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La friche du Landy sauvage lance une occupation populaire pour échapper à l’expulsion

La friche du Landy sauvage à Saint-Denis / © Mona Prudhomme pour Enlarge your Paris
La friche du Landy sauvage à Saint-Denis / © Mona Prudhomme pour Enlarge your Paris

Friche autogérée installée depuis 2018 dans un bâtiment vacant à Saint-Denis, le Landy sauvage est confronté à une procédure d'expulsion dont l'exécution est prévue ce 29 octobre. Une occupation populaire a été lancée pour tenter de conserver le site en vue de la trêve hivernale qui débute le 1er novembre. Pierre Vaillant, ingénieur du son et fondateur du Landy Sauvage, revient sur les multiples vocations de la friche.

Quelle est la vocation du Landy Sauvage ?

Pierre Vaillant : Après notre squat du Clos Sauvage à Aubervilliers que nous avons dû quitter en juin 2018, nous nous sommes installés dans le quartier du Landy, qui fait le lien entre Saint-Denis et Saint-Ouen et qui était éloigné des pôles sociaux et culturels de ces deux villes. En un an et demi, nous avons organisé 96 spectacles, 79 concerts, 18 projections, 25 repas de quartier et tout autant de distributions d’AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Sans parler des ateliers ouverts au public mêlant des pratiques comme le cirque, le handball, l’apprentissage du français, la boxe, la danse, le yoga, etc. En tout, il s’en est tenu près de 300. Nous accueillons également depuis ce mois-ci les cours de danse et de théâtre de Mains d’Oeuvres, friche culturelle historique à Saint-Ouen qui a été expulsée le 8 octobre.

Vous intervenez également dans l’hébergement d’urgence…

Ce qui nous inquiète le plus dans la menace d’expulsion qui pèse sur nous ce sont les répercussions sur les personnes en grande précarité qui sont accompagnées voire  hébergées ici. Pour eux, c’est une question de vie ou de mort. Les 7000 m² du Landy nous permettent d’accueillir sept collectifs d’aide aux réfugiés et aux sans-abris qui ont déjà distribué 12 000 repas, 25 000 duvets et 2 500 tentes depuis leur arrivée. Il serait catastrophique de mettre en péril tout cet écosystème indispensable, et ce juste avant la vague de froid. Deux familles avec respectivement trois et quatre enfants ainsi qu’une femme enceinte et son compagnon dorment ici à nos côtés. Ces personnes sont déjà tellement dans la misère, il est impensable de les abandonner !

En quoi cette procédure d’expulsion est-elle inattendue ?

Aucune réhabilitation du bâtiment n’est prévue avant 2024. C’est dingue ! Étant entrés ici sans effraction,  il n’y a eu aucune voie de fait et le juge a considéré que nous pouvions bénéficier de la trêve hivernale. D’où la nécessité de tenir jusqu’à la date fatidique du vendredi 1er novembre. Nos premiers échanges avec l’Etablissement public foncier d’Île-de-France, propriétaire des lieux, se sont révélés assez flous. Ils nous ont proposé une réunion pour discuter et n’ont eu de cesse de la repousser. La mairie de Saint-Denis nous a reçu quant à elle à deux reprises et nous a laissé entendre son soutien à nos activités. Nous invitons tout le monde à nous rejoindre et à occuper les lieux jusqu’à vendredi ! Plus nous serons nombreux plus il sera compliqué de nous déloger. Nous devons à tenir à tous prix !

Une occupation populaire est organisée jusqu’à vendredi 1er novembre. Des dortoirs, une cantine et des animations sont programmées pour accueillir les soutiens. Contact : landysauvage@riseup.net. Plus d’infos sur Facebook

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