Depuis quelques mois, une vingtaine de moutons pâturent sur le campus de Paris XIII à Villetaneuse (93). Les Bergers urbains de Clinamen, propriétaires de ces pacifiques ovidés, vont leur faire prendre l'air, cette semaine, à l'occasion de deux transhumances. On a testé, il y a quelques mois, la balade en ville avec des moutons. Voilà pourquoi on vous le recommande...
Ce dimanche matin les moutons allaient prendre l’air. Le temps d’une balade entre leur pâturage, le campus Paris XIII à Villetaneuse (93), et le parvis de la basilique de Saint-Denis (93). Les bergers de Clinamen m’avaient donné rendez-vous à la fac. De là on devait conduire le troupeau sur 5 km, rien que de la départementale et de la nationale, avant les rues piétonnes du centre de Saint-Denis. Avec le motif d’une animation sur la place de la basilique, pour le marché de Noël.
A peine sortis de la fac, nous voici nez-à-nez avec un ancien étudiant à deux doigts de la retraite et qui avait traîné là sa femme en pèlerinage. Quand ils ont vu les moutons, tchak ! Les voilà illico accrochés. Madame s’est imaginé un bâton de berger avec un bout de bois ramassé au sol. Et, sans doute trop heureux d’échapper à la vaine chasse aux souvenirs, tous deux ont embrayé le pas derrière le troupeau.
Les animaux en ville, ça rend les gens plus humains
On n’avait pas fait 100 mètres sur la voie publique que déjà des voitures nous klaxonnaient, les vitres se baissaient, montrant des sourires comme on en voit rarement. Il fallait voir la tête des passants en train de faire leur petit truc du dimanche matin – laver la voiture, acheter du pain ou sortir le chien… Un quinqua portugais nous a accompagnés pendant cinq bonnes minutes, marchant à nos côtés, touchant les bêtes, estimant leurs qualités ou s’inquiétant de leurs fragilités. Il n’arrêtait pas de causer de moutons, de ceux de son enfance, de ceux qu’il avait encore « au pays ». Régulièrement, des passants se renseignaient sur le prix des moutons, « pour l’Aïd »…
En tout cas, pas le temps de parler avec les bergers, Julie, Guillaume, Pauline, Valentin et Simone. Trop occupés à contenir le flux des moutons, envahissant les trottoirs, mais en ordre, hein, et frayant le long d’une départementale bien fréquentée. Toutes les deux minutes, les bêtes étaient prises en photo, le temps d’un selfie mi-homme mi-bête. Indifférentes, tranquilles, elles suivaient leur chemin, s’arrêtant juste de temps à autres pour brouter un coup ou arroser le macadam. Après leur passage, aucun dégât si ce n’est d’épars débris de crottin, de-ci, de-la. Et puis, soyons honnêtes, on a vu disparaître quelques géraniums municipaux, enfournés par les pacifiques bestioles.
Avec notre arrivée dans le centre-ville de Saint-Denis, changement de décor. Après les flots de voitures, voici la foule des badauds du dimanche. Les enfants hurlent de plaisir, ou se tiennent étrangement cois, sous le coup de la surprise sans doute. Les demandes de prix fusent, toujours l’Aïd. Les bergers s’en amusent ; ils ont l’habitude. Des passants, de plus en plus nombreux, nous suivent – et tiens, l’ancien étudiant et sa femme ne sont plus là. L’arrivée devant la basilique est un petit événement, un petit triomphe pour les moutons indifférents. On ne veux pas se quitter comme ça, on discute autour de l’enclos. Les animaux en ville, ça rend les gens plus humains.
Infos pratiques : Transhumance les 16 et 20 décembre après-midi à Saint-Denis. Tous les renseignements sont à prendre sur la page Facebook des bergers de Clinamen. Par ailleurs, samedi 19, une vente… de viande de mouton est organisée, de midi à 22h, sur la place de la basilique, toujours à Saint-Denis. Avis aux amateurs !
15 décembre 2015 - Saint-Denis