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Les petits producteurs franciliens à l’heure de la livraison à domicile

Michael, reponsable de collecte pour la Ruche à la maison, pendant une de ses tournées chez les producteurs d'Île-de-France / ©  Mona Prudhomme pour Enlarge your Paris
Michael, reponsable de collecte pour la Ruche à la maison, pendant une de ses tournées chez les producteurs d’Île-de-France / © Mona Prudhomme pour Enlarge your Paris

En créant le service de livraison La Ruche à la maison, La Ruche qui dit Oui ! et le Comptoir local ont souhaité mettre les petits producteurs franciliens à portée de clic des Grand-Parisiens. Le temps d'une journée, Mona Prudhomme a suivi une collecte de bout en bout.

Son catalogue en ligne regroupe 10.000 producteurs locaux. Depuis 2011, la Ruche qui dit Oui ! révolutionne le marché de l’alimentation avec plus de 1500 « ruches » à travers la France. Des ruches qui distribuent des produits cultivés dans un rayon de 250 km maximum et commandés par les particuliers via la plateforme en ligne, et ceci sans engagement.

Pour rendre l’offre encore plus accessible, la Ruche Qui Dit Oui ! a fusionné depuis un an avec la start-up le Comptoir local afin de créer la Ruche à la maison, le but étant de proposer aux Grand-Parisiens la livraison à domicile des produits de 200 petits producteurs franciliens, en 24h seulement. Je me suis glissée le temps d’une journée dans la camionnette de l’un des responsables de collecte pour suivre sa tournée et comprendre la logistique complexe qui se cache derrière nos simples clics.

9h pétante, je retrouve Michael sur le parking du RER de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne). “Aujourd’hui, nous avons 12 producteurs à visiter en Seine-et-Marne et en Essonne, m’annonce-t-il en m’invitant à monter à bord de son camion et à prendre la place habituellement dévolue au chien qui l’accompagne dans son périple solitaire. Si tout va bien, nous serons de retour à La Courneuve vers 18h. Je conduis environ 300 kilomètres par jour, c’est fatiguant mais heureusement la route est belle. J’aime le fait de soutenir l’activité de petits producteurs et je suis convaincu de la qualité de leurs produits”. Les 200 exploitations partenaires de la Ruche à la maison fixent chacune leurs prix de vente sur lequel la Ruche ajoute sa marge liée aux frais de logistique. Un système qui permet de soulager les producteurs de la livraison, souvent chronophage en raison des bouchons parisiens.

Et pour débuter cette tournée, honneur aux fleuristes. Car la Ruche qui dit Oui ! ne se contente pas de ce qui est comestible. Elle compte également dans son réseau la roseraie Des roses dans mon jardin à Grisy-Suisnes (Seine-et-Marne) ainsi que l’exploitation Fleurs de Cocagne à Avrainville (Essonne), qui produit une cinquantaine de variétés de fleurs en bio tout en employant du personnel en insertion. Grâce à une application mobile, chaque responsable de collecte reçoit la liste de sa tournée tous les matins et peut ainsi vérifier la commande à chaque arrêt. Le rythme de la collecte est soutenu. Pas le temps de s’attarder pour tailler le bout de gras. Michael échange rapidement avec les producteurs tout en chargeant les caisses. Pas question de prendre le risque d’être coincé dans les embouteillages au retour. Je l’aide comme je peux mais il faut avouer qu’une cagette remplie à ras bord de grosses courges, ça pèse son poids !

Michael, reponsable de collecte pour la Ruche à la maison, pendant une de ses tournées chez les producteurs d'Île-de-France / ©  Mona Prudhomme pour Enlarge your Paris
La collecte se fait sur un rythme soutenu pour Michael / © Mona Prudhomme pour Enlarge your Paris

Une organisation minutieuse

Lors de certains stops, comme chez Les légumes de Laura, petit potager bio d’un hectare à Fontains en Seine-et-Marne, une brouette est là qui nous attend avec les commandes tandis que l’équipe en plein labeur nous salue depuis le champ. L’organisation est minutieuse. Les responsables de collecte rapportent les cagettes vides de la veille aux producteurs, qui seront réutilisées pour préparer les prochaines commandes. Michael inscrit les initiales des fermes sur les cagettes afin d’aider les préparateurs des commandes. Technique indispensable puisque nous avons déjà chargé quatre types de poireaux provenant de sites différents, certains en bio d’autres pas. 

Mon plus grand coup de coeur du voyage est sans aucun doute Le Clos de Nonville, à quelques encablures de la superbe ville de Nemours (Seine-et-Marne). Ce charmant potager en permaculture a poussé sur une incroyable propriété privée de 39 hectares, ancien parc d’attraction reconverti en chambre d’hôtes. “Nous valorisons la culture de légumes anciens et avons planté nos premiers pieds de Chardonnay au printemps 2018, m’explique Vincent, l’un des trois fondateurs du projet. Pour l’instant, je suis l’unique maraîcher permanent du site. C’est un rythme de fou. Nous produisons encore peu donc les clients s’arrachent nos produits ». Ayant goûté leurs betteraves blanches parfaitement sucrées, je comprends pourquoi.

Somnolant sur mon siège, je réalise combien l’Île-de-France est verte et boisée. On traverse de petits villages et on parcourt de longues routes bordées d’arbres et de champs. Avant même la pause déj, j’ai l’impression d’être parti en week-end, très loin de la capitale. Pour le Potager d’Olivier à Bouville (Essonne), qui cultive une cinquantaine de légumes en agriculture raisonnée, la Ruche constitue un partenaire de choc puisqu’une bonne centaine de personnes passe commande chaque semaine. Ça cartonne, on est ravis. La question c’est plutôt de pouvoir tenir le rythme si la demande grandit encore », déclare Isabelle qui gère cette ferme dans sa famille depuis maintenant cinq générations. Même Michael en profite pour acheter trois gros sacs de pommes de terre. “Elles sont exquises je n’en avais jamais mangé d’aussi bonnes et maintenant je ne les achète qu’ici !”

L'entrepôt de la Ruche à la maison à La Courneuve / © Mona Prudhomme pour Enlarge your Paris
L’entrepôt de la Ruche à la maison à La Courneuve / © Mona Prudhomme pour Enlarge your Paris

Un condensé du terroir francilien

Le chargement du camion devient de plus en plus délicat. Lors d’un virage un peu piégeux, nous perdons l’un des cartons d’oeufs des P’tites cocottes d’Edith, petite production d’une centaine de poules en plein air à Chauffour-Lès-Etréchy (Essonne). Toutefois, afin de dépanner un autre responsable de collecte dont le camion est encore plus chargé que le nôtre, nous marquons un dernier stop à la ferme maraîchère et céréalière bio de Lafouasse à Pecqueuse (Essonne), qui fabrique ses propres pâtes.

17h30, nous prenons la route du retour et comme redouté, le trafic est déjà ralenti. Lorsque nous arrivons enfin au dépôt central à La Courneuve, je découvre émerveillée un condensé du terroir francilien. Le grand hangar déborde de produits appétissants. Dès le lendemain, les livreurs sillonneront le Grand Paris, en tenant compte du créneau de 2h choisi par chaque client (entre 14h et 22h en semaine et entre 8h et 14h le samedi). Le Père Noël ne ferait pas mieux.

Plus d’infos sur alamaison.laruchequiditoui.fr

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