Artdevivre
|

Un train peut cacher un calembour

Pendant un mois, SNCF a fait appel à l'imagination de ses voyageurs en les invitant à détourner le nom des gares franciliennes lors d'un concours photo sur Instagram.

Pantin, Vert Galant, Houilles… Des noms qui titillent l’imaginaire et sur lesquels ont dû plancher les participants du concours Instagram #InstantsVoyageurs organisé par SNCF en Île-de-France pendant un mois, entre le 10 septembre et le 12 octobre. La consigne était la suivante : s’inspirer de la série de photos Métropolisson signée Janol Apin et concevoir des mises en scène dans les gares du réseau Transilien. Le jury a rendu son verdict et fait connaître sa sélection qui donnera lieu à une expo Gare du Nord à partir du 13 novembre. En attendant, Janol, le parrain de l’opération, nous confie ses souvenirs de Métropolisson. 

Comment vous est venu l’idée de faire des photos en jouant sur le nom des stations de métro ?

Janol Apin : Un jour, j’étais sur le quai du métro Richard Lenoir et j’ai vu sous le panneau indiquant le nom de la station un homme d’origine antillaise.  Je suis rentré chez moi et j’ai commencé à cogiter sur la manière de mettre en scène tous ces noms de stations qui imprègnent notre quotidien.  Je me suis documenté sur l’histoire du métro et j’ai décidé de me lancer en faisant poser des copains à moi. Au début, je fonctionnais sans autorisation, jusqu’à un shooting porte Maillot où j’avais conçu un tableau avec des gens en marcel. J’ai été expulsé par des agents de la RATP mais j’ai obtenu ensuite l’accord de la Régie pour continuer.

Combien de stations avez-vous immortalisé ?

Sur les 400 que compte le réseau, j’en ai totalisé 110.  Métropolisson est une série que j’ai entamée dans les années 1990 et que j’ai étalée sur dix ans. Depuis, j’en ai tiré un livre ainsi qu’une exposition qui continue de faire le tour du monde. Mais ce qui me touche, c’est lorsque que quelqu’un me dit qu’il regarde les stations différemment après avoir vu mon travail et que son esprit vagabonde.

Vous avez notamment réalisé une photo de nu à la station Liberté. Quel souvenir gardez-vous de cette séance ?

Nous avons commencé à midi. J’ignorais en revanche qu’à proximité se trouvait une école maternelle. Lorsque les parents sont arrivés sur les quais avec les enfants, cela a créé un effet de surprise. Il a donc fallu qu’on fasse vite.

Il s’échange des millions d’images chaque jour via les réseaux sociaux. Qu’en pense le photographe professionnel que vous êtes ?

Sans  Internet, Métropolisson n’aurait pas eu un tel succès. Il s’agit d’un tremplin pour les photographes. Avant, on devait s’arranger pour être reçu dans une rédaction ou une agence afin de présenter son travail et tenter de convaincre. Le numérique a changé beaucoup de choses, jusque dans la manière de produire des images. Lorsqu’on travaillait sur pellicule, on avait toujours une boule au ventre tant que les tirages n’avaient pas été développés. Avec le numérique, le résultat est immédiat et cela donne un droit à l’erreur.