Culture
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L’art comme fil rouge du Grand Paris

Et si les artistes devenaient les historiens en même temps que les conteurs du Grand Paris ? C'est l'idée de l'association Les Mystères du Grand Paris, qui a lancée le mois dernier un roman-feuilleton sur le web.

Les espaces d'Abraxas à Noisy "Souvenir d'un futur" / © Laurent Kronental

Comment diable donner envie de partir à la découverte du Grand Paris ? Bien sûr, il y a Enlarge your Paris nous direz-vous. Mais ce n’est pas tout. L’association des Mystères du Grand Paris s’est fixée pour objectif de raconter Paris et sa banlieue sous forme de feuilleton littéraire et artistique diffusé sur le web. A travers différents thèmes comme Le Grand Paris Nocturne ou encore les bas-fonds de Paris, les Mystères entendent offrir une plongée dans les entrailles de la métropole parisienne, comme le fit en son temps Eugène Sue avec son roman feuilleton Les Mystères de Paris. Alors que la saison pilote a débuté mi-juin, nous avons asticoté Bastien Mérot, président de l’assoc, afin d’en savoir plus.

Comment sont nés les Mystères du Grand Paris ?
Bastien Mérot
: C’est venu tout d’abord de mon expérience quotidienne. Je travaille en Seine-Saint-Denis et tous les jours, de la fenêtre de mon bureau, je vois la ville qui se transforme, ce qui est détruit, ce qui est en train de se construire… Comme Eugène Sue, avec sa série littéraire Les mystères de Paris, qui s’inscrit dans la période précédant le Paris haussmannien, nous avons voulu dépeindre les transformations à l’œuvre à travers le regard des artistes. On a aussi repris l’idée de feuilleton, pour faire un vrai travail sur le long cours. Chaque épisode de la série s’appuiera sur un texte rédigé par un écrivain et enrichi par différentes contributions artistiques (photos, vidéos, dessins, etc.).

 

 

Pourquoi avoir choisi d’écrire votre récit sur Internet ?
Le choix du numérique s’est fait très rapidement. On voulait s’adresser aux habitants des villes, qui se déplacent souvent avec leurs smartphones en main. On peut lire dans le métro, le bus, dans la rue. Ça facilite l’exploration : on peut par exemple voir une vidéo qui parle du lieu où l’on se trouve. Cela permet aussi une participation des lecteurs.

Que découvre-t-on dans la saison pilote lancée en juin et qui s’achèvera fin juillet ?
Le fil rouge de cette saison pilote est un texte inédit écrit par Gauz, l’auteur de Debout-Payé (Ed. Le Nouvel Attila), un roman encensé par la presse qui dépeint la société de consommation en France à travers les yeux d’un Ivoirien devenu vigile dans les grandes surfaces. Le récit qu’il a composé pour les Mystères du Grand Paris se décline en sept volets. A l’instar de Debout-Payé, on plonge dans l’histoire d’un Ivoirien, Black Manoo, qui débarque à Belleville et qui va rayonner ensuite à travers le Grand Paris. Ce récit s’accompagne à chaque épisode de contributions artistiques mêlant photos, dessins et vidéos. Au total, une quinzaine d’artistes ont participé.

 

Porte de la chapelle / © Thomas Sindicas

A quand la saison 1 ?
Son coup d’envoi sera donné en octobre et elle aura pour thème « Petit Parisien deviendra grand ». L’histoire sera contée par l’écrivain Frédéric Ciriez, lauréat en 2013 du prix Franz Hessel pour son roman Mélo (Ed. Verticales), dont l’intrigue se situe à Paris et en banlieue (Ed. Verticales). Pour illustrer son texte des Mystères du Grand Paris, il va notamment collaborer avec le photographe Jean-Fabien, qui a fait de Montreuil l’un de ses terrains d’exploration favoris. A chaque saison, nous ferons appel à des auteurs et à des artistes qui ont fait du Grand Paris leur source d’inspiration.  

Quelle est l’ambition des Mystères du Grand Paris ?
On veut vraiment pouvoir témoigner de toutes les transformations à l’œuvre dans le Grand Paris, être en quelque sorte des historiens du présent. Nous prévoyons également à terme d’organiser des visites et des évènements. Il s’agit de rendre ce Grand Paris plus concret, de faire rêver et de commencer à tisser un imaginaire commun. Par ailleurs, nous allons travailler à partir de la rentrée avec des élèves du collège Louise Michel à Clichy-sous-Bois. Là encore, notre but est de nourrir le récit du Grand Paris en donnant la parole à ceux qui le vivent.