Transformer un château abandonné en oeuvre d'art. C'est le défi lancé par Urban Art Paris à une centaine de street artistes internationaux dans le cadre du LaBel Valette Fest qui se tiendra à Pressigny-les-Pins (45). Vous avez de la chance, on a eu l'info en primeur !
On peut déjà l’annoncer sans trop se tromper : le LaBel Valette Fest sera l’événement de l’été. Plus précisément de la fin de l’été. D’ailleurs, ce sera aussi l’événement de la rentrée. Du 1er au 3 septembre, il vous faudra prendre la route du Loiret, à 1h20 de Paris, pour passer le week-end dans le château de La Valette métamorphosé par 100 street-artistes internationaux. Depuis début mai et jusqu’à fin août, graffeurs, pochoiristes, sculpteurs et autres électrons libres de l’art urbain s’affairent à relooker les lieux, qui comprennent également une écurie, une chapelle et deux tours dortoirs de 90 pièces au total.
« C’est un havre de paix exceptionnel qui ne peut qu’inspirer les artistes », s’enthousiasme Sébastien Lis, co-fondateur de l’association Urban Art Paris, à l’origine de ce projet fou. Le line-up artistique regroupe trente nationalités différentes et rassemble toutes les générations. “C’était important d’associer des précurseurs de l’art urbain, tel Jérôme Mesnager et T-KID, à la création émergente, comme Siam qui vient de fêter ses 18 ans”.
Depuis 2012, Urban Art Paris promeut, via son site www.urbanart-paris.fr, les événements liés aux cultures urbaines dans le Grand Paris. L’association, créée par quelques passionnés, est également à l’initiative de nombreuses manifestations culturelles. L’an dernier, elle a organisé La belle Vitry’n qui a vu une trentaine d’artistes prendre possession d’une maison de Vitry vouée à la destruction. C’est à la suite de cet événement que Sébastien, entouré d’une solide équipe de bénévoles, a eu l’idée d’exporter le concept. « J’ai convaincu le propriétaire de ce château mythique qui hantait mes rêves de gosse en expliquant que j’étais du coin et que je voulais en perpétuer l’histoire. Alors qu’il était dubitatif au début, il a investi de l’argent pour remettre le lieu aux normes et nous a aidés pour les démarches administratives. »
Un château à la vie trépidante
Construite au 19ème siècle par un vicomte, l’élégante bâtisse a déjà connu plusieurs vies. En 1936, elle est acquise par les Républicains espagnols. Après la guerre civile, elle tombe entre les mains du régime franquiste qui en fait un collège à destination des enfants des généraux. En 1986, la mairie prend possession des lieux mais ne dispose pas des moyens de l’entretenir. Le site devient alors un terrain de jeu idéal pour les fans d’urbex (les explorateurs de lieux interdits, Ndlr). Mais l’endroit est également exploré et détérioré par des curieux en quête d’un trésor qui y serait toujours enfoui. Finalement, le château et son parc de 40 hectares sont rachetés en 2012 par ACI Immobilier qui souhaite y construire une sorte de Center Parcs. Un projet resté dans les cartons jusqu’à présent mais qui du coup laisse le champ libre aux fantasmes d’Urban Art Paris.
« A Paris le réseau est saturé, c’est un microcosme. D’où notre exportation en province », précise Sébastien. Mais il ne s’agit pas seulement de trouver de la place. « L’art a ce pouvoir d’investir des lieux et de les valoriser. Avec LaBel Valette Fest, nous espérons montrer un tout autre visage de la région, aux habitants tout comme aux Parisiens. » C’est pourquoi les créateurs et les artisans du cru seront également de la fête. “On souhaite faire se rencontrer les cultures urbaines avec la création locale et mettre en lumière cette dernière. Nous voulons également toucher un public qui n’a pas l’habitude de ce type d’oeuvres et qui a souvent une vision partielle et négative du graffiti. »
Graffiti, musique et live painting
Trois jours durant, les festivaliers du LaBel Vallette Fest pourront déambuler à travers les 90 pièces des tours dortoirs investies chacune par un artiste. La chapelle, le château ainsi que les écuries abriteront eux aussi leur lot d’oeuvres. Et ce n’est pas tout. Deux scènes musicales feront la part belle au hip-hop et au jazz français indé. Une expo photo retracera l’histoire du lieu ainsi que son relooking complet. Le tout rythmé par des visites guidées, des ateliers pour s’initier au graffiti, du live painting et des conférences.
Et pour seulement 40€ les trois jours (25€ pour les Early Birds), les visiteurs auront la possibilité de s’immerger pleinement au sein des 40 hectares du domaine et de planter leur tente au camping de Montargis, des navettes assurant la liaison. « C’était hors de question pour nous qu’un festival de street culture soit cher. Il fallait respecter l’ADN de l’art de rue, gratuit et à la disposition de tous.» Afin de garantir l’accès au plus grand nombre, l’exposition restera accessible gratuitement pendant tout le mois de septembre. A terme, l’équipe d’Urban Art Paris rêve de convertir le château de La Valette en centre artistique dédié à la scène street art européenne. “J’aimerais beaucoup soutenir des talents méconnus. C’est pénible de voir tout le temps les même noms valorisés. Et c’est un risque car le courant va s’étouffer et perdre la vitalité qui l’a porté ces dernières années. »
Infos pratiques : LaBel Valette Fest, les 1er 2 et 3 septembre au Domaine de La Valette, route de Montargis, Pressigny-les-pins (45). Tarifs : 10€ la journée et 25€ les 3 jours pour les Early Birds, 15€ la journée et 40 € les 3 jours en prévente, 20 € la journée et 50€ les 3 jours sur place. Plus d’infos sur www.labelvalettefest.com et sur Facebook
1 juin 2017