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Balade à vélo entre deux géants verts le long du canal de Paris à Sevran

Le canal de l'Ourcq le long du parc de la Poudrerie / © Steve Stillman pour Enlarge your Paris
Le canal de l’Ourcq le long du parc de la Poudrerie à Sevran / © Steve Stillman pour Enlarge your Paris

D'un côté, le parc de la Villette, plus grand des parcs parisiens avec ses 55 ha. De l'autre, le parc forestier de la Poudrerie à Sevran avec ses 144 ha. Et, pour relier ces deux géants verts distants de 17 km : le canal de l'Ourcq. Une balade que la journaliste d'Enlarge your Paris Joséphine Lebard a effectuée à vélo.

En partenariat avec la Ville de Sevran

« Le lundi au soleil, c’est une chose qu’on n’aura jamais », regrettait Claude François. Qui ne travaillait visiblement pas pour Enlarge your Paris puisque, en ce début de semaine ensoleillé, me voici filant sur mon vélo le long du canal de l’Ourcq, direction Sevran (Seine-Saint-Denis) et ses coins de verdure. Depuis la rotonde de Stalingrad (19e), le trajet d’une quinzaine de kilomètres se déroule exclusivement sur voies cyclables. L’occasion de tracer à travers le parc de la Villette (plus grand parc de Paris), de saluer la Géode rutilante et de rouler en direction de Pantin dont les Grands Moulins se profilent à l’horizon.

Les berges constituent un millefeuille historique : ici et là, des usines témoignent du passé industriel très dynamique sur les rives du canal. Plus loin, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), le parc de la Bergère évoque les aménagements de loisirs réalisés à partir de la fin des années 70, en réponse au déclin de l’activité industrielle. De Pantin aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les pieds quasi dans l’eau, de nouveaux immeubles racontent l’attractivité des lieux aux yeux des promoteurs et l’émergence de nouveaux quartiers.

Sur mon téléphone, j’ai mis, pour accompagner ma balade, A Symphonic Celebration, un best-of des musiques composées par Joe Hisaishi pour les films de Hayao Miyazaki et interprétées par le Royal Philharmonic Orchestra de Londres. J’ai choisi la playlist au hasard, mais en est-ce vraiment un ? Car Miyazaki questionne dans ses films les liens de l’homme à son environnement et propose souvent des décors où ville et nature coexistent, comme dans Kiki la petite sorcière et sa ville en bord de mer ou Ponyo sur la falaise et son petit port de pêche. D’ailleurs, me dis-je, le canal bordé de pavillons vers Livry-Gargan et Sevran (Seine-Saint-Denis) évoque de loin ces villes de banlieue japonaises traversées par un petit cours d’eau.

La friche Kodak à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La friche Kodak à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Des sites industriels transformés en espaces verts

Pour le coup, ma première étape évoquerait plutôt les images de Princesse Mononoke avec une nature laissée à l’état sauvage. Qui pourrait croire que, jusqu’en 1995, le site de 11 hectares a accueilli les usines Kodak ? Elle en a conservé le nom puisque me voici donc sur la friche Kodak à Sevran. Entre 2003 et 2012, de vastes travaux de dépollution et de régénération des sols et des nappes ont été menés, rendant possible l’ouverture au public depuis 2013. L’endroit est appelé à devenir un espace naturel à haute valeur écologique dans le cadre du programme « Nature 2050 ». Dans une région grand-parisienne très urbanisée, la création d’un site d’épanouissement de biodiversité mais aussi d’un îlot de fraîcheur plus que bienvenu pour les années qui viennent constitue un vrai trésor. En ce lundi matin, je déambule entre les églantiers et les buissons ardents aux flamboyantes teintes rouges et orange. Quelques pies prennent leur envol à mon approche. C’est presque à regret que je renfourche mon destrier pour la prochaine étape, toujours en longeant le canal. Je passe devant l’Ourcq Can’ohé Club Sevranais. L’école, labellisée par la fédération de canoë-kayak, propose des cours à l’année, mais aussi, régulièrement, des séances d’initiation. Je me note d’aller tester ça prochainement !

À croire que, à Sevran, la conversion de sites industriels en vastes zones vertes est une spécialité locale. Car, comme son nom l’indique, le parc forestier de la Poudrerie abritait

une poudrerie fondée en 1867, afin d’y fabriquer la poudre à canon et à fusil. Quelques beaux bâtiments de briques racontent encore ce passé – une trentaine sur les 300 d’origine – comme, sur les chemins, les tracés d’anciennes voies de chemin de fer. Sous la canopée, on sent clairement la diminution de la température. Il a beau faire 28 °C en ce début d’octobre (gloups), côté ressenti, je table sur 5 degrés de moins.

Au gré des allées, je croise Aubin, un randonneur chevronné, qui me délivre les secrets de la marche afghane (trois pas/trois inspirations, on retient son souffle sur le quatrième pas et on expire sur le cinquième). Pour ma part, je ne suis pas mécontente d’avoir mon vélo car le parc fait quand même ses 144 hectares (soit 5 fois le jardin du Luxembourg) ! Plus loin, un couple de retraités se livre à une partie endiablée de beach ball. Je passe dire bonjour aux séquoias géants ainsi qu’à l’aire de jeux où mes parents m’emmenaient quand j’étais petite. Car, pour les enfants qui ont grandi dans le coin, le parc de la Poudrerie a valeur de madeleine proustienne : on y a tous appris à faire du vélo grâce à ses vastes allées. Plus tard, on s’est essayés au bicross sur ses pentes bien âpres. Quant au cross de l’école, il se déroulait invariablement ici. Ado, avec ma bande de copains, on a même profité de ses allées sous les frondaisons des chênes pour y tourner… un mini-film d’horreur. Vastes étendues herbeuses, mares, mais aussi prairies ou buissons d’aubépines créent une grande diversité de paysages dans lesquels il est plaisant de se balader.

Le parc forestier de la Poudrerie à Sevran / © Vianney Delourme pour Enlarge your Paris
Le parc forestier de la Poudrerie à Sevran / © Vianney Delourme pour Enlarge your Paris

Un verre au vert en terrasse

Je file par la porte Ouest pour prendre un verre sur la terrasse du club-house du golf attenant au parc. Un golf pas comme les autres puisqu’il appartient au Département et est géré par l’UCPA. On peut y faire un parcours de 9 trous – il n’est pas rare d’apercevoir des oies bernaches à proximité de la mare – mais aussi profiter d’une zone de putting et d’un practice. Le tout à des tarifs beaucoup plus démocratiques que dans les golfs privés. D’autant que, le dimanche, de 13 h 30 à 15 h 30, on peut prendre part à une séance d’initiation gratuite. Je me note de revenir et de me programmer une session avec ma descendance.

En attendant, je reprends mon vélo, longe le canal en sens inverse et opère un petit décrochage jusqu’à la gare de Freinville-Sevran. Au milieu d’un quartier tout neuf, sur une placette tranquille, je m’installe à la terrasse du restaurant Le Cap de l’eau. L’adresse doit son nom à une ville de pêcheurs marocaine. Et, logiquement, on peut y faire le plein de poisson qui attendent, tout frais et marinés dans des vitrines. Pour ma part, j’opte pour une très bonne soupe de poisson (6,50 €) suivi d’un tajine de boulettes de sardine bien relevé. Je conclus avec une théière de thé à la menthe (3 €). Mais on peut aussi choisir parmi l’arrivage (27,90 € le kilo) que le cuisinier prépare à la plancha ou en friture. Une bonne adresse à laquelle je me promets de revenir en famille. Car, même si mon fils n’est pas grand amateur de produits de la mer, couscous et tajines à base de poulet sont également à la carte.

Je reprends la route vers Paris, l’estomac un peu lesté mais le mollet toujours alerte (l’avantage de longer un canal : c’est plat !) en me disant que cette escapade vers Sevran en appelle d’autres. Pas forcément un lundi, quoique…

Infos pratiques : parcours de 17 km de la place Stalingrad à Paris (19e) au parc forestier de la Poudrerie à Sevran en longeant le canal de l’Ourcq. Retour possible en RER B depuis la gare de Vert Galant (les vélos à bord des trains sont autorisés en dehors des périodes de pointe en semaine et sans restriction les week-ends et les jours fériés). À voir sur le parcours : friche Kodak, avenue Bruno Bancher, Sevran (93). Ouverte tous les jours de 5 h à 21 h. Plus d’infos sur ville-sevran.fr / parc forestier de la Poudrerie, Sevran (93). Ouvert tous les jours de 8 h à 18 h 45 en automne, à 17 h 45 en hiver. Plus d’infos sur ville-sevran.fr / golf départemental de la Poudrerie de Sevran-Livry, allée Paul Vieille, Livry-Gargan (93). Ouvert tous les jours de 9 h à 19 h. Ouvert tous les jours de 9 h à 19 h. Plus d’infos sur ucpa.com / restaurant Le Cap de l’Eau, 2, rue Dora Bruder, Sevran (93). Ouvert du lundi au jeudi de midi à 15 h et de 18 h 30 à 23 h 30, le vendredi de 14 h 30 à 23 h 30, les samedis et dimanches de midi à 23 h 30. Plus d’infos sur le-cap-de-leau-restaurant.eatbu.com

L’entrée du parc forestier de la Poudrerie à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La friche Kodak à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La friche Kodak à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Une allée du parc forestier de la Poudrerie à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Une allée du parc forestier de la Poudrerie à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le golf public de Sevran-Livry / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le golf public de Sevran-Livry / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le Cap de l'Eau à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le Cap de l’Eau à Sevran / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le canal de l'Ourcq / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Le canal de l’Ourcq / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

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