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Et si vous deveniez mécène du dernier cinéma associatif de Paris ?

Menacé de fermeture, La Clef, dernier cinéma associatif à Paris, est occupé depuis 2019 par le collectif La Clef Revival / © La Clef Revival
Menacé de fermeture, La Clef, dernier cinéma associatif à Paris, est occupé depuis 2019 par le collectif La Clef Revival / © La Clef Revival

Dernier cinéma associatif de Paris, La Clef est parvenu a racheté ses locaux l'an dernier après avoir été longtemps menacé de fermeture et grâce à une mobilisation internationale. Aujourd'hui, le cinéma, porté par le collectif La Clef Revival, doit consentir d'importants travaux de remise aux normes avant sa réouverture en septembre prochain et mise sur les dons et l'aide du public. Anciens spectateurs et membres du collectif, Simon et Chloé ont détaillé la démarche à Enlarge your Paris.

Quelle est l’histoire de La Clef ? 

Simon : La Clef est un cinéma associatif. Ce n’est pas un exploitant individuel ou un circuit qui gère sa programmation et sa gestion. C’est un lieu qui se vit comme un bien commun, ouvert aux festivals émergents, aux ciné-clubs étudiants…

Chloé : A sa création en 1973, La Clef était un cinéma d’art et d’essai dont la programmation était centrée tout particulièrement sur les jeunes auteurs. Au début des années 1980, le bâtiment a été racheté par le Conseil social et économique de la Caisse d’épargne d’Île-de-France. Deux salles étaient gérées par les associations et le reste du bâtiment servait aux activités culturelles des salariés de la banque. Dans les années 1990, la Clef a développé sa propre identité en mettant en valeur les films africains ou en lien avec les droits civiques aux USA, un genre sous-représenté dans les cinémas occidentaux. Le cinéma a gardé ce lien avec les mouvements sociaux en France et à l’étranger. Les associations se sont relayées pour le faire tourner jusqu’à ce qu’en 2015 la Caisse d’Épargne souhaite le mettre en vente, mais à un prix trop élevé pour que les associations puissent le racheter. En avril 2018, le cinéma a fermé… C’est là que d’anciens salariés, des artistes du milieu squat, des collectifs culturels et des riverains se sont organisés pour le reprendre le cinéma.

La mobilisation a eu un fort écho médiatique. Comment s’est-elle déroulée ?

Chloé : A partir de septembre 2019, nous avons entamé une occupation citoyenne du bâtiment. On a rallumé les projecteurs en programmant une séance chaque soir à prix libre. On passait des films de genre, des films étrangers, des courts et des moyens métrages.

Simon : Le but de cette mobilisation était de s’assurer que le cinéma resterait tel quel et continuerait d’être porté par le monde associatif. L’idée de le racheter nous-mêmes est venue très vite. On a monté le collectif La Clef Revival afin que tout le monde puisse soutenir le projet et le fasse vivre. Quand on a été expulsés en mars 2022, cela faisait deux ans déjà que l’on s’était déclaré comme repreneurs potentiels. Quelques semaines avant l’expulsion, le cinéma était ouvert en continu de 6 heures à minuit avec des séances complètes dès l’aurore ! Le soutien pour ce cinéma a été large et international.

De quelle aide avez-vous besoin ?

Simon : Aujourd’hui, on compte encore sur les dons. En juin dernier, on a dû débourser 2,8 millions d’euros de fonds propres pour racheter le bâtiment avec un emprunt de 800 000 €. Nous avons encore besoin de 600 000 € pour effectuer des travaux. Dans l’idéal, il nous faudrait 300 000 € des collectivités et 300 000 € de dons du public.

Chloé : La Ville de Paris nous a confirmé son soutien à hauteur de 70 000 €. On attend encore les réponses de la Région et du CNC, en espérant que chacun contribue à environ 20 % du montant des travaux. On réduit les coûts au strict minimum tout en favorisant l’écologie avec le réemploi. Au printemps prochain, on fera aussi un appel au public pour participer à un chantier de menuiserie et de peinture. C’est une belle façon de montrer que ce lieu appartient à tout le monde !

Comment se passe la vie du cinéma La Clef aujourd’hui ?

Chloé : On fonctionne toujours en collectif avec environ 30 personnes et un collectif d’architectes, l’agence Bientôt, suit avec nous l’avancée des travaux.

Simon : Il reste du chemin avant que l’on puisse ouvrir, car le bâtiment est aux normes de 1965… En attendant, on continue la programmation hors les murs les dimanches soir au DOC (19ᵉ) avec d’autres associations pour mettre en lumière d’autres combats que les nôtres. On aimerait faire de la Clef un lieu de vie, notamment en y accueillant des AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne).

Comment le public peut-il s’impliquer dans le futur de La Clef ?

Simon : D’abord en participant à la campagne de dons via retour.laclefrevival.org. On cherche aussi des dons en nature. Participer, c’est s’engager.

Chloé : On invite tous les curieux à passer nous voir au DOC pour discuter et parler ensemble de la suite. C’est ça la philosophie de la Clef : l’inclusivité.

Infos pratiques : « La Clef hors les murs », projections chaque dimanche au DOC, 26, rue du Docteur-Potain (19ᵉ). Entrée libre. Accès : métro Télégraphe (ligne 11). Plus d’infos sur laclefrevival.org et sur Instagram

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