Balades
|

Comment j’ai découvert le 93 dans les décors du marathon paralympique

Le Centre national de la danse à Pantin / © Fred Romero (Creative commons / Flickr)
Le Centre national de la danse à Pantin le long du tracé du marathon paralympique / © Fred Romero (Creative commons / Flickr)

Comme beaucoup d'épreuves des derniers JO, le marathon paralympique a été l'occasion de se plonger dans les décors de l'Île-de-France, et en particulier de la Seine-Saint-Denis. Journaliste pour Enlarge your Paris, Joséphine Lebard en a parcouru un tronçon de Bobigny à Aubervilliers pour en découvrir les richesses culturelles, sportives et architecturales mais aussi gastronomiques.

La rivière olympique de Vaires-Torcy, la piste du Vélodrome national à Saint-Quentin-en-Yvelines, la vague à surf de Cergy ou encore les rochers de la forêt de Fontainebleau… Autant de lieux de sport qui font de l’Île-de-France le plus grand stade au monde desservi par 390 gares hors Paris. Des sites à découvrir jusqu’en septembre à travers une série de reportages en partenariat avec la Région Île-de-France

C’était il y a plus plus d’un mois déjà, le 8 septembre dernier, l’épreuve du marathon paralympique traversait la Seine-Saint-Denis depuis le parc Georges-Valbon à La Courneuve pour s’achever sur l’esplanade des Invalides à Paris (7e). L’occasion, chose rare, de découvrir autrement les décors du 93. En ce matin d’octobre, et avec des ambitions sportives plus modestes (il faut savoir rester lucide), je me lance dans une balade entre sport et culture sur un tronçon du parcours.

Symboliquement, je décide de commencer mon périple en partant du Prisme (Pôle de référence inclusif sportif et métropolitain), à proximité du métro Fort d’Aubervilliers sur la ligne 7 et dont l’ouverture est prévue prochainement à Bobigny (Seine-Saint-Denis). L’objectif : offrir à tous les sportifs, qu’ils soient valides ou porteurs de handicap, des équipements dernier cri avec un dojo, une salle d’armes, un espace d’escalade ou encore une salle de boccia (sport révélé par les derniers Jeux).

Je prends ensuite la direction du parc de la Motte pour me retrouver avenue Henri-Barbusse. Le mur que je longe sur quelques centaines de mètres, celui du cimetière parisien de Pantin, m’indique que je ne me suis pas trompée de chemin. Éclipsé par ses collègues intra-muros comme ceux du Père-Lachaise ou de Montparnasse, ce cimetière-là vaut pourtant le détour. Avec ses 107,6 hectares, c’est tout simplement le plus vaste de France. Et, contrairement à d’autres, il fait la part belle à la nature. Accompagné par le pépiement des perruches qui nichent là, on peut arpenter ses 32 km d’avenues et d’allées en profitant des peupliers argentés, acacias et autres noisetiers de Byzance. Parmi les 145 000 personnes qui y reposent actuellement, on trouve quelques sommités comme le philosophe Emmanuel Levinas, le cinéaste Jean-Pierre Melville ou encore la chanteuse Fréhel.

Le cimétière de Pantin, plus grand cimetière de France / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le cimétière de Pantin, plus grand cimetière de France / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

L’une des plus belles piscines du Grand Paris

En sortant du cimetière, à peine quelques mètres plus loin, une autre escale culturelle m’attend. Le célèbre galeriste Thaddaeus Ropac a en effet ouvert en 2012 une succursale pantinoise dans une ancienne chaudronnerie. Toujours l’occasion de voir de splendides expositions dans ce lieu qui ne l’est pas moins. Celle proposée actuellement est consacrée à l’art américain des années 70. Au programme : Irving Penn, Andy Warhol ou encore Robert Rauschenberg. Bref, on est dans la catégorie poids lourd…

Au sortir de la galerie, deux possibilités, toutes deux testées : agir de manière orthodoxe et s’en tenir au tracé du marathon. Auquel cas, on poursuit tout droit vers l’avenue Édouard-Vaillant. L’occasion de faire un plouf dans la splendide piscine Alice-Milliat fraîchement rénovée et qui est, sans nul doute, l’une des plus belles du Grand Paris. On en profite pour saluer de loin le Centre national de la danse (CND) qui allonge sa silhouette brutaliste sur l’autre rive du canal de l’Ourcq. Puis, en enjambant les voies de chemin de fer, on surplombe la Cité fertile, friche culturelle ouverte dans une ancienne gare de marchandises. L’itinéraire bis, lui, nous fait emprunter la rue Cartier-Bresson, à droite en sortant de la galerie Ropac et permet de s’offrir une session grimpe chez Arkose. Quelques mètres plus loin, nous voilà chez Artagon. Lieu de soutien à la création culturelle dans le Grand Paris, l’association est établie dans un ancien collège et accueille une cantine ouverte à tous.

Qu’on ait choisi la voie officielle ou le chemin des écoliers, on se retrouve sur le tracé du marathon au niveau du métro Aubervilliers–Pantin–Quatre-Chemins, avenue de la République. On peut choisir de se restaurer dans l’une des bonnes adresses tunisiennes qui jalonnent le carrefour. De quoi reprendre des forces avant d’opérer un petit détour sur la droite, rue Lécuyer : c’est là que se trouve la Fondation Cherqui. Une étonnante collection d’œuvres regroupée dans d’anciens labos pharmaceutiques.

La piscine Alice Milliat à Pantin / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La piscine Alice Milliat à Pantin / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Une fin qui ne laisse pas sur sa faim

Retour sur l’avenue de la République et bifurcation, quelques centaines de mètres plus loin, à gauche cette fois-ci dans la rue Sadi-Carnot. C’est là que se trouve La Villa Mais d’Ici, autre friche culturelle implantée depuis plus de vingt ans à la place d’une usine de charbon. Un peu plus loin, après avoir repris l’avenue de la République, je m’approche du Théâtre de la Commune, premier centre de création théâtral créé en banlieue en 1965, et de la fin de mon parcours à la mairie d’Aubervilliers.

Bon, en fait non. J’avoue. J’ai un peu continué. À l’instar des sportifs de haut niveau, j’essaie toujours de me dépasser, d’aller plus loin. J’ai donc marché un bon quart d’heure en direction du Fort d’Aubervilliers pour aller voir La Maladrerie, cet étonnant ensemble résidentiel imaginé dans les années 70 par l’architecte Jean Renaudie. Le fait qu’on y trouve également La Blague, café resto associatif que je voulais tester depuis longtemps n’a évidemment rien à voir avec cette impulsion quasi olympique à aller « plus haut, plus vite, plus fort ». Mais, si vous me le demandez, je vous dirais que la polenta crémeuse que j’y ai goûtée tout comme la crème au cacao valaient largement ce petit supplément sportif de quinze minutes…

Infos pratiques : retrouvez le tracé sur marathon paralympique sur paris2024.org

La Blague à Aubervilliers / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La Blague à Aubervilliers / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Lire aussi : Comment j’ai marché dans des paysages insoupçonnés le long de la Seine

Lire aussi : Comment j’ai appris l’escalade de bloc dans son berceau de la forêt de Fontainebleau

Lire aussi : J’ai testé la piste du vélodrome des Jeux olympiques 2024