Culture
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Au Rack’am, on pirate la musique pour son bien

Si vous vous sentez l'âme d'un flibustier en quête de bon son, mettez donc le cap au Rack'am.

En Essonne, il y a des champs, des villes, quelques restos et de la musique. Beaucoup de musique. Le département n’est pas en peine niveau salles de concert : le Plan de Ris-Orangis, Paul B de Massy et le Rack’am à Brétigny-sur-Orge. Drôle de nom que celui du mythique pirate John Rackham pour cette salle de 270 places, perdue au fond de la ville. Car le Rack’am est une perle qui se mérite.

Dans son écrin de verdure, la salle est enfouie au milieu de la cité HLM de Rosières. Sur le parking, un immeuble et une salle polyvalente où le club de kung-fu local a élu domicile. Tel un bateau perdu au milieu d’un océan de béton, le Rack’am ne paye pas de mine. Pourtant, c’est ici que qu’une partie de la jeunesse du 91 passent ses week-ends et découvre la scène musicale émergente.

Du bon son à pas cher

Dans les années 2000,  avec les copains, on y a vu Patrice, la Rue Kétanou, Alexis HK, les Karpatt, la Ruda… Une autre époque certes, mais tellement magique. Pas besoin d’aller à Paris, payer le RER et une place de concert trop chère pour des poches d’ado toujours vides. Et ça continue aujourd’hui avec Milk Coffee & Sugar, Chinese Man ou Pony Run Run. La place ne dépasse jamais 14 euros et avec un tarif abonné c’est 7,50 euros max. Une politique de prix complètement assumée par la bande de pirates du Rack’am, menée par une femme, Bérangère Salles.

Quand on met les pieds à bord pour la première fois, on remarque immédiatement le drapeau pirate qui flotte dans les airs. Dans la cale, des instruments et des mots pour faire parler la poudre. Et sur le pont, un melting pot de têtes d’affiche, de groupes émergents et de formations amateurs.

Les jeunes pousses se retrouvent ainsi sur scène en première partie de Shaka Ponk, Camille et Ben l’oncle Soul ou à l’affiche du Rack’estival, festival qui lance la saison au mois de septembre. C’est un peu une couveuse et surtout une défricheuse de talents cette équipe. Oui, parce que si aujourd’hui tout le monde connaît Ben l’Oncle Soul, les pirates l’avaient programmé avant son premier passage radio.

C’est ça la force du bateau Rack’am. Encore fallait-il oser se rendre à Brétigny-sur-Orge pour aller voir Abd Al Malik, Moriarty ou Hocus Pocus alors que les médias n’en parlaient pas encore et profiter ainsi de ce que les parisiens appellent, un concert intimiste.

Des soirées qui se terminent en forêt ou sur le parking

Ici la frontière entre la scène et la salle n’existe pas et le public se retrouve facilement sur scène… A moins que ce ne soit les artistes qui se retrouvent dans la fosse. D’ailleurs, ça arrive parfois.  Comme avec les Ogres de Barback quand ils sont venus nous rejoindre pour nous emmener dehors avec un final tout en trompettes et chants sur le parking. 

Et ici personne ne reste sur le quai quand la soirée se termine un peu tard et que la dernière navette pour la capitale est déjà loin. Il y a toujours quelque chose qui se passe dans le coin, chez quelqu’un ou en forêt, le temps d’attendre le petit matin en bonne compagnie. Et aux premières lueurs du jour, les Parisiens se font déposer à la gare, avant de se faire bercer par le train. Une nuit inattendue, avec des inconnus, loin des codes de la mégalopole.

Alors si l’expérience vous tente, ce week-end c’est Death Metal au Rack’am avec Gorod et K.A.Maintenant, c’est à vous de voir…