Mi-octobre, la Seine à vélo, véloroute de 400 km reliant Paris au Havre et à Deauville, était officiellement lancée. Un parcours qui aura nécessité des années de repérages à ses concepteurs, à savoir 15 territoires en association avec l’État dans le but de favoriser le rayonnement touristique et économique de la vallée de la Seine. Las ! Quinze jours après la publication du tracé, la France était reconfinée. Pour le tester, il m’a donc fallu attendre la mi-décembre, c’est-à-dire l’époque de l’année où les jours sont les plus courts, et la météo pas des plus clémentes. Mais qu’importe. Dès que cela a été possible, j’ai enfourché mon vélo en compagnie d’un autre explorateur du Grand Paris, Wael Sghaier, pour effectuer les étapes franciliennes.
L’objectif était de rouler de Paris jusqu’à Vernon (Eure), à la frontière l’Île-de-France et la Normandie, soit presque 150 km que je découpais en deux étapes réalisées en un jour et demi : 100 km de Paris à Mantes-la-Jolie (Yvelines) où nous avons dormi à l’hôtel, puis 45 km de Mantes-la-Jolie jusqu’à la gare SNCF de Vernon-Giverny pour prendre un train retour. Avant le départ, je décidais de me familiariser avec le parcours sur Google Map. L’idée était de pouvoir reconnaître les routes et les rues, les croisements et les étapes afin de ne pas m’arrêter en permanence pour chercher notre chemin. Même si elle est chronophage – il m’a fallu une demi journée pour faire 150 km sur le web – cette méthode s’est révélée par la suite utile, le balisage de la Seine à vélo étant plutôt symbolique avant Chatou (Yvelines).
Des paysages somptueux et quelques points noirs
Suivre la Seine à vélo, c’est faire l’expérience de toute la palette des revêtements possibles, et faire un comparatif de la qualité des pistes cyclables – voire constater leur absence – d’une commune à l’autre. Entre Paris et Vernon, nous avons ainsi roulé sur du bitume, des pavés, du dallage béton, des lames de bois, de la terre, du sable, du gravier et dans la boue. Il faut donc un vélo adapté.
Le fleuve lui s’écoule en une succession de boucles, chacune ayant son ambiance, son histoire, et c’est bien ce qui justifie ce long, et par moments un peu aride, voyage cycliste. La Seine à vélo est une balade à travers des paysages souvent somptueux, à la découverte d’un patrimoine historique que l’on prendra, ou pas, le temps de visiter. Si le tracé est encore un « work in progress », avec quelques points noirs, il constitue d’ores et déjà une petite aventure, une expédition dépaysante dès les portes de Paris. De quoi donner tort à l’un des personnages du poète et romancier Aragon qui, dans Aurélien, affirmait, péremptoire : « Personne ne s’avisait de marcher le long de la Seine. Pourquoi l’aurait-on fait ? (…) Après il faut revenir. On est bien avancé. » Si seulement il avait eu un vélo et un Passe Navigo…
Infos pratiques : Véloroute de La Seine à vélo, parcours de 146 kilomètres en Île-de-France. Plus d’infos sur laseineavelo.fr
La Seine à vélo en 5 étapes à travers l’Île-de-France :
Le parcours francilien se divise en cinq étapes avec à chaque fois la possibilité d’un retour en transports en commun avec le réseau Transilien. L’accès au train avec son vélo est gratuit du lundi au vendredi, avant 6h30, entre 9h30 et 16h30 et après 19h30, et le samedi, le dimanche et les jours fériés sans restriction d’horaire.
Etape 1. De Paris à Chatou, le long du Canal Saint-Denis et sur la rive gauche de la Seine. 30 km (2 à 3 heures). Retour possible en RER A depuis la Gare de Rueil-Malmaison
Au départ de Notre-Dame de Paris, on monte plein Nord vers les canaux Saint-Martin et Saint-Denis, paradis des vélotafeurs, avant de longer l’Île-Saint-Denis et de faire connaissance avec les parcs des Hauts-de-Seine : parc des Chanteraines, parc Pierre Lagravère, parc du chemin-de-l’île, parc des Impressionnistes, Promenade bleue. Point noir du parcours, le port de Gennevilliers qui obstrue la Seine et oblige à la contourner en traversant une zone industrielle partiellement pourvue d’une piste cyclable séparée. Pour le reste, on circule essentiellement entre voies de halages aménagées pour les cyclistes et rues assez tranquilles.
Infos pratiques : Voir l’itinéraire sur laseineavelo.fr
Etape 2. De Chatou à Conflans-Sainte-Honorine. 25 km (2 heures). Retour possible avec le RER A et les lignes J et L depuis la gare de Conflans-Fin-d’Oise
Dès que l’on a franchi le pont de Chatou, on quitte la ville dense pour une boucle de la Seine aux airs de villégiature, où l’on devine Saint-Germain-en-Laye et sa grande terrasse dessinée par Le Nôtre, les toitures du château de Maisons et quelques iles restées relativement sauvages (île de la Borde, île d’Herblay, île Motteau, île du Devant). Le parcours permet de ne pas perdre des yeux la Seine en roulant soit sur des chemins de halage soit dans de petites rues tranquilles. Les centres-villes de La Frette-sur-Seine et de Conflans-Sainte-Honorine sont charmants et invitent à revenir pour profiter des terrasses des cafés donnant sur le fleuve.
Infos pratiques : Voir l’itinéraire sur laseineavelo.fr
Etape 3. De Conflans-Sainte-Honorine à Mantes-la-Jolie. 48 km (3 à 4 heures). Retour possible avec la Ligne J depuis la gare de Mantes-la-Jolie
De la confluence de l’Oise et de la Seine à l’ancienne cité balnéaire d’Elisabethville et Mantes-la-Jolie, on roule dans des environnements très variés : pavillons en meulière charmants et surannés, parc du Peuple de l’herbe, île de loisirs de Verneuil-sur-Seine, usines Renault, PSA et Arianespace… Si le paysage est changeant, alternant séquences nature et d’autres plus urbex, que dire des sols sur lesquels on roule !? Macadam, gravier, terre, béton : la Seine à vélo est une aventure tout-terrain. L’un des points noirs de ce parcours : les 2 km de départementale entre le parc du Peuple de l’herbe et Triel-sur-Seine, qui s’effectuent toutefois sur une piste cyclable. Parvenu dans la plaine du Bout du monde, on roulant à allure très modérée entre petits lacs devenus réserves de pêche, berges de la Seine, chemins agricoles et… les abords de l’autoroute de Normandie, dont le ronron hélas ne vous quitte pas. Ensuite, deux options s’offrent aux cyclistes : prendre le Transilien (lignes J et N) en gare d’Epône jusqu’à Mantes-la-Jolie, que l’on rejoint en cinq minutes ; ou alors rouler avec la plus grande prudence pendant quelques kilomètres sur la route départementale 113 jusqu’à l’ancienne cité royale. Ce tronçon est LE point noir de la Seine à vélo en Île-de-France et sans doute le cauchemar des concepteurs de l’itinéraire. On espère qu’un jour la voie de halage entre l’île de Rangiport et l’île aux Dames sera réouverte aux cyclistes et aux randonneurs, ce qui permettra d’oublier la D113 .
Infos pratiques : Voir l’itinéraire sur laseineavelo.fr
Etapes 4 et 5. De Mantes-la-Jolie à Vernon via La Roche-Guyon. 45 km (3 à 4 heures). Retour possible depuis la gare de Vernon-Giverny (TER)
En quittant Mantes-la-Jolie et les tours de sa magnifique église abbatiale, on s’offre une ultime et magnifique étape à travers le Parc naturel du Vexin français, qui offre de superbes panoramas sur la Seine avec sa succession de paysages vallonnés et de jolis villages, sans oublier le château de La Roche-Guyon et la maison de Monet. S’il y a encore quelques carrières d’extraction de sable et de calcaire, on ne croise plus les centrales et les usines qui parsèment la vallée de la Seine entre Poissy et Mantes. Le dépaysement est complet. La félicité aussi. Nous nous sommes arrêtés en gare de Vernon, près de Giverny, en se faisant la promesse de poursuivre le parcours jusqu’à la mer dès le retour des beaux jours.
Infos pratiques : Voir l’itinéraire sur laseineavelo.fr (étapes Mantes-la-Jolie / La Roche-Guyon et La Roche-Guyon / Vernon). Le fichier GPX du parcours est à télécharger ici.
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6 janvier 2021