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Pêcher, le plaisir de tromper

Taquiner la truite ou le goujon, un sport de pépé ? Perdu. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se font harponner. Et pour qui “fishing is the new sexy”.

La pêche, c’est comme la drague. Ce n’est pas nous qui le disons, mais Christian Chollet, le président de la FPPMA75, la fédération de pêche de Paris et de la petite couronne. La pêche, diablement émoustillante. « Une vraie montée d’adrénaline !« , confirme ce passionné qui ne fait pas ses 80 ans.

La pêche à la touche (oui, oui, comme “avoir une touche” en amour…) est toujours la plus pratiquée. C’est un peu le sport à la papa (voire à la papy) qui attend patiemment le poisson sur son pliant et le ferre avec un petit appât vivant.

Street fishing et un poil de bling-bling

Mais une autre tendance plus sexy se développe, particulièrement en région parisienne : le street fishing, où l’on se déplace, et où il faut imiter les gestes d’un petit poisson immergé dans l’eau, nageant, frétillant et qui attirera dans sa danse fatale un plus gros, un carnassier.

En bref, pêcher c’est tromper…le poisson. C’est grâce aux jeunes street fishers que le nombre de licenciés sur les quatre départements de la petite couronne est stable depuis dix ans (dans les 6.000 ) contrairement au reste de la France qui voit ses effectifs sombrer doucement…

 

 

« En Île-de-France, on attrape les jeunes avec du beau matériel, s’amuse Christain Chollet. Ils aiment le bling bling. » Sachez d’ailleurs que la licence est obligatoire sinon vous serez considéré comme un braconnier.

Pêcher n’est pas un péché (mortel)

Le street fishing se pratique avec un leurre, un faux petit poisson ou appât en silicone, souple, tellement bien imité qu’on pourrait croire à un vrai. Il existe des dizaines de couleurs, des tailles variées et même des modèles parfumés; comme quoi, le plastique, c’est fantastique. Ces avancées technologiques et les importations (du Japon notamment) expliquent l’arrivée de ces nouveaux pêcheurs urbains depuis dix ans.

« Ce sont des pêcheurs-chasseurs, au contraire des pêcheurs-cueilleurs« , résume Damien Bouchon, agent de développement de l’association de pêche du 92 et de l’Ouest parisien. Selon ce jeune animateur de 28 ans, enseignant à l’école de la maison de la pêche et de la nature de Levallois-Perret, la nouvelle génération est plus respectueuse de l’environnement et le « no kill » est scrupuleusement respecté.

Les perches, sandres, silures sont relâchées après avoir été prises en photo (merci les smart phones), ce que ne font pas toujours les pêcheurs à la touche, même si cela est interdit. Les poissons de la Seine sont impropres à la consommation, en raison de la pollution. À pratiquer donc pour l’amour… du sport.