niveau des voitures. Là, vous êtes en contrebas… » Et puis, avec les murs antibruit, on est relativement au calme.
Côté carte, on découvre une proposition resserrée qui lorgne vers la fusion. On débute avec une crème de courgette, petits pois, huile pimentée et cébettes (7 €), idéale pour fêter l’entrée dans l’été. La crème est dynamisée par les petits pois croquants et la cébette qui donne un petit côté astringent au plat. Puis nous optons tous deux pour la salade thaïe (14 €). Bourrée de coriandre et de cacahuètes bien torréfiées, elle est servie généreusement. Pour ma part, elle est légèrement trop pimentée mais mon acolyte n’y trouve rien à redire.
En dessert, ce seront des castagnoles à la ricotta : ces beignets italiens de forme ronde (rappelant donc les castagnettes auxquelles leur nom fait allusion) sont servis avec une compotée abricot et romarin ni trop acide ni trop sucrée pour donner un peu de peps à l’ensemble. À noter qu’une sandwicherie accueille également les gourmands pour une addition plus légère. Sachant qu’un nouveau chef fera bientôt son arrivée pour prendre en main la carte du soir composée de tapas avec des propositions entre 8 et 12 € l’assiette.
Promenade digestive et architecturale au cœur de la ZAC Rive gauche
Au retour, on profite d’être du côté de la ZAC Rive gauche pour poursuivre la balade architecturale. Après le déjeuner à La Bretelle avec vue sur la tour Duo signée Jean Nouvel, on fait un crochet par la tour de la biodiversité avec sa façade végétalisée imaginée par Édouard François, à l’angle de l’avenue du Général d’Armée Jean Simon et de la rue Albert Einstein (13e). Puis par le campus des Grands Moulins de l’université Paris-Cité (13e), dont une partie est implantée dans les anciens Grands Moulins de Paris et a été réhabilitée par Rudy Ricciotti. Pour approfondir notre connaissance de Ricciotti, nous bifurquons sur l’avenue de France (13e), sur le tronçon 115-131, pour contempler son imposant « Nid », qui accueille de drôles d’oiseaux humains.
Avant de s’engouffrer dans le métro à Austerlitz (13e), on regarde les skaters au pied de l’imposant immeuble-pont du groupe Le Monde, pensé par l’agence norvégienne Snohetta. Le soleil darde de ses rayons les plaques de verres de la façade, offrant mille nuances de reflets. Soyons honnête, l’ado se fiche royalement de notre exposé architectural : « On rentre à la maison ou tu nous fais une excursion, là ? » Encore un peu de boulot pour le sensibiliser à la beauté du béton…
Infos pratiques : La Bretelle, 9, rue Jean-Baptiste Berlier, Paris (13e). Ouvert les lundis et mardis de midi à minuit, du mercredi au vendredi de midi à 2 h du matin et le samedi de 15 h à 2 h du matin. Réservations via resalabretelle@gmail.com. Accès : métro Bibliothèque François Mitterrand (ligne 14) ou tram T3a arrêt Avenue de France. Plus d’infos sur Instagram
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29 juin 2023 - Paris