C’était il y a 24 ans, lors des grandes grèves de 1995 qui se sont étalées entre le 24 novembre et le 15 décembre. A l’époque, on avait dénombré 380 000 vélos en circulation dans Paris, au lieu de 140 000 en temps normal. Boom qui devrait se répéter avec la grève reconductible prévue à partir du 5 décembre et alors même que la pratique du vélo a augmenté d’un tiers en Île-de-France depuis 2010, selon la dernière Enquête Globale Transport pilotée par Île-de-France Mobilités. En attendant, nous avons souhaité passer en revue les freins à la pratique du vélo en ville avec Camille Hanuise, membre de Paris en selle, association qui a présenté le 18 novembre, avec Mieux se déplacer à bicyclette Île-de-France, des propositions pour « transformer Paris par le vélo. »
Il n’y a pas assez de pistes cyclables…
« Il y en a de plus en plus ! S’il est vrai que certains endroits du Grand Paris sont moins bien dotées en pistes cyclables que d’autres, on peut aisément traverser Paris d’Est en Ouest en empruntant seulement les grands axes cyclables sécurisés, que ce soit les berges de Seine, le REVe (Réseau Express Vélo) de la rue de Rivoli ou encore les voies cyclables rapides inaugurées sur la rive gauche. Il est vrai que les politiques menées ces dernières années se sont plutôt concentrées sur la réduction de la vitesse automobile. Mais réduire la vitesse ne réduit pas le nombre de voitures et n’améliore pas la « cyclabilité » des villes. Je garde cependant bon espoir. Le réseau s’étend de plus en plus, doucement mais sûrement. »
C’est trop dangereux de faire du vélo en ville…
« Faire du vélo est beaucoup moins dangereux que ce qu’on imagine : les bénéfices liés à la pratique du vélo (santé, diminution de la pollution, etc) sont 20 fois supérieurs aux risques selon une étude de Santé Publique France. Pour autant, le manque d’infrastructures cyclables crée un sentiment d’insécurité à vélo qui est un véritable frein pour de nombreuses personnes. D’où la nécessité de construire des pistes cyclables séparées de la circulation automobile et confortables pour tous. »
Les vols de vélos sont trop nombreux…
« C’est une réalité. Il y a à peu près 12 vols de vélos par jour à Paris, soit un peu plus de 4 300 par an. C’est pourquoi il est important d’investir dans un bon antivol, en sachant que deux antivols sont fortement recommandés. L’idéal est d’attacher sa roue au cadre et le cadre à un point fixe pour sécuriser doublement son vélo. »
Le vélo, c’est beaucoup trop lent…
« Le métro est certes compétitif mais le vélo est le moyen de transport le plus rapide et le plus efficace en ville sur les courtes distances. Le vélo est aussi une bonne façon de (re)découvrir Paris sous un autre angle ! »
Le vélo, ça mouille quand il pleut…
« Pour passer entre les gouttes, on peut regarder les applis météo (l‘appli mobile de Météo-France comporte une fonctionnalité « Pluie dans l’heure »). Sinon, on enfile sa cape de pluie, son manteau et son pantalon imperméable que l’on range ensuite dans ses sacoches. » Selon une étude d’Alexandre Trajan de la direction inter-régionale Nord-Est de Météo-France, un vélotafeur grand-parisien qui se déplace du lundi au vendredi prend la pluie en moyenne 22 fois par an.
Et maintenant quelques conseils pour bien préparer son premier trajet vélotaf :
– Repérer son itinéraire en choisissant des petites rues sans trop de voitures ou des grands axes bien protégés, comme la piste cyclable du boulevard Voltaire ou de la rue de Rivoli. Des applications telles que Géovélo permettent de calculer l’itinéraire adéquat.
– Tester le trajet le week-end, sans stress, pour prendre ses marques.
– Faire attention aux angles morts : on ne double pas les camions et utilitaires par la droite, surtout à un feu rouge ou à une intersection. Les conducteurs ne vous voient pas.
– Prendre soin de son vélo et s’assurer que les pneus sont bien gonflés et que les lumières fonctionnent bien.
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1 décembre 2019