“C’est vrai qu’on aime les gens, qu’on aime accueillir. Il y a aussi l’architecture du lieu, ses lignes de béton, ce jeu entre le nouveau et l’ancien, la réhabilitation. C’est un lieu qui te permet à la fois d’être dans le public en train de faire la fête ou un peu plus reclus, tranquillement installé sur le balcon ou à la cantine avec tes amis ou ta chérie.” Jérémy a raison : malgré son côté brut, la Marbrerie ressemble à un gros chalet dont l’ossature est faite de bois massif, ce qui renforce son aspect singulier et le ressenti de son expérience. C’est aussi une question de philosophie et d’approche.
« On ne veut que des expériences imparfaites mais qui nous touchent »
Petit Nantais, Jérémy Verrier a d’abord traîné dans la sphère indé française avec Philippe Katerine, Dominique A ou les Little Rabbits avant de partir pour Lyon faire un IUP “Métiers des arts et de la culture” puis une fac d’anthropologie et de socio. “C’est super important parce que c’est aussi une autre façon de découvrir la culture. On avait des profs en philo, en socio et en anthropologie qui nous donnaient du Bourdieu et différents courants de pensée à étudier et ça dit quelque chose de la culture et de l’art aujourd’hui. C’est une façon d’aborder les choses différemment. Au lieu de faire des soirées où tu vends des billets et de la bière, tu dis quelque chose de la société. Ça m’a aussi permis de rencontrer toute la bande des Nuits Sonores. Du coup j’ai un peu baigné dans l’univers des musiques électroniques que je connaissais moins. Cela dit, il n’y a pas à mes yeux de nouvelles ou de vieilles cultures, il n’y a que des cultures qui ont des choses à dire sur notre monde contemporain. Je n’ai jamais abordé les choses en tant que spécialiste. J’ai beaucoup de potes qui sont spécialistes de telle ou telle musique. C’est passionnant. Ils peuvent te parler pendant des heures et c’est génial à écouter. Moi ce qui me fait plaisir c’est de pouvoir accueillir toutes ces personnes et ce qui fait sens, c’est de trouver un fil commun à tout ce que ça raconte. Je vois autant de points communs entre des passionnés de reggae qui vont te raconter l’histoire d’un vinyle et quelqu’un qui va te parler du solo de violoncelle de Charles Curtis. Tous ces gens transmettent une culture qui est toujours vivante et qui évolue sans cesse. Ce sont des bases pour vivre des expériences. Je pense que les publics ressentent ce désir de transmission et ce besoin de raconter quelque chose de fort. C’est un véritable facteur de création de lien, à la fois avec la musique et avec les gens. Il n’y aura jamais d’expérience parfaite, d’ailleurs on n’en veut pas. On s’en fout. On ne veut que des expériences imparfaites mais qui nous touchent.”
La Marbrerie, 21 rue Alexis Lepère, Montreuil (93). Accès : Métro Mairie de Montreuil Ligne 9. Plus d’infos sur lamarbrerie.fr
Les trois adresses coups de cœur de Jérémy Verrier à Montreuil :
Le Parc des Beaumonts, 16 Avenue Jean Moulin
« Le parc des Beaumonts est un putain d’endroit parce qu’il est vraiment beau et vallonné. C’est un parc qui ressemble bien à Montreuil, fréquenté par un public mélangé. Ce lieu a une vraie poésie. »
Les Éditions de La Ville Brûle
« La Ville Brûle est une équipe que j’aime beaucoup. On partage de nombreux points communs autour de la notion de générosité et ce sont des gens qui pensent le monde. Je suis toujours épaté de ce qu’ils écrivent, j’aime leur culot. Ils ne se la racontent pas alors qu’ils racontent beaucoup. C’est superbe. »
Beers & Records, 17 rue de l’Eglise
« Quand j’ai envie de décompresser un peu, je fais un saut chez les potes de Beers & Records rue de l’Église pour boire une limonade ou une bonne bière. Avec eux j’ai appris à dealer quelques vinyles, ça me fait plaisir d’en passer de temps en temps. »
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13 mai 2018 - Montreuil