Culture
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Le Mémorial de la Shoah met en lumière le difficile retour des déportés

Arrivée en gare de Thionville le 6 juin 1945 de 426 jeunes rescapés du camp de Buchenwald provenant pour la plupart du camp d’Auschwitz-Birkenau / © Mémorial de la Shoah - OSE
Arrivée en gare de Thionville le 6 juin 1945 de 426 jeunes rescapés du camp de Buchenwald provenant pour la plupart du camp d’Auschwitz-Birkenau / © Mémorial de la Shoah – OSE

Que s'est-il passé pour les rescapés des camps de la mort nazis une fois libérés ? Le Mémorial de la Shoah de Drancy revient sur leur histoire jusqu'au 29 mars avec l'exposition "De la découverte des camps au retour des déportés".

Le retour des déportés des camps nazis est une histoire encore méconnue. Pour les commémorations du 75e anniversaire de la libération des camps, le Mémorial de la Shoah de Drancy (Seine-Saint-Denis) leur consacre une exposition spéciale jusqu’au 29 mars. Tout un symbole lorsque l’on connaît le passé du site. Le Mémorial est construit face à la Cité de la Muette, là où fut établi le principal camp d’internement et de déportation des Juifs de France vers les camps d’extermination.

Riche en images et en témoignages vidéo, l’exposition commence en août 1944 lorsque Paris est libérée, après quatre années d’occupation. Des milliers de Parisiens descendent dans la rue pour crier leur joie. Pour les déportés en revanche, l’année 44 n’est pas si différente des précédentes et, même si la défaite se profile, les nazis n’en ont pas fini avec leur politique génocidaire. Les déportations se poursuivent et les camps d’extermination tournent à plein régime.

De mai à octobre 1944, plus de 600.000 Juifs sont acheminés pour être froidement assassinés à Birkenau. Il faudra attendre 1945 pour que les troupes soviétiques libèrent les camps. Pour autant, le calvaire des survivants est loin de prendre fin. Si l’Armée rouge leur fournit des vivres et des médicaments, l’aide reste insuffisante compte tenu de la situation. Au camp de Bergen-Belsen en Allemagne, les détenus sont contraints d’être placés en quarantaine suite à la propagation du typhus.

Des camps de la mort aux camps de réfugiés

D’autres rescapés des camps de la mort n’ont d’autre issue que d’opter pour les camps de réfugiés, ne pouvant ou ne souhaitant pas rentrer dans leur pays d’origine, celui qui les a dénoncés ou les pointera du doigt. Ils souffrent là encore de conditions précaires, sont parqués dans des baraquements surpeuplés à l’hygiène plus que sommaire, le tout encadré par des militaires qui les traitent comme des prisonniers.

Quant à ceux rentrés au pays pour tenter de reconstruire leur vie, les rapatriements s’effectuent dans des conditions difficiles. Les états, dont la France, n’ont guère conscience de l’horreur des camps nazis et n’ont pas prévu de prise en charge à la hauteur, même si des centres d’accueil sont ouverts. A Paris, les rescapés des camps sont accueillis à l’hôtel Lutetia du 26 avril au 19 septembre 1945, lieu qui hébergea le siège des services de renseignement de l’état-major nazi durant l’occupation.

Après l’urgence liée à l’accueil des survivants, les gouvernements, trop occupés à la reconstruction, occultent la spécificité de la Shoah, même si des témoignages se font entendre pour révéler le génocide. Preuve de la difficulté à faire reconnaître cette sombre histoire, l’ardent témoignage de Primo Levi Si c’est un homme est mis au pilon faute de lecteurs. Avec la fin des camps débute donc le travail de mémoire. Le Mémorial de la Shoah en est l’un des artisans les plus précieux.  

Infos pratiques : Exposition « De la découverte des camps au retour des déportés » au Mémorial de la Shoah de Drancy, 110-112 avenue Jean Jaurès, Drancy (93). Jusqu’au 29 mars. Entrée libre. Ouverture tous les jours sauf le vendredi et le samedi, de 10h à 18h. Accès : Métro Bobigny – Pablo Picasso Ligne 5 puis bus 251 / Gare du Bourget RER B puis bus 143. Plus d’infos sur drancy.memorialdelashoah.org

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