Cela fait maintenant trois ans que je suis attentif à l’agriculture urbaine. J’en avais entendu parler au Canada, aux Etats-Unis et en Allemagne. Lorsque je m’y suis intéressé en France, nous étions au début de l’éclosion du phénomène, avec le premier appel à projets Parisculteurs lancé par la Mairie de Paris. En tant que citadin, j’étais attiré par l’idée d’agriculture urbaine, un oxymore qui lie deux mondes en contraste, l’urbain et le paysan. C’est ce que j’ai voulu documenter à travers une série de reportages démarrée en 2017.
Chaque projet d’agriculture urbaine a sa particularité et tous les acteurs sont différents, même s’ils ont en commun l’écologie et le développement durable de la ville. Au début, j’ai eu quelques difficultés à accéder à ces lieux exceptionnels, puis de fil en aiguille j’ai avancé. J’ai eu beaucoup de plaisir à les photographier. Ce sont des endroits qui ne sont pas visibles et que les Parisiens ne peuvent pas visiter. Je pense aux 1000 m2 de potager sur le toit de l’opéra Bastille ou aux champignonnières et aux endives qui poussent dans des parkings souterrains, ou encore aux fraises dans des containers. Ma curiosité pour ces espaces fermés où se développent des technologies nouvelles portées par des passionnés m’a poussé à continuer. C’est un travail visuellement intéressant mais aussi humainement.
L’éclosion d’une autre ville
L’agriculture urbaine change complètement le caractère de la ville. C’est un symbole de l’écologisation des mentalités. Un des moments forts de ces années passées à l’étudier a été ma transhumance avec les Bergers Urbains de Seine-Saint-Denis. Lorsqu’ils arrivent quelque part, les visages changent, les gens s’approchent des moutons, interrogent, rient, sont surpris, et la bonne humeur s’installe. Dans les banlieues, les plus anciens se rappellent leur enfance au bled, les plus jeunes sont curieux et caressent les bêtes. La ville se transforme par le simple fait de la présence des moutons. C’est presque une performance artistique. Peut-être qu’un jour tout cela n’aura plus rien d’exceptionnel. Mais pour l’instant, cela reste vraiment surprenant.
Infos pratiques : Exposition « Paris agricole » sur les grilles de l’Hôtel de Ville, 29 rue de Rivoli, Paris (4e). Jusqu’au 12 août. Accès : Métro Hôtel de Ville Ligne 1 et 11.
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9 juin 2019 - Paris