A un kilomètre l'un de l'autre en longeant le canal de l'Ourcq, les Magasins généraux et la galerie Ropac oeuvrent pour faire de Pantin une destination incontournable pour les amateurs d'art contemporain. A voir en ce moment les expositions "Anselm Kiefer" et "Mon nom est personne".
Ces jours-ci, un soleil froid sur fond bleu s’abat sur la grandiose austérité des bâtiments Ropac, ancienne chaudronnerie qui abritent 21 nouvelles œuvres du plasticien allemand Anselm Kiefer. Et si il y a une générosité que l’on doit reconnaître aux grands espaces dédiés à l’art contemporain, c’est la superbe de leurs volumes. Cinq ans après sa première exposition à Pantin (Seine-Saint-Denis), Kiefer revient avec un travail sous forme de dédicace au philosophe nihiliste italien Andrea Emo. Ici, les grands formats industriels ont la liberté de peser de tout leur plomb et le visiteur doit assumer ce face à face terrible et saisissant avec ce que l’espèce humaine a de plus définitif dans son rapport au monde. Nous voici le jour d’après, projetés dans un enfer métaphysique et matériel. Au contact de cette terre stérile et contaminée, à la vue des sols souillés et malades, dont les quelques veines ne charrient plus que des agents chimiques au coloris vifs et artificiels nous devinons pourquoi Kiefer peint et met en scène une beauté catastrophique, la nature vitrifiée et vaincue dont toute forme de retour du vivant s’annonce exclue. Les visiteurs sont nombreux à se rapprocher des toiles avec leur smartphone pour en capter un fragment, un détail, une convulsion. Comme si, finalement, en choisissant une approche microcosmique de l’œuvre ils se protégeaient de la lucidité morbide du propos.
A lire et à voir : Un oeil sur la banlieue avec le photographe Manolo Mylonas
717 oeuvres d’inconnus à même le sol aux Magasins généraux
Un peu plus au nord en remontant le canal de l’Ourcq, un autre vestige de l’ère industrielle de la ville s’est lui aussi converti à l’art contemporain. Le gigantesque paquebot de béton que sont les Magasins généraux embarquent notamment à son bord le cneai= (Centre national édition art image). Jusqu’au 22 avril, l’artiste Alexandre Périgot a recouvert le sol du hall d’entrée d’un drôle de patchwork. Il y présente 717 reproductions d’oeuvres réalisées par d’illustres inconnus. Pour cette exposition baptisée “Mon nom est personne”, il a pioché parmi les collections de plusieurs musées, le musée d’arts de Nantes, le Centre national des arts plastiques à la Défense, le Mucem à Marseille, le musée des Beaux-Arts de Rennes et le musée Rodin, afin d’en exhumer des trésors sans signature. Ces oeuvres mystérieuses sont collées les unes aux autres, ne laissant aucune respiration au regard et donnant à voir un amas d’expressions, de couleurs et de formes. La déambulation autour de ces affiches posées à même le sol, rappelant les étalages des vendeurs à la sauvette, se fait en musique. Trois musiciens filmés dans le hall alternent harpe, clavecin, guitare et harmonica interprétant des partitions tout aussi anonymes que les oeuvres exposées.
Infos pratiques : Exposition « Anselm Kiefer » à la galerie Ropac, 69 avenue du Général Leclerc, Pantin (93). Jusqu’au 31 mai. Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h. Entrée libre. Plus d’infos sur ropac.net / Exposition « Mon nom est personne » au cneai=, les Magasins généraux, 1 rue de l’ancien canal, Pantin (93). Jusqu’au 22 avril. Du mercredi au dimanche de 13h à 19h. Entrée libre. Plus d’infos sur cneai.com
A lire : Huit tables incontournables du Grand Paris
15 mars 2018 - Pantin