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Du cercle polaire à Istanbul, il sillonne l’Europe en train depuis Paris

Le viaduc de Glenfinnan en Ecosse, popularisé par les films d'Harry Potter /  © IrenicRhonda
Le viaduc de Glenfinnan en Ecosse, popularisé par les films d’Harry Potter / © IrenicRhonda (Creative commons / Flickr)

Passionné de voyages et de trains depuis l'enfance, le journaliste Jean-Marc de Jaeger partage ses découvertes sur lefigaro.fr et sur Instagram. Il nous révèle ses coups de cœur et ses recommandations pour des « rail trips » en Europe depuis Paris.

Vous êtes journaliste spécialisé dans les voyages. Qu’appréciez-vous dans les voyages en train ?

Jean-Marc de Jaeger : J’ai pris le goût du train dès l’enfance. J’aimais regarder les trains partir et arriver, pas pour le côté technique qu’apprécient parfois les petits garçons mais pour ce moyen d’évasion qu’ils représentaient. Peu à peu, j’ai entrepris des voyages de plus en plus longs. Maintenant, je n’hésite plus à traverser l’Europe en train. Je n’oppose pas le train à l’avion mais, dès qu’il existe une solution en train, c’est le moyen de locomotion que je choisis. Je ne prends pratiquement plus l’avion que pour les longs courriers.

Quels sont les avantages du train ?

L’aspect écologique n’a pas été ma motivation première dans mon amour des voyages en train, c’est apparu bien plus tard. Le train permet de faire de nombreuses escales : pour aller à Istanbul, vous pouvez choisir de dormir en chemin à Vienne puis à Budapest par exemple. Vous pouvez aussi faire le choix de vous arrêter dans les petites gares de villages que l’on ne découvrirait jamais en prenant l’avion. La prochaine fois que je prends le train pour Istanbul, j’aimerais m’arrêter un peu avant Budapest, dans la région de Transylvanie en Roumanie, pour aller voir le château de Dracula. Le chemin de fer est un cheminement ! Peu importe la destination, c’est vraiment le voyage qui compte lorsqu’on se déplace en train. J’ai ressenti cela également en allant en Laponie suédoise ou en Sicile.

Quelles sont les destinations accessibles en train depuis Paris ?

Toute l’Europe est accessible en train ! C’est ensuite une affaire de correspondances, d’aiguillages… Les destinations se décident au gré des gares accessibles. On peut même décider d’aller jusqu’en Asie en train. Il faut juste se dire que ça peut prendre deux semaines. Il y a deux ans, je suis allé en Irlande en combinant le train et le ferry. Tout est possible mais il ne faut pas oublier que certains trajets sont plus compliqués que d’autres, du fait notamment de la guerre en Ukraine ou de l’Azerbaïdjan qui limite l’accès à son territoire. C’est également plus complexe de circuler en train en Afrique, un continent qui ne possède que peu de lignes de chemins de fer.

 
 
 
 
 
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En 2024 en France, la tendance semble être au train entre inflation, conscience écologique et retour des trains-couchettes…

Les chiffres ont parlé d’eux-mêmes : plus de 24 millions de passagers ont été comptabilisés par la SNCF pendant l’été 2023. Jamais elle n’avait transporté tant de voyageurs dans son histoire. On ne peut donc pas dire que 2024 sera l’année du train car on aurait pu dire pareil pour 2023 ! 2025 est aussi très attendue car elle verra la naissance des nouveaux TGV [les TGV M, Ndlr] avec plus de sièges, des rames qui offriront des expériences différentes, mais aussi des trains de luxe comme l’Orient-Express du groupe Accor et le train du Puy du Fou, un spectacle de plusieurs jours en train. Pour le plus grand public, les concurrents vont faire exploser les possibilités : Trenitalia va probablement élargir son offre jusqu’en France comme la Renfe pour l’Espagne.

Auriez-vous des recommandations de destinations dépaysantes au départ de Paris ?

Au départ de Paris, je suis allé en Laponie suédoise, jusque dans les îles Lofoten en Norvège, au delà du cercle polaire arctique donc. Comme je connaissais déjà les villes intermédiaires, j’ai mis deux jours et demi mais j’aurais pu m’arrêter davantage. Je suis passé par Francfort, Hambourg, Copenhague, Stockholm. Je me suis retrouvé dans des paysages sans personne à perte de vue, car c’est l’une des régions les moins denses en population. J’y ai découvert le soleil d’été. Depuis ma couchette de train à 3 heures du matin, il faisait clair comme à midi ! On peut choisir de se balader à la journée sur des sentiers de grande randonnée, mais les plus aguerris peuvent choisir des randos à la semaine sac au dos, sans réseau ni électricité, avec des nuits en refuges et au milieu des troupeaux de rennes. On ne s’attend pas à vivre ça en Europe, et pour moins de 400 euros ! À seulement 3 000 km de Paris, le dépaysement est total. J’aimerais aussi conseiller la Sicile, mais actuellement la ligne de train est coupée entre la France et l’Italie à cause d’un éboulement. Je vais également tester l’Écosse l’été prochain, les Highlands sont encore très sauvages. C’est plus court puisqu’il suffit de prendre l’Eurostar puis du train-couchettes jusqu’en Écosse. Ce sera aussi l’occasion de découvrir le magnifique viaduc de Glenfinnan, popularisé par Harry Potter !

Quelles sont les destinations plus proches que vous recommanderiez ?

La région Hauts-de-France propose des packs touristiques super intéressants qui incluent le train et les visites sur place. Si vous voulez partir en baie de Somme, les billets à seulement 27 euros (pour un adulte) incluent le TER et le train vapeur en famille. On peut aussi se rendre à Villers-Cotterêts dans l’Aisne à la Cité de la langue française, au Louvre-Lens ou à Chantilly pour la journée. Je suis originaire de Lille, je ne suis donc peut-être pas objectif ! Mais il existe plein d’autres régions que je connais moins comme la Bourgogne pour un week-end qui reste fabuleuse ou encore la Normandie. Ce sont des escapades spontanées faciles à organiser. Les TER sont réservables jusqu’à la dernière minute !

En famille, est-il avantageux de voyager en train ?

À travers l’Europe, oui ! Jusqu’à douze ans, les enfants ne payent pas le Pass Interrail qui permet de voyager dans 33 pays d’Europe. Ils ne payent que les services supplémentaires comme les cabines privatisées des trains de nuit. C’est un véritable avantage économique, une possibilité de flexibilité à l’infini, et aussi l’opportunité de vivre de véritables aventures. Ce serait dommage de s’en priver !

Infos pratiques : En train, de Jean-Marc de Jaeger, éditions Gallimard collection Voyages. Retrouvez les voyages de Jean-Marc de Jaeger sur lefigaro.fr ou sur Instagram @lefouduvoyage

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