Ce sont des œuvres originales qu’accueille jusqu’au 20 juin dans sa maison de Montreuil (Seine-Saint-Denis) la réalisatrice Dominique Cabrera, à qui l’on doit entre autres Corniche Kennedy. Une idée d’expo qui lui est venue en travaillant sur un film mettant en scène deux brodeuses. De fil en aiguille, elle décide de réunir dix femmes que cette passion rassemble pour présenter leur travail et mettre en lumière la broderie contemporaine. « Je n’ai pas fait de casting, précise-t-elle. Ces femmes se sont choisies. » Dominique Cabrera a sollicité sa voisine Aude Cotelli. Laquelle a pensé à Isabel Bisson Mauduit. Qui a proposé que Valérie Ménec se joigne à l’aventure…
En découvrant « Souvent il arrive que… Broder ! » – c’est le titre de l’exposition –, on perçoit le virage opéré par la broderie ces dernières années. Et on comprend pourquoi les néo-féministes s’en sont emparées. Au-delà de la dimension esthétique, l’ « ouvrage de dame » d’hier devient œuvre de femme aujourd’hui. Et distille des messages dont la force crée un contraste passionnant avec la délicatesse de la réalisation.
« Broder pour arrêter le temps »
Dans l’exposition, on découvre ainsi un porte-aiguilles signé Monique Cabrera, la mère de la réalisatrice, avec une inscription qui sonne comme un défi : « Broder pour arrêter le temps ». Isabel Bisson Mauduit, à partir d’une photo en noir et blanc, brode le bras d’un homme endormi, faisant naître un tatouage fantasmagorique. Sophie Wahnich détourne la très aristocratique toile de Jouy pour y broder la Déclaration des droits de l’Homme.
Au fil des œuvres et de l’aiguille, l’engagement, l’insolence et la liberté affleurent. Tout comme la dimension politique d’une activité longtemps considérée comme plan-plan. « La broderie, c’est la reconquête du temps, de la beauté, mais sans passer par l’acte d’achat. En un sens, c’est une critique de la société de consommation », analyse Dominique Cabrera. Le bonheur ne tient parfois qu’à un fil.
Infos pratiques : exposition « Souvent il arrive que… Broder ! » au 9, rue du 18-août, Montreuil (93). Entrée libre. Les 4, 5, 6, 11, 12 et 13, 18, 19 et 20 juin. Les vendredis de 15 h à 20 h. Les samedis et dimanches de 11 h à 20 h. Le catalogue de l’exposition est disponible à 5 € en librairie mais aussi via ParisLibrairies, Librest et Librairies93. Accès : métro Mairie de Montreuil (ligne 9). Plus d’infos sur Instagram et Facebook
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1 juin 2021 - Montreuil