Avant de devenir un parc culturel urbain, qu’est-ce que la Villette ?
Frédéric Mazelly : Il s’agit d’un quartier qui regroupe des abattoirs, au même titre que le quartier des Halles. C’est Valéry Giscard d’Estaing, alors président de la République, qui va y lancer le projet de musée des Sciences dans les années 70. Il sera inauguré en 1985 par François Mitterrand qui a continué l’aménagement des terrains alors en friche. Un concours international a été organisé, remporté par l’architecte suisse Bernard Tschumi. Celui-ci a souhaité créer un espace où la circulation puisse être non-stop. Aujourd’hui, la Villette (19e) est devenue le plus grand parc de Paris mais aussi le seul qui n’a pas de barrières. On peut le traverser de jour comme de nuit.
Comment l’aménagement a-t-il été pensé ?
Frédéric Mazelly : L’émergence d’un parc culturel urbain s’est faite de manière totalement empirique. Ce n’était pas la commande de départ. Le parc a été construit de manière entièrement artificielle sur les gravats des anciens abattoirs. Il est traversé par une promenade de 3,5 km de long qui relie plusieurs jardins thématiques dont le jardin des Bambous, deuxième bambouseraie de France. Les lieux culturels sont arrivés au fur et à mesure à partir de 1983 avec le Zénith. Il avait été conçu au départ comme un chapiteau itinérant censé voyager partout en France. Le dernier lieu culturel en date est la Philharmonie qui fête ses 10 ans cette année. On trouve aussi entre autres le Trabendo, salle dévolue au jazz à ses débuts et désormais spécialisée dans les musiques actuelles, le Cabaret Sauvage, qui s’est doté d’un tout nouveau Magic Mirror, la Grande Halle, la Cité de la musique, l’Espace chapiteaux… La Villette, c’est aussi Little Villette pour les enfants, une ferme urbaine ouverte depuis l’an dernier, un poney club, le Kilomètre25 (un open air sous le périphérique, Ndlr), le Jardin21 (friche végétale et culturelle le long du canal, Ndlr) et enfin le Mia Mao, club électro lancé mi-janvier dans un ancien espace de stockage. Tout ça s’est fait sur 40 ans ; mais n’avait pas été pensé dès le départ.
Blanca Li : Aujourd’hui, je ne connais pas de parc équivalent à la Villette ailleurs dans le monde. Il s’y passe toujours quelque chose. J’aime dire que l’on en repart toujours plus riche que quand on y arrive. Il faut être ouvert à l’inattendu. On peut partager des activités qu’on n’aurait pas imaginé faire. Avant d’en être présidente, je venais déjà pour ça. Malheureusement, on ne fait pas encore assez le lien entre tous les lieux qui le composent. C’est ce sur quoi je souhaite travailler après la réussite du Parc des Nations qui a rayonné dans tout le parc pendant les JO l’été dernier.
Par le biais d’une programmation commune ?
Blanca Li : Oui, ponctuellement, pour que l’on se retrouve tous autour de projets communs. Je veux faire en sorte qu’il y ait encore plus d’activités tout au long de l’année et davantage d’événements populaires. J’entends aussi favoriser les pratiques spontanées, notamment en installant des planchers de danse. C’est l’esprit qui a prévalu à la création des terrains de basket ou du jardin des voltiges, plus grand espace de street-workout d’Europe lorsqu’il a ouvert en 2020.
Quelles seront les nouveautés en 2025 ?
Blanca Li : Pour la première fois, nous allons organiser un festival de théâtre en plein air consacré à Molière et à d’autres auteurs classiques. Il se déroulera entre fin juin et début juillet et sera gratuit. Nous allons également ouvrir une Maison des cultures urbaines à la rentrée de septembre où le public pourra venir pour apprendre.
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31 janvier 2025 - Paris