Culture
|

Camille Chamoux : « En banlieue, la star, c’est la salle. »

Chatou : Le 25 novembre, Camille Chamoux jouaitson spectacle déjà culte "Née sous Giscard" à Chatou. Et justement, ça lui fait quoi de jouer en banlieue, à cette Parisienne pur sucre ?

Dans « Née sous Giscard », spectacle acide et émouvant, Camille Chamoux portraiture une génération de trentenaires dont les aspirations semblent avoir été enfouies sous des strates de formica. Ne reste, pour se consoler, qu’une ritournelle d’Anne Sylvestre extirpée des limbes de l’enfance. À moins que… En pleine tournée, elle nous accorde quelques minutes au téléphone pour parler théâtre et banlieue. Après Garches, Créteil, elle était le 25 novembre à Chatou avant de regagner la capitale pour trois dates exceptionnelles au théâtre St Martin les 5, 6 et 7 février.

« Dans ma famille, nous sommes parisiens depuis cinq générations. Autant dire que la banlieue, je m’y aventure peu. Enfin un peu plus maintenant car j’ai pas mal d’amis trentenaires qui y emménagent. Et j’ai aussi donné pendant deux ans et demi des cours au Studio de Formation Théâtrale de Vitry. J’avais d’ailleurs remarqué que cette situation en banlieue permettait au groupe d’étudiants de travailler de façon plus soudée : comme ils n’allaient pas faire des aller-retours dans la journée entre deux sessions, ils restaient sur place et cela participait beaucoup à l’élaboration de l’esprit de troupe.

Résidence en banlieue

Et puis bien sûr, je la découvre via les salles où je joue ! D’ailleurs, la première fois que « Née sous Giscard » a rencontré le public, c’était à Creil. Le théâtre m’y a proposé une résidence et j’ai pu tester mon spectacle devant une salle comble. Et, c’est vrai, il existe une différence entre le public parisien et celui de banlieue. À Paris, le public est un peu plus relou. Ce n’est pas une question d’exigence, elle est la même partout. Mais d’abord le public de la capitale a accès à une offre pléthorique et l’effet d’une critique parue dans la presse y est beaucoup plus fort. En banlieue, je sens plus d’enthousiasme. D’abord parce que le rapport est différent : ce ne sont pas les spectateurs qui viennent à nous mais nous qui venons à eux, chez eux. Cela crée un rapport plus chaleureux. Il me semble qu’en banlieue,  la salle constitue très souvent, plus qu’un lieu de théâtre, un point de rencontre dans l’espace urbain : on y boit des coups avant la représentation, on échange après avec le public…

J’ai aussi remarqué qu’il existe une vraie confiance dans les choix de programmations de la saison. J’en ai récemment fait l’expérience à Créteil. J’arrive au théâtre et je vois une salle pleine. Je me dis : « C’est dingue, je suis une vraie star dans le 9-4 ! ». Mais à la fin du spectacle, plusieurs personnes viennent me voir et me disent : « C’était super, on vous a découverte ! On a eu envie de venir vous voir parce qu’on a lu la présentation de votre pièce dans la brochure de la Maison des Arts ! » Voilà : en banlieue, la star, c’est la salle ! «