La ligne droite. C’est encore ce que l’on a inventé de mieux pour aller d’un point A à un point B, ou en l’occurrence d’un point V, le parc de la Villette dans le 19e, à un point P, le parc forestier de la Poudrerie à Sevran (Seine-Saint-Denis). Car nul besoin de carte ou de GPS lorsqu’on a la chance de pouvoir s’en remettre à un fil d’Ariane aussi rectiligne que le canal de l’Ourcq et à son chemin de halage, vestige de l’époque napoléonienne que certains qualifient aujourd’hui de « Champs-Elysées du Grand Paris ». Un compagnon idéal en tous cas pour prendre la clé des champs à vélo sans se perdre dans le maquis des départementales. Au bout du chemin, la promesse d’un shoot de calme et de verdure.
Une histoire de la banlieue
Difficile à croire lorsque l’on se glisse par la rive droite (celle du Zénith) sous le périphérique pour rejoindre Pantin, première des villes traversées. Pourtant, bien que Paris ne soit encore qu’à quelques coups de pédales, une autre ambiance se fait d’emblée ressentir. La pression, soudain, tombe d’un cran. La foule est nettement plus clairsemée, comme si le périph’, barrière autant physique que psychologique, faisait encore office de poste frontière entre deux mondes. Une autre raison qui prévaut à ce gain d’espace vital est à chercher dans les chiffres de la démographie. D’un côté Paris et ses 21.000 habitants au kilomètre carré, soit l’une des plus fortes densités d’Europe, de l’autre Pantin, qui divise ce chiffre par deux.
Les charmes du canal, eux, opèrent de la même façon. C’est ainsi qu’une fois franchi le panneau Pantin, les grands moulins, colosse de Rhodes marquant l’entrée de la ville, se dressent dans toute leur splendeur. Un peu plus loin, deux autres géants, le Centre national de la danse et les Magasins Généraux, font également s’écarquiller les yeux du promeneur, qui ont tant à voir dès les premiers hectomètres de cette croisière cycliste. Fresques street art monumentales, terrasses de café au bord de l’eau, immeubles flambant neufs, sites industriels, le paysage est un condensé de l’histoire de la banlieue et laisse entrevoir les mutations liées à l’essor du Grand Paris.
Terre promise en vue
A presque mi-parcours, au cinquième kilomètre, le parc de la Bergère à Bobigny est un des premiers signes manifestes de verdure. A partir de là, la ville devient moins intense, les immeubles baissent en taille tandis que sur les berges, les piétons ont cédé la place aux vélos et aux trottinettes électriques filant à toute allure. La piste continue quant à elle de filer droit après un léger coude aux Pavillons-sous-Bois. Lorsqu’elle pénètre à Aulnay-sous-Bois au neuvième kilomètre, une longue rangée d’arbres forme une haie d’honneur, comme pour signifier l’arrivée prochaine en terre promise. Le parc forestier de la Poudrerie n’est plus qu’à 4 kilomètres.
Au fil de l’eau, la nature escamote de plus en plus l’urbain jusqu’à l’engloutir complétement au moment de franchir les grilles du parc à Sevran après 13 kilomètres au compteur. Le décor n’a ici rien à voir avec le parc de la Villette. Tout paraît plus sauvage. Les arbres vous enlacent. De-ci de-là, quelques grandes pelouses se tiennent prêtes à accueillir siestes ou pique-niques. La piste, elle, poursuit son corps à corps avec le canal, long de près de 100 km. Vous pouvez la laisser filer ou vous enfoncez encore un peu plus loin avec elle dans un Grand Paris toujours plus rural, histoire de découvrir l’envert du décor.
Infos pratiques : Suivre sur 13 km le chemin de halage le long du canal de l’Ourcq, entre le parc de la Villette à Paris (19e) et le parc forestier de la Poudrerie à Sevran (93). Le parc de la Villette et le parc forestier de la Poudrerie sont ouverts toute l’année.
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9 octobre 2019